Ciotti veut immigrer dans la Macronie, par Modeste Schwartz

A force de sérénades sur le thème politico-musical « immigration-fermeté », Roméo Ciotti espère bien – exige même, désormais – d’être reçu par Juliette Macron, dont il doit – pour aller dignement à la soupe – faire mine de pseudo-droitiser le pseudo-centre. Confirmation, pour quiconque aurait gardé un doute : oui, on nous prend bien pour des imbéciles.

Le fond de l’affaire, je l’ai exposé dans une brève d’hier : Ciotti – à la tête du ramassis LR – s’envisage et est envisagé comme le gendre idéal de ce mariage de tous qui devrait accoucher du gouvernement de l’après-Borne – de cette immonde coalition de tous les opportunismes les plus éhontés, sur laquelle compte le mari de Brigitte pour finir le job parisien que lui a confié Klaus Schwab dans ces salons de Davos où il l’emplissait de substance philanthropique.

Mais Ciotti, contrairement aux suggestions de la physiognomonie, est un mammifère intelligent, qui comprend bien que le minimum de respect dû aux naïfs qui l’ont élu impose d’au moins faire semblant de masquer les obscènes marchandages matrimoniaux en cours sous l’étendard d’une noble cause bien de droite : l’immigration.

De ce point de vue – sans nous prononcer sur les soupçons de machinations qui circulent – reconnaissons qu’en tout état de cause, la tragédie d’Annecy est tombée à point nommé.

Union des centres et surenchère du bobard

Sans Frexit, dans l’immigration, RIEN n’est négociable. Les gesticulations de l’européiste Ciotti en la matière ont donc très exactement le même degré de crédibilité que celles de l’européiste Darmanin, à savoir : zéro. Et d’ailleurs aussi que celles de l’européiste Bardella, lequel – du fait de la forte odeur de sueur prolétarienne qui colle aux guêtres de son parti – n’est néanmoins pas invité à ce speed dating de Matignon.

Eric Ciotti « refuse de se laisser ‘embobiner dans un énième scénario à l’eau tiède’ », affirme le Monde. Et c’est vrai : c’est nous que Ciotti se propose d’embobiner, avec ses boniments d’arracheur de dents : il « prévoit notamment la possibilité de déroger à la primauté des traités et du droit européen » (LOL).

Même François Bayrou – label vivant de l’inauthentique en politique, et qui se rêve pourtant entremetteuse de cette union des libéraux qui enferment et de la droite qui taxe – finit, au détour d’une phrase, par reconnaître que « [déroger à la primauté des traités] ne se fera pas ». Nous voilà rassurés.