Les postures idéologiques à courte vue sont faciles : pour ou contre le protectionnisme ou le libre-échange, pour ou contre l’agriculture industrielle, pour ou contre l’Europe. Mais la réalité est toujours plus compliquée, et l’analyse des faits change la donne. Alors que les tensions agricoles sont fortes, les chiffres officiels du commerce extérieur pour 2023 éclairent de façon crue les enjeux intérieurs français dans ce domaine. Et la balance ne penche guère en faveur des petits producteurs.
Ce premier tableau qui détaille les exportations françaises et leurs évolutions en 2023, a le mérite de replacer le débat sur l’agriculture dans ses justes dimensions. Onp eut en retenir plusieurs points :
- la France exporte des produits agricoles à hauteur de 19 milliards €, c’est le 14è poste d’exportations en termes de valeur
- les exportations de l’industrie agro-alimentaire (c’est-à-dire les produits agricoles transformés) valent près de 63 milliards €. C’est le premier poste d’exportations…
- l’industrie agro-alimentaire rapporte donc 3 fois plus que la production agricole brute
- le second poste d’exportation est l’automobile, avec 56,5 milliards €…
- la stratégie commerciale française est donc assez logiquement dictée par les industriels qui exportent, et sont favorables au libre-échange
Voyons le tableau des importations :
Comme on le voit :
- les importations de produits agricoles sont le 15è poste d’importations en France
- elles représentent près de 18 milliards €
- la France est donc exportatrice nette de produits agricoles à hauteur d’un peu plus d’un milliard
- la France importe 57,2 milliards € de biens agro-alimentaires, c’est le 4è poste d’importations
- la France est importatrice nette d’agro-alimentation à hauteur de près d’un milliard
Si la France veut redevenir une exportatrice nette de biens agro-alimentaires, elle doit favoriser sa filière industrielle de transformation.
Au risque de paraître d’une naïveté crasse, il me semble très réducteur de ne traiter que des choix économiques/financiers à court terme de l’agriculture. De quoi les français ont-ils besoin aujourd’hui ? A moyen et long terme ? Si nous ne soutenons pas l’agriculture et la qualité de ses produits, si nous ne soutenons pas une forme de souveraineté alimentaire -même partielle – pour répondre aux sirènes du libre échange à tout va, ne constaterons-nous pas dans x années que nous avons encore bradé l’un des (derniers) fleurons de la France ?
Et comment on fait ça avec de l’énergie chère et surtaxée ?
Il serait intéressant de connaître la gamme des produits agroindustriels que nous importons et les flux pour détecter les aberrations des produits qui font 2 à 3 fois le tour du monde pour revenir au point de départ, plus chers.
Attention à ne pas fusiller trop tôt nos petits producteurs car ils fournissent la totalité du guide Michelin. Tous nos restaurants étoilés contribuent au tourisme. C’est le type de transformation française, très lucrative, et invisible dans vos tableaux. Je parie que vos bistrots préférés aussi, de même que les fermes auberge.
Ce n’est pas pour rien que des chefs sont allés soutenir les agriculteurs sur des barrages.
Bonjour
Je perçois une erreur dans le commentaire des importations
“la France importe 57,2 milliards € de biens agro-alimentaires, c’est le 4è poste d’importations
la France est importatrice nette d’agro-alimentation à hauteur de près d’un milliard”
Le solde agro net est de 5,5 (63 – 57,2).
En cumulant agri et agro on arrive à solde net export de 6,8
S’agissant d’alimentation, donc de bien indispensables, doit-on rechercher d’abord un excédent commercial ou bien l’autosuffisance? Combien de produits agricoles figurent à la fois dans nos importations et nos exportations?
Stellantis via Fiat n’a-t-il pas déjà une présence industrielle au Brésil ?
Et pourtant la France a reçu 9,3 milliards d’euros de la PAC en 2023 sur une enveloppe globale de 53,7 milliards. Les prélèvements de l’Etat français sur l’agriculture ne grèvent-ils pas sa compétitivité internationale et ne détournent-ils pas à son profit l’aide européenne?
Parfaite démonstration du court terme et de la courte vue que de ne considérer les biens stratégiques que sous l’angle de la balance commerciale… Un bien stratégique, que ce soit la nourriture de base, les ressources minières ou l’énergie ne s’évalue pas en terme de bénéfice annuel… De la même façon, nous sommes peut-être un des plus gros exportateurs d’armes, mais l’industrie d’armement française et l’armée qu’elle doit alimenter ne tiendrait pas une semaine dans un conflit de haute intensité…
Et pourtant, notre agriculture est une de nos principales richesses et ressources naturelles. La PAC européenne a été une première trahison. “Labourage et Pâturage sont les deux mamelles de la France”. Enseigne-t-on encore aux petits Français cet adage de Sully ?
A mi video sur le traité MERCOSUR, vous alertez sur le repli de l’industrie Française : Vous dites que VW a pu implanter des usines en Amérique du Sud, mais pas Stellantis. Si un pays de l’UE a pu le faire, pourquoi la France a besoin du MERCOSUR pour le faire ?