Emmanuel Macron a ouvert une séquence ukrainienne, avec l’évocation d’un conflit ouvert contre la Russie, dans des termes bien ténébreux pour l’instant, mais qui se révèlent chaque jour un peu plus inquiétants. Un “format Saint-Denis” lui a permis hier de prendre le pouls des partis d’opposition (et de la majorité). Un débat jeudi prochain à l’Assemblée Nationale devrait obliger chaque parti à prendre position sur l’accord de coopération militaire bilatérale avec l’Ukraine. Macron espérait “coincer” le RN… et tout indique que le RN pourrait assumer un vote contre le projet.
Hier, Emmanuel Macron a reçu les responsables de partis politiques en “format Saint-Denis”, expression désormais consacrée pour désigner ces rencontres informelles et “consultatives”. Si l’on en croit la presse subventionnée, cette réunion a donné à Emmanuel Macron l’occasion de commenter la défaite ukrainienne en cours, que nous commentons de longue date et dont Xavier Moreau nous a donné de nouvelles descriptions (voir l’interview ci-dessous). Visiblement, l’OTAN s’attend à une déculottée rapide face à la Russie, et toute la question est de savoir quelle riposte nous apportons à cette perspective.
On comprend le raisonnement : écarter par avance l’option terrestre serait une erreur tactique. Sauf que… personne ne croit à la capacité de l’armée française à envoyer des troupes utiles sur le sol ukrainien. La menace d’Emmanuel Macron sonne donc plus comme l’extension du parapluie nucléaire français à l’Ukraine que comme une possibilité de rééquilibrer le rapport de force sur le terrain.
Mourir pour Kiev ?
Visiblement, si tout le monde, RN et LFI compris, s’accordent pour dire qu’il faut aider l’Ukraine face à la Russie, le principe de l’intervention terrestre est beaucoup moins fédérateur. Edouard Philippe et François Bayrou sont pour, mais ils sont bien les seuls. Toute la question est donc de savoir si le débat sur l’accord bilatéral avec l’Ukraine, la semaine prochaine, sera le lieu d’une unanimité ou pas.
La rumeur affirmait qu’Emmanuel Macron pariait sur un ralliement du Rassemblement National, rebuté à l’idée de passer pour pro-Russe. Selon toute vraisemblance, l’état-major du RN devrait passer outre cette crainte d’un “bad buzz” et s’opposer à cet accord. Le RN est donc sur une ligne “en deux temps” :
- premier temps : il faut aider l’Ukraine
- deuxième temps : l’aide à l’Ukraine doit avoir des limites, notamment exclure une confrontation nucléaire
Plus MacRon macrone pour l’Ukraine et y engage son mandat présidentiel, plus il a de chance de sauter comme un fusible en cas de défaite probable et imminente de Kiev. Quel est son successeur pressenti par Washington ou par le prophète Schwab?
Ces calculs politiques à 5 coups ne serviront à rien pour sauver leurs auteurs et le pays.
Il y même des politiques qui souhaitent le chaos de la guerre pour se présenter ensuite comme des sauveurs et espérer ramasser les lauriers.
L’Histoire se répète parce que la psychologiie humaine ne change pas.
Faisons l’hypothèse que Macron va essayer d’enfermer le RN dans le piège : 1/ « êtes vous pour l’Ukraine ? » qui est le gentil qui perd ou 2/ « êtes vous pour la Russie ? » qui est le méchant qui gagne. Le RN devra choisir entre la défaite et la méchanceté.
Les Ukrainiens n’ont jamais demandé d’aide au travers de l’envoi de troupes au sol combattantes, puisque nous disposons d’à peine 1/50e de leurs capacités. Pour ce qui est de l’armement, nous leur avons déjà envoyé la moitié de notre stock concernant certains matériels et n’oublions pas que dans ce qu’il reste à notre armée, 50% du matériel identifié n’est en fait pas opérationnel, puisque cannibalisé pour pièces de rechanges. C’est cyniquement une opération de politique intérieure avant les Européennes…
Il est plus dur de vendre des hommes que des armes.