« Fonder l’identité » de la mannequin-animatrice Ophélie Meunier, ou faire pleuvoir sur Perpignan ? Sollicité dans le désordre, Dieu risque de se détourner d’une France dont les habitants, en situation de sécession anthropologique, n’ont plus guère qu’une langue en commun.
Versaillaise de naissance et passée par le Puy du Fou, Ophélie Meunier, se confiant à Closer, assume Dieu comme l’audace ultime des anciens riches – de ceux qui ne se laissent pas intimider par la mindfulness, les hararismes et les divers grigris orientalisants (bouddhisme etc.) des parvenus.
Cette déclaration au micro de Closer est d’ailleurs appelée à rester la seule et unique manifestation tangible de cette « foi » du mannequin, qui s’empresse de préciser qu’elle « n’est pas militante » : « À partir du moment où ça n’empiète pas sur mon travail et que ça ne m’empêche pas de garder l’esprit ouvert et une objectivité, je ne pense pas que ce soit un problème. »
« Quand on est croyant, on croit notamment qu’on est protégé. »
Bref : à partir du moment où il n’existe plus que dans les rêveries d’une bourgeoise du tertiaire médiatique, le christianisme devient (ou – supplie-t-elle – devrait devenir) tolérable.
Deux salles, deux ambiances : à Perpignan, une population de sans-dents attardée dans l’odieuse « économie carbone », ayant besoin de précipitations pour ses sales manies agricoles, est en butte aux caprices de la météo (rebaptisée « changement climatique » par l’espèce d’Ophélie Meunier). Elle procède donc à des processions « d’un autre âge », qui – probablement du fait des tendances réactionnaires souvent observées chez l’individu Dieu – sont immédiatement suivies de fortes pluies.
Est-ce à dire qu’Ophélie Meunier, devenu corps astral, ne consommera jamais le moindre atome du vin et des pruneaux produits grâce à ces pluies miraculeuses ? Bien sûr que non. Simplement, grâce au fétichisme de la marchandise et à la magie des labels bio, ce que consomme Ophélie, ce sont des marques, et non du carbone.
Certaines de ne jamais manquer de marques, les Ophélies ont donc besoin de dangers imaginaires – dont Davos assure la gestion – pour assumer leur véritable nature religieuse, qui va tout naturellement les pousser, non pas vers cette fameuse foi-à-vivre-dans-l’intimité, mais vers divers types de magie (par exemple : vaccinale), équivalents psychologiques des processions de Perpignan, mais jouissant – curieusement – d’une meilleure image dans les médias.
« Le désenchantement du monde n’a pas créé un homme rationnel, mais un homme malade qui se cherche des divinités dans le monde matériel et qui s’abandonne aux superstitions. »
(Youssef Hindi)
Tout à fait. Youssef formule ça dans un vocabulaire qui dérive de la théologie abrahamique (et tout d’abord islamique); ma formulation serait donc légèrement différente (quoique pas nécessairement contradictoire), mais sur le fond, on est bien d’accord. Le sécularisme est une illusion passagère.