Donc, le gouvernement a annoncé cette semaine la mise en place d’une franchise sur les formations suivies dans le cadre du compte personnel de formation, égale à 10% du coût total de la formation, sauf si cette formation est partiellement prise en charge par l’entreprise ou si la personne formée est au chômage. En réalité, cette mesure qui devrait rapporter 200 millions étaient déjà inscrite dans la loi de finances pour 2024. Elle se contente de soulever timidement le tapis sur la montagne de poussières (à 2 milliards…) que représente le Compte Personnel de Formation.
Donc, il existe un compte personnel de formation, anciennement appelé droit individuel à la formation, qui permet au salarié de bénéficier de prises en charges collectives pour des formations qu’il entend suivre en dehors de la volonté de l’employeur. Se former pour progresser ! C’est évidemment une très bonne idée… mais, comme toujours, quand l’Etat se pense le seul acteur légitime pour garantir ce droit, les ennuis commencent.
Nous ne retracerons pas ici l’évolution obscure du droit à la formation depuis une vingtaine d’années, ballotée de-ci de-là par une idéologie complxe, qui a transformé l’ensemble en une sorte d’immense usine à gaz. On notera surtout que le ministre du travail Michel Sapin avait bureaucratisé l’ensemble au nom de cette certitude intime que seuls les cerveaux d’énarques sont capables de produire une solution intelligente, surtout quand on sait que les énarques ne mettent d’ordinaire jamais les pieds dans des entreprises, et que la réforme a essentiellement porté sur la formation professionnelle dans le secteur privé.
Bref, par le clapotis des absurdités bureaucratiques qui se sont ajoutées aux absurdités bureaucratiques, les salariés ont pu faire payer leur permis de conduire à… 1.500€ ! par la collectivité. Voilà une bonne raison de le passer plusieurs fois ! C’est gratuit, c’est l’Etat qui paie !
Quand il s’agit du permis de conduire, la mesure peut avoir du sens. En revanche, lorsqu’il s’agissait d’un stage de macramé à 1.000€ organisé par la copine d’enfance, on peut s’interroger sur l’utilité collective du dispositif.
Donc, dorénavant, les salariés devront en être de leur poche pour ce type de formation, qui n’existe que parce que l’Etat a décidé un jour de de mêler du sujet, pour nous faire progresser, bien entendu !
Il ne s’agit pas du gaspillage de fonds publics mais de fonds prélevés sur les ressources des entreprises en proportion de la rémunération de leurs employés à quelque titre que ce soit.
Les entreprises ont évidemment par nature intérêt à former leurs travailleurs pour améliorer leur compétitivité. C’est encore plus évident quand elles doivent s’adapter à l’usage de technologies nouvelles comme la numérisation (1970), les communications et télétraitements par Internet (2000) ou l’intelligence artificielle (2024).
Des entreprises particulièrement performantes font même partie du plan de carrière de certaines spécialités professionnelles tant elles sont en avance. Par exemple McKinsey pour la direction générale d’entreprises.
Puis l’Etat et arrivé sans se presser pour nationaliser la formation professionnelle continue. Il a instauré le monopole de l’agrément pour les formations proposées et ce sont les travailleurs qui choisissent. Alors les organismes de formation, au lieu de chercher à se mettre au service des entreprises pour améliorer leurs performances globales, passent leur temps à démarcher les travailleurs pour survivre.
Le monopole de l’Etat sur la formation professionnelle (ou autre) offense la justice car il freine le développement des entreprises sur leurs propres marchés et la satisfaction des besoins sociaux.