On attendait çà depuis longtemps, cent ans d’une rivalité teintée de crainte et de mépris réciproques. Mais hier la France a infligé à l’Angleterre « une défaite humiliante et historique » sur son propre terrain, suivant les propres termes du Sun. A six mois de la coupe du monde qui se tiendra en France, l’Angleterre ne fait plus parti des favoris. Retour sur un tonitruant Brexit.
Traditionnellement redouté, le crunch entre Français et Anglais était particulièrement attendu hier. Après la première défaite du XV de France en dix-huit mois il y a deux semaines contre l’Irlande, chacun se demandait si la mécanique de précision conçue par le sélectionneur français, Fabien Galthié, avait simplement connu un raté ou s’était irrémédiablement déréglée. L’équipe de France nous a si souvent habitués à passer de la gloire au désastre sans transition aucune…
Côté anglais on espérait beaucoup de ce choc. Après un an de résultats médiocres, un changement de sélectionneur dans une atmosphère de chasse aux sorcières indigne juste avant le tournoi, les supporters espéraient voir leurs joueurs réaliser un match solide tout en plongeant à leur tour les frogs dans la crise. Mais hier, il n’y a même pas eu de match.
Premier essai français après moins de deux minutes de jeu : Les Anglais montent une chandelle. Un regroupement se forme à l’entrée des 22 mètres français. Le public de Twickenham beugle son Swing low, sweet chariot, hymne accompagnant traditionnellement les actions au cours desquelles le XV de la Rose écrase son adversaire. Mais les Français ne se dégagent pas au pied. Contre-attaque depuis les 22, festival de passes entre avants et trois-quarts sur plus de 80 mètres, plongeon en coin de Thomas Ramos. On se croit cru revenus au temps des Codorniou, Charvet, Sella, Blanco et Lagisquet, celui des attaques en première main donnant le tournis aux défenses. Ramos transforme. Plus aucun Anglais ne chante. Côté français on sourit mais on ne fanfaronne pas : Les Anglais ne vont pas laisser passer çà… Au prochain maul, il va y avoir des côtes douloureuses.
Thibault Flament au niveau des plus grands
Mais non. Même pas. Les Anglais ne proposent rien en termes de jeu, n’imposent pas leur puissance. En mêlée la première ligne Sinckler-George-Genge, agressif trio de bodybuilders et de bad boys incarnant depuis quelques saisons la rudesse anglaise, n’avance pas d’un pouce. La seconde et la troisième ligne multiplient les charges stériles, les fautes de mains, mais se montrent surtout incapables de dominer physiquement l’adversaire.
Bien au contraire : Ce sont les Aldritt, Ollivon, Flament, Baille, Marchand qui avancent, alternent le défi frontal et la passe sur un pas, gagnent leurs duels, bref, jouent juste. Charles Ollivon, 1,99 mètre et un physique de décathlète, marque sur crochet intérieur tel un centre, avant de se faufiler tel une anguille au cœur d’un regroupement pour marquer un essai de filou. Thibault Flament, passeur sur le premier essai de Ramos, impose sa puissance, son rythme, son intelligence. Lui qu’on considérait comme trop « longiligne », avec seulement 116 kilogs pour 2,03 mètres (les mensurations tout de même d’un certain Wade Dooley, pour les anciens…), embarque trois anglais sur son dos dans l’en-but adverse. A la mi-temps les Français mènent 27 à 3. Du jamais vu. Le capitaine anglais Ellis Genge rentre au vestiaire en demandant visiblement très énervé des explications à l’arbitre de la rencontre, Monsieur Ben O’Keeffe. De toute évidence le fair play ne s’applique une fois encore qu’aux étrangers…
« Jamais en 152 ans de rugby international, l’Angleterre n’avait subi un revers aussi lourd chez elle »
The Independant.
Au retour des vestiaires, où Steve Borthwick, le nouveau sélectionneur anglais, a dû pousser un énorme coup de gueule sur ses troupes, celles-ci réagissent enfin. Au terme d’une attaque bien menée, l’arrière anglais marque en force. 27 à 10. On ne peut s’empêcher de redouter une remontada. Sauf que les Anglais ne sont pas des Latins. Et que la furia francese n’a pas fini de s’exprimer.
56ème minute. Romain N’Tamack dévie un coup de pied à suivre vers Flament dans les 22 mètres anglais. Crochet intérieur dans un mouchoir de poche sur l’ailier anglais, accélération, essai avec Dombrandt, le numéro 8 anglais, sur le dos. Le genre de performances qu’on ne voit guère qu’un Etzebeth ou un Whitelock pour réussir. Flament se hausse au niveau des plus grands alors que côté anglais son homologue, le surestimé Maro Itoje, est invisible. 59ème minute, nouvel essai français. 41 à 10. Puis c’est le début du festival Alain Penaud. Deux essais en dix minutes. 70ème : Récupération française acrobatique de N’Tamack devant ses 22, relance grand côté, Fickou, fabuleux de clairvoyance hier, ajuste un coup de pied millimétré pour son ailier en bord de touche. 50 mètres de course. Penaud se marre en débordant le pauvre Dombrandt. Le public anglais quitte le stade. Du jamais vu. 74ème minute. Touche française dans le camp anglais. Attaque en première main d’école. Penaud est décalé et déborde. 53 à 10. Incroyable.
Jamais en 152 ans de rugby international, l’Angleterre n’avait subi un revers aussi lourd chez elle. Ni All Blacks, ni Springboks n’ont réussi une telle performance dans « le Temple.» Le staff français a les yeux écarquillés. Il n’en revient pas. Galthié, qui a connu les défaites des années 90 contre la horde arrogante de Will Carling, en est au bord des larmes. Son équipe peut prétendre à la victoire dans le tournoi et réalise un match référence au meilleur moment.
L’Angleterre, depuis plus de vingt ans froide machine implacable, au pack monstrueux, aux buteurs hors normes, aux centres puissants et aux ailiers hypersoniques, est moribonde. Elle n’a plus de talents, de leaders. Où sont les nouveaux Dallaglio, Johnson, Dawson, Wilkinson, Robinson… ? A six mois de la coupe du monde, Borthwick n’a pas le réservoir de joueurs lui permettant de redresser la barre par une grande lessive. Ce coup-ci, ce sont eux qui encaissent le coup de Trafalgar. Savourons l’instant.
Merci pour ce compte-rendu très juste sur le match d’hier que j’ai adoré : du french flair et de la rationalité millimétrée ont donné des ailes aux frenchies dans le temple du rugby. Un respect particulier pour l’humanité et les grandes qualités de Fabien Galthié qui fait honneur à son pays, pas comme notre Presysterique…
Et même pas pouvoir leur dire leur expression ironique favorite quand ils gagnaient contre les français en leur serrant la main : good game, tellement ils ont été inexistants.
Euh… Comment dire… Enfin bref : que vient faire un article sportif sur le CdS ? M’enfin Eric !
???? Ah oui 53–10 chez eux à Twickenham j’appelle ça une pâtée. ???? Rugby champagne du coq. ????
Après plusieurs Azincourt, c’est enfin un Patay!
Et on en parle du match de la veille avec les Bleuets contre les Anglais…?
Ils ont gagnés 7-42
Pas croyable cette future relève franaçaise. Le match était de toute beauté.
Ça fait plaisir, sûr. Mais pas de grosse tête, please. C’est quand même les Celtes Irlandais qui ont raflés la mise!