Comment faire croire aux Gaulois réfractaires qu’on peut défendre les frontières et l’identité nationale quand on est un mondialiste avéré et non repenti ? Emmanuel Macron a trouvé la solution, de fait assez ingénieuse : dire oui à toutes les revendications des gogos serviles comme Bruno Retailleau, et laisser les mondialistes du Conseil Constitutionnel retoquer les mesures les plus gênantes (c’est-à-dire à peu près toutes). Bref, assumer un projet quand il plaît à tout le monde, et laisser les autres le bloquer quand il devient gênant. Au final, le Conseil Constitutionnel a autant jugé d’après la Constitution française que d’après les textes européens, et c’est un peu cela qu’il faut retenir : le juge constitutionnel français n’est plus complètement libre de ses choix.
Le Conseil Constitutionnel a rendu une décision de 52 pages… qui est loin d’épuiser le sujet de la constitutionnalité des dispositipns applicables à l’immigration et au droit des étrangers, mais qui a le mérite de mettre les “Européens” au pied du mur. Statuant sur le projet de loi immigration, il a essentiellement cherché le respect du texte adopté par l’Assemblée Nationale avec la Constitution française, mais surtout avec les textes européens. Et c’est, au-delà des polémiques partisanes, cette dimension qu’il faut retenir : le juge constitutionnel français s’occupe plus d’appliquer le droit européen que la Constitution elle-même.
C’est un signe des temps.
Pour le reste, le Conseil a purement et simplement rayé d’un trait de plumes 31 articles de la loi (qui en comptait 86), et il en a censuré partiellement 4 autres. Il est probable que cette loi sur l’immigration soit le texte le plus caviardé par le Conseil Constitutionnel depuis qu’il existe…
En soi, ce n’est pas une surprise : n’importe quel juriste, même médiocre, en lisant le texte adopté, avait bien repéré qu’une grande partie de la politique d’immigration qui se dessinait était à l’orthogonale avec le droit européen.
Pour Emmanuel Macron, il était évidemment impossible de le reconnaître, pas plus qu’il ne peut reconnaître que les problèmes des agriculteurs dérivent directement de l’inflation normative due à la Commission Européenne. Quand on a fait son fond de commerce avec les bienfaits imaginaires de l’Union, on peut difficilement devenir comptable de ses erreurs, de ses vices et des préjudices qu’elle cause.
Donc, Macron était devant un dilemme : soit affronter l’opinion publique en refusant une politique migratoire “ferme”, soit accepter celle-ci en affrontant le droit européen, et plus largement les engagements communautaires de la France. Pour contourner l’obstacle, il a fait un choix plutôt intelligent : dire oui à tout ou presque, sans grande illusion, et laisser le Conseil Constitutionnel endosser la responsabilité de dire non.
La stratégie n’est pas glorieuse. Elle fait le lit d’un gouvernement des juges. Elle a le mérite de l’habileté : Macron joue aux souverainistes, et il offre de superbes balles à l’équipe des mondialistes sans avoir l’air d’y toucher.
Reste à savoir si, à long terme, cette stratégie sera payante.
Nous reviendrons largement sur ces événements demain et la semaine prochaine.
Et avec Marine Le Pen en girouette qui n’a rien vu venir. La stratégie présidentielle était pourtant évidente en réfléchissant un peu.
Le Pen va être jugé pour les emplois fictifs au parlement européen. En échange de la clémence du juge, elle obéit aux ordres de Macron.
McRon tourne notre démocratie en dérision par ses entourloupes avec le Parlement. La loi votée par le parlement n’est pas promulgable, mais la loi modifiée par le conseil constitutionnel n’est pas votée. La démocraties est autobloquée et la volonté du chef est promulguée.
Merci pour votre analyse claire et documentée.
L’instrumentalisation des petits paysans est patente et vous l’expliquez clairement.
La seule interrogation que j’ai est sur votre conclusion.
Est ce que les petits paysans vont rentrer dans leurs fermes lorsque la FNSEA le leur dira?
Je suis un peu moins pessimiste que vous.
C’est toute la tradition des jacqueries des paysans affamés par les taxes et les contraintes. Les autorités finissaient par leur donner raison après des combats meurtriers. Espérons que notre société dite post-moderne ait progressé. Les dirigeants français actuels savent-ils encore négocier et dégager un consensus dans la paix sociale? N’ont-ils pas un intérêt personnel ailleurs?