Souvent catastrophistes – notamment lorsqu’il s’agit de fournir une justification apparente à des régressions économiques dont les causes (notamment covidistes et climatistes) sont tout autres –, les projections concernant l’impact de l’IA sur le marché du travail sont parfois plus nuancées. Et, par la même occasion, plus troublantes – nous amenant, par exemple, à nous reposer la question du travail des femmes.
C’est ainsi qu’un rapport récent de l’Organisation Internationale du Travail fait apparaître que l’IA, entre les métiers qu’elle oblitère et ceux qu’elle crée, pourrait bien ne pas avoir un impact global si négatif sur la demande. Ô surprise : aucune intelligence artificielle ne va déboucher l’évier de ma sœur. Devinez qui va s’y coller.
Au passage, on apprend que « 3,7% des emplois féminins mondiaux sont des emplois automatisables au moyen de l’IA générative, contre seulement 1,4% des emplois masculins ».
Ce chiffre correspond de toute évidence à (une partie de) ce que l’anthropologue David Graeber avait baptisé bullshit jobs (« emplois à la con »), créés par l’obésité des Etats et de ces multinationales dont le fonctionnement bureaucratique émule celui des Etats. Il s’agit, en général, de remplir un tableau Excel – lequel a, comme on pouvait s’y attendre, commencé à se remplir tout seul.
Féminisme : vers l’automation de la génération de bullshit ?
C’est un type d’emploi dont la principale raison d’être n’est pas économique, mais politique : il s’agit, comme en URSS, d’assurer l’encadrement des camarades, leur participation au système et leur surveillance. Et, accessoirement, de leur vendre cet embrigadement comme une merveilleuse « émancipation », lorsque ses « bénéficiaires » se trouvent être des femmes.
Nul ne songe à dénier l’excellence des femmes dans diverses activités d’éducation et de soin, qui constituaient traditionnellement le rôle des femmes de la famille, et sont devenues des métiers à mesure que la modernité – capitalisme et communisme confondus – procédait à la collectivisation de la vie.
Mais, à cette première couche d’intégration des femmes à la modernité capitaliste, l’époque du féminisme triomphant a ajouté une seconde couche : il ne s’agissait alors plus de collectiviser par le salariat le labeur domestique des femmes du peuple, mais de salarier l’oisiveté des bourgeoises donneuses de leçons.
On portera donc un regard plein d’espoir vers cette IA qui pourrait, à terme, permettre le retour au foyer de Marine Tondelier et d’Aurore Bergé.
La seule différence, c’est qu’il y a 30 ans, un seul salaire permettait à madame de rester au foyer et de s’occuper de ses enfants alors que maintenant deux salaires parviennent à peine à faire vivre une famille deux fois moins nombreuse qu’à l’époque… Donc l’IA permettra de retourner tranquillement à la fin du 19ème siècle : où l’immense majorité de la population vivait dans la misère, pendant que quelques bourgeois vivaient dans l’opulence.
La différence entre notre époque et la fin du 19ème siècle, c’est qu’à l’époque, il y avait une conscience syndicale qui a amené à la révolte et à quelques “conquètes syndicales “(journées de 10 h maximum, arrêt du travail des enfants, vacances pour tout le monde, retraite, santé et enseignement pour tout le monde) .
Dans notre monde occidental néolibéral pour lequel tout doit être profit, de votre naissance à votre mort, les médias , Internet, la propagandastaffel et la répression numérique, personne n’aura plus le loisir de se révolter…pour le plus grand bénéfice de ceux qui auront encore le droit de prendre l’avion, de sortir de chez eux, d’avoir une voiture et de voyager avec.
1984…vers 2054 ? ou Avant ?
…le retour au foyer de Marine Tondelier et d’Aurore Bergé.
Et Sandrine Rousseau?
Aurore et Marine ne laisseront jamais une IA occuper leur juteuse place sur le trottoir.
Le retour au foyer de certaines femmes blanches cis-genre, vous n’y pensez pas ! Leurs maris risqueraient de se rendre compte à quel point elles sont insupportables. Risque de violences conjugales non négligeable.
Ce sont pourtant les socialistes du XIXeme siècle qui voulaient empêcher les femmes et les étrangers de travailler en instaurant le salaire minimum. En France, un certain Philippe Petain accéda à leur demande.
Avec le socialisme, l’eugénisme n’est jamais loin.