Demain, « Emmanuel Macron est attendu dans les Hautes-Pyrénées pour y suivre la 6e étape du Tour de France », nous apprend le site actu.fr. Les optimistes de service y verront une fuite, façon De Gaulle à Baden-Baden. Voyons pourquoi ils ont tort.
D’abord, parce que l’analogie est, dès le départ, frelatée : on sait désormais qu’en 1968 à Baden-Baden, De Gaulle a probablement rencontré des dignitaires soviétiques – et travaillait donc plutôt à sa contre-attaque qu’à sa fuite.
De ce point de vue, la parodie macronienne de la tragédie gaullienne reste conforme à son cahier des charges parodique, puisque c’est tout au plus la grande puissance Bayrou dont le mari de Brigitte convoite éventuellement les faveurs, en visitant son fief béarnais.
De tous les chefs de partis français d’une certaine longévité, l’extrême-centriste Bayrou est en effet le dernier allié déclaré possible de Macron – pour des raisons qui n’ont pas échappé au lucide Houellebecq : Bayrou est le seul à avoir toujours assumé la dimension post-politique de sa quête de pouvoir, nécessairement « européenne », puisqu’elle élève juste à l’étage élyséen l’ambition sous-préfectorale du pharmacien Homais de Madame Bovary.
Mr. Manu, Maillot jaune de la Manip en pente
Mais en se rendant « dans ce département qui lui est cher », Macron envoie aussi un signal : celui de l’apaisement, donc de la victoire.
Bonne crise, la Naheliade a en effet porté presque tous les fruits sécuritaires qu’on pouvait en attendre – et ce, alors même que l’accalmie n’a probablement pas grand-chose à voir avec l’activité fébrile des cognes, et tout à voir avec la police bien plus efficace des narcotrafiquants, qui commençaient à s’inquiéter pour le chiffre d’affaire. Un chiffre d’affaire que le très prohibitionniste mari de Brigitte – marchant dans les pas de Charles Pasqua et des ligues de vertu – se gardera d’ailleurs bien de mettre en danger.
Plus besoin, donc, d’aller jeter de l’huile sur le feu de l’indignation Gilet Jaune en se tortillant avec le reste de la jetset sur les mélodies d’Elton John pendant que la banlieue brûle : le Dr. Macron peut à nouveau se couler dans la peau de Mr. Manu, le gendre idéal qui va, devant la paroisse cathodique du Boomeristan, requinquer l’ombre de Giscard en regardant, goguenard, filer devant lui un peloton de fessiers musclés. Pour fêter sa victoire d’étape.
Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.
Antonio Gramsci
Modeste, vous êtes un poète.
M’étonne pas que vous soyez si mal compris.
EM avait promis l’apaisement au bout de 100 jours, non? Il suffisait d’un bon foutoir avant.
“Un peloton de fessiers musclés”, voilà de quoi dilater la verv/ge du pharaon !
Oui, un vrai poète, le Modeste !
Un peloton de fessiers musclés — voici ce qui fait baver Mister M.
Un loukoum à biclou — voilà ce qu’il a dans son assiette.