C’est une étude terrible que publie l’INSEE sur les salaires. Se donnant le temps d’explorer les effets salariaux dans la durée, l’administration de la statistique française s’est penchée sur les inégalités de salaire, et les résultats, qui méritent d’être décantés dans le temps, sont révélateurs de plusieurs tendances “sociologiques” à l’oeuvre dans notre tissu économique. En particulier, on retiendra que les salariés les plus performants ont tendance à se regrouper dans les entreprises qui paient le mieux, et que les moins performants se regroupent dans les entreprises où les salaires sont les plus bas.
Il faut prendre le temps de la décantation pour aborder l’intéressante étude de l’INSEE sur les inégalités salariales à travers le temps. Je reprends ici quelques éléments essentiels de conclusion :
- les bas salaires (Décile 1 sur le graphique ci-dessus) ont progressé plus vite que le SMIC et que les salaires les plus élevés, ce qui infirme la théorie selon laquelle les bas salaires seraient pénalisés par rapport au reste de la société…
- les inégalités salariales au sein des entreprises sont en régression
- les inégalités salariales entre entreprises progressent
Autrement dit, alors que les salaires tendent à se rapprocher au sein d’une entreprise, ils tendent à “s’écarter” entre entreprises.
- ce phénomène s’explique par la sectorisation progressive des entreprises : elles se regroupent par métiers et par niveau de salaire
Surtout, l’INSEE évoque un phénomène “d’appariement sélectif” :
Nous laissons chacun méditer longuement cette explication qui tend à affirmer que si un salarié est mal payé, c’est parce qu’il est peu productif… Voilà qui ne manquera pas de faire couler encore beaucoup de baveuse amertume.
Est ce le fait que le salarié est moins productif qu’il soit moins payé ou est ce le fait d’être moins bien payé qui entraîne le fait d’être moins productif ?
Est ce que l’INSEE a ça dans sa besace magique ?
L’autre aspect reste de toute façon de ne pas jalouser un salaire plus élevé que le sien mais surtout de savoir si pour un travail similaire on maintient son pouvoir d’achat et sa qualité de vie dans le temps… ce serait bien que l’INSEE se penche là-dessus