A l’occasion du sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg, nous entendons de nouveau les lamentations des dirigeants africains sur l’état de leur continent, étant bien entendu que, selon la doxa indépendantiste qui doit tout à la politique et rien à la réflexion économique, tout est la faute des anciennes puissances coloniales – nous allons-y revenir. Le président Poutine, reprenant le rôle joué jadis par l’URSS, a abondé dans ce sens en dénonçant les ravages du colonialisme et du néo-colonialisme, espérant par cette complaisance acquérir un rang de plus en plus important en Afrique. Et le fait est que plusieurs pays du Sahel sont plus ou moins tentés de nous tourner le dos : au Mali, au Burkina Faso, au Niger, mais également au Tchad, en Centrafrique… En somme, une remise en question des liens que l’histoire a tissés entre la France et, disons, un grand quart nord-ouest du continent noir.
Dans cette région, la monnaie est le plus souvent le franc CFA, qui aujourd’hui fait débat : faut-il ou non le maintenir ? Pour éclairer notre opinion, il convient d’en rappeler l’histoire, puis de l’évaluer dans le présent.
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Bonjour,
Nous avons deux points de vue différents mais complémentaires sur cette thématique. Le vôtre est plus macro-économique.
Ce que j’écrivais en novembre 2022 reste cependant pertinent et j’avoue ne pas être surpris par ce qui se passe dans le Sahel actuellement.
https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/11/30/le-franc-cfa-va-t-il-bientot-disparaitre-par-dominique-delfosse/
Ce qui est intéressant dans votre questionnement, c’est que désormais, vous semblez donner l’initiative de l’abandon du Fcfa à la France.
Du point de vue des pays de la zone Cfa, l’un des enjeux de l’abandon de cette monnaie est la mise en place d’une gouvernance ou de gouvernances de ou des monnaies qui en résulteraient et, manifestement, aucun d’entre eux n’est prêt, aucun d’entre eux n’a même envisagé pratiquement ce changement. Dans l’état actuel d’impréparation, celà reviendrait à passer de la zone Euro à une autre zone (USD ?) ou future monnaie des Brics ?
Par ailleurs, les pays Africains concernés voudront-ils conserver les mêmes zones monétaires et donc les mêmes politiques monétaires alors que leurs économies divergent et que les zones monétaires actuelles ne sont pas des zones de solidarités effectives ?
Mon opinion, c’est que je ne parierais pas sur la durabilité du Fcfa. La question n’est pas de savoir si cette monnaie va disparaitre, mais quand elle va le faire et dans quelles conditions.
Content de savoir qu’on s’intéresse à la question au CDS.
Le CFA a tous les avantages d’une monnaie locale : il facilite les échanges de biens et services produits dans les territoires locaux où il a cours, accélère la vitesse de circulation de la monnaie donc réduit le besoin de création monétaire et protège le pouvoir d’achat local. Il a l’inconvénient d’être une monnaie multinationale limitée partagée entre 14 pays dont les politiques économiques sont très diverses, ce qui l’empêche de prendre une véritable dimension internationale.
Le fait qu’il soit adossé à l’euro avec un taux d’échange fixe (1€=655,957FCFA) permet aux épargnants du territoire CFA de placer leur épargne sur les marchés internationaux et aux producteurs locaux de faire du commerce international. C’est bénéficiaire pour la France qui assure l’intermédiation.
Quand l’Europe prête des euros à des ressortissants africains, ceux-ci ont intérêt à acheter en Europe, ce qui favorise les économies européennes et la corruption croisée.
Ce mécanisme monétaire existe aussi dans les pays anglo-saxons, avec les livres de Man, Jersey ou Guernesey avec un taux de change 1 pour 1, pour simplifier.