Beaucoup attribuent le malaise enseignant à un problème de salaires. Nous pensons plutôt que le premier problème rencontré par nos hussards noirs, tient à leur perte progressive et continue d’autonomie dans leur pratique professionnelle… et à leur déclassement dans la grande oeuvre d’uniformisation, pour ne pas dire de robotisation de l’enseignement public. Et la ministre Belloubet continue consciencieusement ce projet séculaire avec la labellisation des manuels scolaires.
Nicole Belloubet, dont beaucoup s’interroge sur la place réelle qu’elle occupe dans le dispositif éducatif, continue fidèlement l’oeuvre de prolétarisation et de soumission dont les enseignants sont victimes depuis l’invention de la “massification” de l’enseignement et même sans doute bien avant. Ainsi, elle avance sur la voie de la labellisation des manuels scolaires, qui permettra à la bureaucratie de “conseiller” certains manuels plutôt que d’autres selon la technique du Nudge dont nous avons déjà parlé.
Concrètement, cette labellisation permettra de dire aux enseignants quels sont les “bons manuels” à recommander aux élèves.
L’opération est très bien résumée par le syndicat SNALC :
Les critères primordiaux ont à voir avec les valeurs républicaines, la conformité scientifique, par rapport aux programmes et à la didactique ainsi que la qualité de la langue employée. D’autres critères pédagogiques entrent en ligne de compte ensuite. (…)
En préambule, le SNALC a rappelé qu’il aurait pu accepter une labellisation ne se fondant que sur un seul critère : le respect des programmes.
Les autres critères n’ont pas lieu d’être. Certains sont inutiles, d’autres sont dangereux soit parce qu’ils remettent en cause la liberté pédagogique, soit parce qu’ils semblent avoir pour objectif de donner du « prêt à enseigner » à des contractuels recrutés à la hâte en septembre.
Syndicat SNALC
Bref, l’uniformisation de la pédagogie est en cours, et de préférence par le bas. La bureaucratie éducative ne veut plus d’enseignants autonomes qui transmettent un savoir avec leur personnalité. Vive l’enseignant interchangeable, robotisé, soumis à des stéréotypes dont il a interdiction de sortir…
Les syndicats enseignants hurlent contre ce projet de passage collectif au rabot de la norme décidée d’en haut, dont nous avons encore montré ce week-end par quoi on pouvait la remplacer.
En attendant, c’est un peu le paradoxe enseignant : on veut la garantie de l’emploi, on veut être payé par le contribuable, mais on veut être libre, c’est-à-dire ne rendre de compte qu’à soi-même. Quand les chiens se rêvent en loups…
Rappelons que nous proposons :
- la généralisation du chèque scolaire
- l’autonomie des établissements
- la fin du statut de fonctionnaires pour les enseignants
2 remarques : 1/ Il serait urgent d’appliquer vos 3 propositions pour réanimer l’éducation nationale, mais les enseignants seront les premiers à s’y opposer, car ils ont majoritairement le culte du statut du fonctionnaire. 2/ le médecine connaît le même destin puisqu’il manque 1000 internes des hôpitaux et que la France recrute des médecins au rabais formés en Algérie ou en Roumanie.
Toute personne qui veut tirer sa subsistance de l’État doit se robotiser, comme vous le dites.
C’est d’ailleurs le plan des “élites” étatiques : tenir suffisamment leurs troupes par les noix, afin de leur demander d’exécuter aveuglément les ordres, sans morale, ni conscience.
Quand toute votre vie ne dépend plus que de ce qu’une partie tierce veut bien vous donner, vous marchez droit et fermez votre bouche.
Et ça marche très bien : apprendre aux enfants à mettre le zizi dans la bouche, dans les fesses, faire participer les enfants à des démonstrations inclusives LGBTQQ+++IAZgf$j* (et j’en oublie) n’a pas particulièrement été contesté par le corps enseignant, dont ce ne sont pas les missions.
Niveau violences scolaires, le “pas de vagues” règne en maître.
Pire, peu de profs, quand la situation dégénère (affaire Paty) soutiennent leurs collègues.
Les syndicats gaucho (i.e antifa), tellement parés de leurs belles “valeurs” humanistes, parachèvent le boulot et servent de chappe de plomb au pouvoir qui les subventionne.
Même processus, avec chiens de garde infiltrés, plus idéologues qu’enseignants.
La boucle, est alors, bouclée.
Et c’est la même chose avec bien des corps de métiers : médecins, agriculteurs, entreprises, etc.
Partout où ce putain d’État socialo-constructiviste fout ses sales pattes pour finalement tout contrôler par divers moyens, la liberté recule.
Il est temps de les lui couper, sinon c’est nous qui allons nous retrouver en moignons et fauteuils roulants…
Excellent commentaire monsieur Glouche, avec la technocratie les fonctionnaires deviennent des robots, le socialisme est l’antichambre du fascisme.
Oui, chacun des rouages de cette “machine” tient alors à son tout petit bout de bifteack.
Viendra le jour où, lorsque les objectifs de la caste auront été atteints, ils se débarrasseront de tous ces petits exécutants qui n’auront plus que leurs yeux pour pleurer.
Nous autres, du haut de nos petits nuages, riront alors bien d’eux…
Aux USA, dans certaines écoles, les parents d’élèves ont réussi à reprendre le pouvoir sur les programmes et les contenus éducatifs détaillés. Face aux dérives idéologiques, à la maltraitance psychologique des enfants et à la colère généralisée, les parents se mobilisent. Il y a bien sûr la lutte contre le wokisme mais aussi des méthodologies notamment en mathématique complètement délirantes.
