Hier, la BCE a rendu son oracle sur l’évolution des taux d’intérêt. A lire le communiqué de la banque, dont la cohérence n’est pas garantie, nous nous trouvons entre deux eaux : l’inflation est encore vigoureuse, mais elle diminue. Donc, pour l’instant, on ne touche à rien. Mais, à l’unisson de la Réserve Fédérale, on sent bien que les incertitudes face à l’avenir sèment grandement la confusion.
Sans grande surprise, la BCE a laissé ses taux directeurs inchangés hier. La décélération de l’inflation le laissait présager : pourquoi continuer à monter des taux, puisque les prix retournent peu à peu vers la cible de 2%, fixée par les traités européens. D’où un communiqué à l’issue du conseil des gouverneurs, avec une formulation alambiquée :
L’inflation devrait rester trop élevée pendant trop longtemps, et les pressions sur les prix intérieurs restent fortes. En même temps, l’inflation a nettement baissé en septembre, notamment en raison d’effets de base solides, et la plupart des mesures de l’inflation sous-jacente ont continué de se détendre. Les hausses passées des taux d’intérêt du Conseil des gouverneurs continuent d’être transmises de manière vigoureuse aux conditions de financement. Cela freine de plus en plus la demande et contribue ainsi à faire baisser l’inflation.
BCE
On se souvient ici que, lors de la conférence de Jackson Hole, Christine Lagarde avait expliqué que la transition énergétique programmée en Occident, qui consiste à remplacer les énergies fossiles par l’électricité, produirait un choc d’inflation dans la durée, ce qui oblige à maintenir les taux élevés aussi longtemps que nécessaire (c’est-à-dire potentiellement jusqu’en 2030, concrètement…).
Mais, dans le même temps, la situation a commencé à changer : les gouvernements hésitent à mener à bien cette fameuse transition énergétique, et la multiplication des conflits internationaux fait peser un risque majeur sur la croissance globale. D’où cette incertitude, qui se traduit par une formulation alambiquée sur l’inflation qui baisse, mais reste élevée trop longtemps.
A noter que la Réserve Fédérale devrait annoncer un statu quo identique de son côté, après les chiffres de la croissance américaine.