Magazine censément économique, Challenges vient faire concurrence au titre Psychologies, en publiant un entretien-fleuve du jeune fragile James Amar (21 ans), qui s’est assuré de ses 5 minutes de célébrité non-remboursables en quittant son école d’ingénieurs en début de dernière année, parce que cette école « [l]’inscrivait en tant que futur ingénieur dans un système capitalistique destructeur qui place le profit et la croissance au centre de tout ».
Cette école faisait, à vrai dire, pire que cela. Elle inscrivait le petit James dans l’aventure humaine post-paléolithique : 7 millénaires d’accumulation de capital matériel et immatériel (à quoi s’ajoutent les frais de scolarité du fragile James : merci les parents et/ou le Très-contribuable !), 7 millénaires consacrés à transformer un environnement qui, à l’état naturel, nous est (horribili dictu) hostile, et à nous reproduire par voie (horresco referens) de coït hétérosexuel.
Inspiré par une visite à CentraleSupélec du prophète chevelu Aurélien Barrau, le geste de James, pratiquement aussi subversif qu’une adhésion à EELV, le propulse héros de ce nouveau Culte de l’Abandon, de ce néo-catholicisme de la Démission qui devient la religion officielle de la jeunesse française, pendant que la Chine démultiplie ses dépôts de brevets et que l’Indonésie se couvre de centrales thermiques au charbon pour l’exportation d’électricité.
« Le spectacle (…) n’exprime finalement que son désir de dormir »
Ce qu’on lit dans les propos du fragile James, c’est bien cette lassitude nietzschéenne du dernier homme, à qui la légende climatiste vient à point nommé pour lui fournir le prétexte idéal à sa fuite vers une position fœtale censée lui éviter de se frotter à la violence inhérente de l’existence humaine.
CentraleSupélec, à quoi bon ? « La possibilité de décrocher un job à 50.000 euros en ayant du sang sur les mains ». Eh oui, James : Sapiens sapiens est un mammifère, d’ailleurs omnivore, qui ne vit qu’en ayant, de temps à autre, du sang sur les mains – que ce soit celui des menstrues exclusivement féminines (l’un des deux sexes réellement existants), ou celui de nos proies.
« Je suis par ailleurs devenu végétarien, ne prends plus l’avion, ni la voiture. (…) J’ai toujours été passionné par le théâtre (…) Je vais passer le concours d’un conservatoire (…). En attendant, je me suis inscrit en (…) maths (…) pour devenir professeur de mathématiques (…), comme job alimentaire. »
Excellent l’exemple de la génération qui arrive
Je le comprends : ce monde industriel hyper technologique n’a plus de sens, il est malade, nous sommes saturés jusqu’au dégoût d’objets inutils, de gadgets, d’images, d’activités. En France, les besoins matériels sont satisfaits, on est 2 fois plus riche qu’en 1980. Que peut-on vouloir matériellement de plus ? Si les chinois, les indiens… en veulent encore, qu’ils y aillent. On n’a aucune obligation de courrir encore devant ou avec eux.
Ce dégoût est le début d’une saine réflexion et action. Il ne s’agit pas de s’avachir et de se laisser coloniser par la Chine ni les USA ni personne. On doit garder une capacité scientifique et militaire sans pour autant sacrifier notre pays ni notre humanité dans la course absurde à la puissance. On peut décider collectivement :
1. D’en rester là sur la satisfaction des besoins matériels,
2. De consacrer notre intelligence et nos ressources à des questions fondamentales : faire des hommes libres, sains, conscients, autonomes et solidaires, travaillant avec ardeur pour eux mêmes et pour servir les autres.
“On peut décider collectivement d’en rester là sur la satisfaction des besoins matériels” : quel sort pour les réfractaires à cette décision collective ? Le camp de rééducation ?
Chacun est libre, c’est l’injonction dominante de la croissance, de la compétition de tous contre tous pour la puissance, qui devrait enfin être remise en question. La majorité des hommes souhaite vivre tranquillement, en bonne compagnie, autour d’une bonne table, dans un beau pays. Tous les progrès qui n’en sont plus (TGV, 5G, IA, transhumanisme…. ) sont imposés par une petite élite en plein délire mégalomaniaque qui veut dépaser la condition humaine par la technologie. Or nous avons déjà la solution en nous : c’est la conscience. C’est ce que cherche ce James, maladroitement mais plus humainement que Elon Musk.
Ce James explique maladroitement qu’il veut branler aux frais des autres comme le camarade millionaire Mélenchon.
Le plus triste est que cet individu soit médiatisé… afin qu’il serve d’exemple ?
L’article est excellent.
On pourrait le prolonger avec des Français qui revendiquent bec et ongles le droit à la démocratie mais qui ne veulent surtout pas l’exercer. La démocratie c’est un peu plus compliqué et exigeant que mettre un bulletin dans l’urne de temps à autre sans rien comprendre à la géopolitique et à l’économie.