Vu de loin, il semble que la démarche de ces parents ait davantage de réussite dans les comtés trumpistes.
Au lieu de s’énerver et de chercher le prochain slogan pété à hurler lors d’une manif, les profs peuvent aussi décider de ne pas utiliser de manuel du tout, et créer leurs séquences de A à Z. En plus, ça fera des économies d’argent gratuit des autres, puisque les collectivités n’auront pas à financer l’achat massif de manuels labellisés.
En tant que prof, il me semble contre-intuitif de souhaiter la fin du fonctionnariat des enseignants, et pourtant, en y réfléchissant un peu, je pense qu’un système autre permettrait de valoriser ceux qui bossent en leur permettant de gagner mieux tout en bossant dans de meilleures conditions.
Je l’affirme haut et fort : le système actuel ne valorise pas le boulot des profs investis, qui se crèvent au harnais pour des cacahuètes ou bien finissent par se décourager, voire devenir cyniques.
Et de toute façon : les profs hurlent contre la réforme actuelle (groupes de niveau) en disant qu’elle est contraire à leurs principes ; mais ils finiront par l’appliquer gentiment, de la même manière qu’ils ont appliqué toutes les réformes précédentes.
Quand il s’agit de formater les jeunes cerveaux, le respect des programmes ne suffit plus.
Les questions économiques sont à côté du sujet. J’ai enseigné en Angleterre où existe la plus grande variété et la plus grande liberté dans l’enseignement secondaire. Le niveau des études est tout à fait décorrélé du statut public, étatique, municipal, commercial ou quasi-confessionnel des établissements. Le chèque-scolaire et l’autonomie des établissements ne produiront aucun effet particulier sur le niveau des études, qui restera, comme en Angleterre, très inégal et en moyenne plutôt médiocre. Le niveau des études ne peut s’égaliser vers le haut que par la recette bien connue puisque ce fut celle de la 3ème république d’un enseignement sélectif sur la seule base de l’évaluation continue des élèves par un corps enseignant homogène recruté à vie sur la base d’un enseignement universitaire lui-même de haut niveau. Point final. Ceci étant donné, même la nomination d’une ministre de l’éducation vilaine à faire avorter une guenon n’empêcherait pas les professeurs de croire à ce qu’ils font, de ne pas enseigner trop de sottises, et aux élèves de s’appliquer pour progresser sur la voie du savoir et de la sagesse. Le premier niveau d’évaluation et de sélection doit être un examen d’entrée orientant les élèves en fonction de leurs capacités dans un enseignement secondaire sélectif et diversifié. Cet examen (qui existe toujours aussi bien en Angleterre qu’en Allemagne, qui ne sont pris en exemple que pour leurs erreurs) est à la fois la condition de fonctionnement d’un secondaire exigeant et l’élément de motivation qui assure la qualité du primaire qui y prépare. Voilà l’essentiel. Evidemment, des salaires corrects et un peu de respect ne pourraient pas nuire. Quant à la liberté pédagogique, sa condition de possibilité et de légitimité est le niveau de formation initiale des professeurs et leur contact continué avec la recherche dans leur discipline. C’est ce que portait le titre même de ‘professeur’, identique à celui des enseignants de l’université alors qu’en pays anglophone l’enseignant du secondaire est un ‘teacher’, placé au même niveau que celui de l’enseignement élémentaire confié à des non-spécialistes d’une discipline, et sujet de ce fait à une surveillance du contenu académique dispensé plus étroite. Et précisément, le point faible qui empêche l’enseignement britannique d’atteindre plus souvent l’excellence dans certaines de ses parties est le recrutement hétérogène des enseignants qui ont des niveaux de formation initiale très inégaux. Il faut comprendre l’attribution en France du titre de ‘professeur des écoles’ et le recrutement, pendant un temps, des enseignants du primaire sur la base de diplômes universitaires plus élevés, comme une démonstration de progressisme sur le mode égalitariste habituel, qui s’est rapidement inversée en abaissement simultané du niveau de tous les ordres d’enseignement par la pression sur les salaires. C’est seulement là que jour le paramètre économique. L’emploi à vie et le statut de fonctionnaire sont à la fois une des ‘utilités’ à côté du salaire et de la liberté dans l’exercice du métier qui forment l’incitation globale à choisir ce métier et une condition évidente de qualité dans une profession où l’expérience professionnelle accumulée est un atout essentiel. Il faut réfléchir la question dans ces termes.
Que de platitudes et de portes ouvertes assénées avec la certitude du petit-bourgeois satisfaits pour déclamer pathétiquement : la 3è République ça marchait mieux. C’est votre droit de le penser, mais faites-le à vos frais. Moi, je ne veux pas payer pour la connerie pontifiante de tous ceux qui nous ont amenés là. Dont ceux qui “raisonnent” comme vous.
La Troisième république, ça marchait mieux. Ce n’est une platitude que parce que c’est une évidence.
Ben oui. Notre slogan pour 2024 : revenons cent ans en arrière. Voilà qui donne une image positive… Evidemment, où avions-nous la tête. La France d’avant l’électricité, même, c’était mieux.
Le sage est semblable à un père de famille qui tire de son trésor du neuf et de l ancien. (St Matthieu 13). Il faut savoir regarder ce qui fonctionne ailleurs, mais aussi ce qui a fonctionné avant.
L éducation nationale est devenu un Titanic qui est trop énorme pour être réformé. Je daccorise avec les propositions du CDS de donner plus d autonomie et de choix aux parents.
Ce qui est hallucinant, c est le process inventé par Parcours Sup pour niveler encore plus par le bas les processus de sélection et dévaluer l enseignement supérieur !