Le pouvoir comique d’un président obligé de convoquer (à Pau) des élus locaux à huis clos pour leur « apprendre » qu’il a « un problème d’autorité » suffirait probablement à justifier l’exclusion du public – de façon à ce qu’un éventuel fou-rire généralisé éclate devant le moins de témoins possible.
Pourtant, le risque d’un fou-rire n’est pas énorme. Non seulement parce que lesdits élus locaux sont, via leurs préfets, convenablement daronnés par l’exécutif. Mais aussi – et c’est là que les choses deviennent inquiétantes, en passant de la dimension de la fin de règne à celle de la fin de régime – parce que, pour beaucoup des acteurs et figurants de la Macronie centrale, les scènes relevant de ce genre de nouvelle normalité kafkaïenne n’ont, en réalité, plus rien d’étrange, ni donc de comique.
Même depuis des positions d’observations plus éloignées/critiques, nous nous sommes, peu à peu, habitués à un président dont tous les déplacements – et même certains actes officiels – impliquent une mise à l’écart systématique du plus gros de la population. Sur le modèle, donc, de tyrannies néo-féodales où l’assassinat politique est monnaie courante – alors même qu’en France, personne ne tire sur Macron (à part tel ou tel plaisantin avec des fusées d’artifice).
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Le « problème d’autorité », longtemps avant que le mari de Brigitte ne prenne par-dessus le marché la peine de le nommer, s’étale sur toute la largeur de ces écrans où il n’apparaît plus qu’entouré de gardes-du-corps aux mimiques crispées.
Et, comme l’idéologie de la Caste dont Macron est le mandataire exclut, à vrai dire, la simple possibilité de l’autorité (en même temps que celle d’une dignité des sujets du pouvoir), le discours du Petit à Pau confirme qu’il n’a pas l’intention de faire quoi que ce soit pour remédier au problème – bien au contraire.
A ceux qui lui réclament « des moyens pour les banlieues », il répond en effet qu’il faut aussi s’attaquer « aux causes profondes ». Ce qui, dans sa bouche, signifie : faire passer son paternalisme ploutocratique de l’espace public – d’ores et déjà privatisé – à l’intimité des familles, que l’Etat s’apprête à violer avec la meilleure conscience du monde, en commençant par ces familles immigrées/sous-prolétaires réputées incapables d’éduquer leurs enfants. Dans son esprit : un bon début.
Il ne faut pas laisser perdre une bonne crise: quelques parole qui plaisent à droite (l’autorité y fait recette) + des mesures liberticides socialistes (pléonasme) et le tour est joué.
Même un brillant petit homme tel que le petit coq jupitérien peut confondre autorité et autoritarisme. Il ne peut ignorer que pour avoir de l’autorité ou faire autorité il faut être auteur et à la hauteur. De quoi est-il un auteur reconnu par le plus grand nombre ? Tout ce qu’il propose vient de ceux qui le servent, les cabinets de conseil et communication ou de ceux qu’il sert, les nantis et/ou les Davosiens. Nous sommes bien dans une Médiocratie totalitaire.