Dans une interview croisée au Figaro, Vincent Bolloré, patron de Vivendi, officialise aux côtés d’Arnaud Lagardère sa prise de contrôle du groupe Hachette et des entités restant à l’héritier Lagardère. Cette opération finale (où Lagardère a tâché de protéger Europe 1 en créant une commandite) est rendue possible par la cession d’Editis au milliardaire Daniel Kretinsky, conformément à la décision de la Commission Européenne. Sur la route d’une Fox News à la française, il ne reste plus beaucoup d’obstacles.
Nous avons récemment évoqué les ambitions médiatiques de Vincent Bolloré : constituer une Fox News à la française, avec un groupe de télévision, une grande radio nationale, et des titres de presse écrite. Sur cette route, qui donne un nouveau visage au groupe Bolloré, loin des mains caleuses de la logistique, et désormais dédié aux medias, le patron historique du groupe breton n’est plus très loin du but.
En effet, la semaine dernière, la Commission Européenne a validé la prise de contrôle du groupe Lagardère par Vivendi, après la cession d’Editis au milliardaire Kretinsky (secondé, dans l’ombre, par Denis Olivennes). Plus rien ne s’oppose donc formellement à l’absorption plus ou moins assumée par Arnaud Lagardère, du groupe que son père lui avait légué, et qu’il a progressivement perdu. Les deux hommes ont exposé leur projet au Figaro (qui reprend Gala, titre anciennement détenu par Bolloré).
Formellement, comme nous l’avons déjà évoqué, Arnaud Lagardère est protégé par le placement d’Europe 1 en une commandite par actions qu’il dirige, ce qui le rend intouchable (pendant une durée de cinq ans). Dans la pratique, les dernières semaines ont montré comment Bolloré investissait rapidement les activités de son ancien rival désormais devenu homme-lige. Entre l’arrivée d’un ancien de Valeurs Actuelles à Europe 1 il y a deux ans, puis de Geoffroy Lejeune au Journal du Dimanche, et les collaborations entre CNews et Europe 1, Bolloré installe progressivement sa domination sur un groupe qui pèsera probablement de façon assez lourde aux prochaines présidentielles.
Le groupe Bolloré est crédité d’une trésorerie de 10 milliards qui pourrait permettre d’autres investissements.
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Cette galaxie Bolloré permet à quelques chroniqueurs de s’enrichir grassement en étant présents dans les différentes émissions du groupe et en répétant toujours la même chose.
Il suffit de regarder le début de l’heure des Praud le matin pour connaitre la teneur des émissions du jour, voire du lendemain.
Il n’y a aucun travail journalistique, seulement des personnages qui donnent leur avis tellement prévisible qu’ils pourraient tout aussi bien être remplacés par l’IA.
Il faut noter que ces mêmes chroniqueurs commencent à investir les médias en ligne. Je pense notamment à Boulevard Voltaire dont je me demande s’il ne va pas, lui aussi, tomber dans l’escarcelle de Bolloré.
Il n’y aurait rien de condamnable si chacun était parfaitement transparent.
La possession de tous les médias importants par les milliardaires est un problème de fond de la démocratie libérale (qui n’est pas une démocratie mais un système représentatif conformément aux souhaits de Siéyès) laquelle n’est en rien républicaine. Un des principes républicains essentiels est l’égalité politique des citoyens. Or, les inégalités économiques monstrueuses que le système économique libéral génère induisent une profonde inégalité politique. Bolloré, Arnault……sont dans un rapport d’immense inégalité politique avec la quasi totalité des Français parce qu’ils possèdent les médias, ce qui leur permet de favoriser les idées et les personnes qui leur conviennent et, a contrario, de dénigrer et de priver de toute expression ceux dont les idées ne leur plaisent pas. Arnault, Niel et Lagardère ont créé Macron, pour notre plus malheur. Arnault et Bolloré seraient en train de nous concocter un nouveau zombie présidentiel. Le républicain Machiavel avait déjà souligné l’incompatibilité de la république avec les inégalités trop grandes de richesses et Aristote conseillait d’exiler les très riches loin d’Athènes. Comme l’avait prédit Mirabeau le système représentatif libéral aboutit à l’oligarchie ploutocratique.