Qu’un garde des sceaux s’estime obligé de réagir à une tentative d’incendie volontaire qui a failli nous coûter un tribunal départemental, c’est là une idée qui, dans la 5e République de l’Ancienne Normalité, n’aurait pas défrayé la chronique. Oui, mais nous vivons à présent dans la 5e République grand-réinitialisée de rite féministe, et la religion victimaire aurait imposé à Dupond-Moretti de soutenir avant tout les incendiaires aux seins nus, au lieu de risquer des propos « sexistes » (comprendre : de bon sens) à l’encontre de tartuffettes de la presstitution ambiante.
Décidément le plus sympathique de tous les débiles de Borne, Dupond-Moretti prolonge la tradition du gaullisme selon Pasqua : un sens de l’Etat adapté aux mœurs des hommes d’honneur. Non content d’exhiber un physique qui ne trahit aucune sorte de véganisme, il se permet, vis-à-vis des sacro-saintes journalistes (double vache sacrée, en vertu de la dogmatique intersectionnelle) venues lui demander des simagrées d’allégeance féministe, un franc-parler qui pourrait carrément le rendre suspect d’hétérosexualité. On est à la limite du fascisme.
Car Dupond-Moretti a mis le doigt là où ça fait mal, en faisant remarquer à la journaloperie inquisitrice, venue lui demander comment il osait ne pas se solidariser avec les vandales à seins nus d’Aurillac, qu’aucune des journalistes présentes devant lui n’avait pour l’instant tombé le haut.
« Mettez vos sous-tifs là où se trouve votre bouche. Ou pas loin. »
Et d’ajouter, taquin : peut-être qu’« il ne faisait pas assez chaud ». On voit qu’on peut même lire, dans l’humour hétéro-patriarcal de cet infâme mâle blanc, un climato-scepticisme à peine voilé.
Plus sérieusement : le talon d’Achille du féminisme (maladie culturelle qui n’a jamais accouché d’aucune vision viable de la société humaine), c’est sa totale hétérogénéité idéologico-sociale : les dénonciatrices ne souffrent pratiquement jamais de ce qu’elles dénoncent, et les « souffrantes » ne dénoncent généralement rien.
Les flippées d’Aurillac, échappées d’un festival de théâtre de rue pour un after incendiaire façon Femen – a priori, des petites-bourgeoises encombrées de leur féminité dans un univers d’hommes-soja de l’Education nationale – n’ont en réalité rien en commun avec les grandes bourgeoises de la classe politico-médiatique, généralement plus proches du type de la pétasse : quand cette dernière montre ses seins (souvent mieux entretenus que ceux des militantes EELV), elle sait en général pourquoi – voire carrément : pour combien.