Le gouvernement Meloni ne s’attendait probablement pas à une curée aussi rapide : en annonçant par surprise une taxe sur les super-profits des banques, destinées à récupérer une partie des gains bancaires dus à la hausse des taux directeurs de la BCE, il a provoqué un dévissage massif et immédiat de ses banques sur les marchés boursiers. Face à la résistance de la finance, Meloni est aujourd’hui contrainte de faire machine arrière. Nul ne sait si elle osera même saisir le Parlement de son projet explosif.
L’idée est bien connue et facile à vendre au grand public : face à la hausse des taux d’intérêts qui pénalise le consommateur et enrichit les banques, on lève une taxe sur les profits des uns pour rembourser les autres. Cette opération qui ne peut que rendre populaire était tentante, et l’équipe Meloni s’y est essayée. L’objectif était de récupérer 4,5 milliards € pour financer diverses mesures en faveur du pouvoir d’achat.
Dès l’annonce mal préparée de ce projet, qui doit être soumis au Parlement, la curée a commencé, provoquant un dévissage généralisé des banques italiennes à la bourse de Milan. La plupart d’entre elles perdaient entre 5 et 10% le matin même de l’annonce.
Problème : la valeur de l’action sert à calculer les fonds propres de la banque, et un dévissage boursier durable diminue mécaniquement la valorisation des profits (certains doivent être “amputés” pour consolider les fonds propres), donc met en péril le produit de la taxe. Autant dire que taxer les super-profits, c’est aussi les condamner rapidement.
Taxer ou ne pas taxer, telle est la question !
Rapidement, le gouvernement Meloni a fait machine arrière en indiquant qu’il introduirait un plafond dans la taxe, qui réduit son gain estimé à 2 milliards, au lieu de 4,5. Certains parlent de 1,5 milliards espérés seulement. Voilà qui augure bien mal du parcours à venir de ce projet. Meloni pourra-t-elle maintenir sa ligne sans risquer de déstabiliser ses soutiens financiers ? On est sceptique, mais au moins on ne pourra plus dire qu’on ne sait pas à quoi conduit la taxation des super-profits.