Dans ce nouveau numéro d’Urbi et Orbi, Edouard Husson nous explique le sens de la messe et la façon dont elle se déroule. Voici une vidéo indispensable pour tous ceux qui peinent à comprendre le sens d’une cérémonie qui a largement fondé la sociabilité en Occident. N’hésitez pas à nous demander des précisions plus amples pour mieux comprendre un rituel désormais opaque pour bon nombre de Français.
Si vous ne comprenez rien au rituel catholique, il n’est pas inutile de rattraper le temps perdu en vous plongeant dans sa signification. Voici une explication par le très autorisé Edouard Husson sur la messe et sur son “organisation”, au-delà de sa signification.
N’hésitez pas à nous interroger plus précisément, ne serait-ce que pour répondre aux questions de vos enfants si vous les inscrivez dans une école catholique !
@ Eric: Le texte des disciples d’Emmaüs est très bon pour faire mieux comprendre la messe aux jeunes. (Il se trouve au chapitre 24 de Saint Luc)
Ce texte comporte d’ailleurs, tout comme la messe, un premier temps avant celui de la Parole: celui où les deux disciples cheminaient ensemble et parlaient entre eux; c’est le temps de la rencontre, du rassemblement, sorte de “sas” au tout début de la messe, où les fidèles viennent avec leur vie, leurs joies et leurs problèmes…
Le texte d’Emmaüs symbolise aussi le cheminement de l’initiation chrétienne – vécu notamment par les jeunes et les adultes qui se préparent au baptême. Il avait sans doute, dans la jeune Eglise, une valeur plus catéchétique qu’historique.
Du Sabbat, ridiculisé par les masculinistes, à la Messe des Catholiques :
Le Sabbat, qui était le samedi saint, était le jour sacré, attendu, où le désir de l’homme, contenu pendant les six jours de la semaine, allait enfin trouver une satisfaction légitime, approuvée, sanctifiée, attendue par la femme elle-même, heureuse de se donner à qui a su la mériter par une chaste attente.
C’est la loi morale réalisée, l’accord entre la loi de nature qui veut et la loi morale qui retient. Aussi, comme l’idée qu’elle contient est ancrée dans les esprits ! Comme il sait bien, l’homme simple, qu’il faut un frein à ses tumultueux instincts, et comme il accepte volontiers cette loi quand il en comprend la raison ! Mais la horde immonde des Judaïtes-Pauliniens vint renverser la loi et faire de la luxure sa religion ; celle-là n’a que faire des sabbats, il lui faut toute la semaine pour donner cours à ses folies érotiques (1).
Alors, renversant la loi, il dit : « six jours de plaisir, un jour d’abstinence ». Et le dimanche vient remplacer le jour saint, le jour donné à la Déesse ; et ce jour-là devient sanctifié pour le prêtre parce que c’est le jour d’abstinence : l’idée est renversée, c’est la sanctification à rebours, en même temps que c’est la profanation de la Loi.
Mais les bons hommes ne veulent pas de ces licences, ils se révoltent et gardent leurs antiques usages.
Les femmes surtout récriminent contre cette débauche permise qui les outrage. Alors la bête immonde s’irrite de cette indocilité à suivre ses exemples maudits et se venge, comme toujours, en bavant, en calomniant, en déshonorant ceux qui montrent du doigt ses impostures. Et le sabbat devient l’objet d’une infâme légende, d’une parodie grotesque ; ils en font une description qui n’est, au fond, que le tableau de leurs propres débauches.
Le sabbat des Judaïtes était célébré la nuit au clair de la lune ou à la lueur des torches résineuses, au milieu des bois, dans des landes, dans des cavernes ou dans des forêts, quelquefois dans un endroit qu’on appelait « les champs du bouc ». La foule des gens impurs s’y rendait, des bohémiens, des paysans, des bateleurs, de mauvais clercs. Hommes et femmes, garçons et filles, s’y réunissaient pour célébrer leurs Mystères qu’ils appelaient Eucharistie, du grec ευχαριστία (ce qui existe de plus gracieux, de plus doux), le plaisir. C’est là qu’on entendait la messe noire célébrée par « le Diable ayant à son côté la royne du sabbat ». Celle qui était ainsi chargée de présider à ces orgies parodiait la glorieuse Reine des sabbats saints ; c’était une vieille fille ignoble imitant la Vestale. Quelquefois ils installaient leur foire en face des Temples, sur la place même où le peuple dansait suivant les anciens rites. On communiait, avec une hostie noire, puis on dansait autour de l’autel, en rond, dos à dos, ignoble chahut d’une foule débraillée ou déguenillée, se livrant à des danses grotesques qui Adulaient parodier les gracieux mouvements cadencés des danses sacrées. Puis suivaient toutes sortes de jeux, des sauts, des cris sauvages (en Gascogne on sautait, en Bretagne on dansait), tout cela, au son d’une musique de circonstance faite de tambours qui battaient, de flûtes qui sifflaient, de violons qui grinçaient. Et, dans le lieu solitaire choisi pour l’orgie, toute cette canaille grouillante et grimaçante (il y en eut quelquefois douze à quinze mille) s’installait sous des tentes qu’ils avaient apportées et déballait des victuailles, de la vaisselle, des bouteilles, pour le festin qui était éclairé par des cierges noirs faits de graisse humaine, et, dans la folie qui suivait les ivresses, toute cette plèbe faite d’assassins et de voleurs se livrait à des amours ordurières, là se commettaient d’épouvantables débauches, des fureurs, lubriques sans pareilles, c’est ce qu’ils appelaient « la communion ».
Souvent incestueux, souvent anthropophages, on les a vus quelquefois choisir un cimetière pour leurs ébats, afin d’avoir une profanation de plus, celle de la mort, à consommer.
Ou bien, ils se cachent dans des ruines, dans des cavernes, quelquefois, par ironie, dans l’Hôtel des Juges. On amenait à ces cérémonies abjectes un coq, incarnation du Diable, emblème mâle, que le Catholicisme gardera et mettra sur la flèche de ses églises (2).
C’est là que s’accomplit l’inceste, que le vieux père ignoble mène sa jeune fille et la prend, et ce père disait qu’il offrait à Dieu les prémices de ses créatures.
On mêlait à l’orgie toutes les haines accumulées, on maudissait les rois , les épiscopes des premiers Chrétiens, les diacres, et surtout Johanna, qu’on appelait « Jean Nicot » (celui à qui on fait la nique) ; C’est ainsi qu’un instinct de révolte poussait ces gens à maudire ce que les autres avaient sanctifié. On narguait les dieux et les Déesses, pêle-mêle, les dames et les seigneurs.
La parodie du sabbat remonte loin, car elle est chantée dans les hymnes orphiques composés dans les premiers temps de l’orgie judaïte. C’est à tort qu’on assigne à ces hymnes une date de beaucoup antérieure.
Ce renversement de l’antique loi morale fut d’abord une révolte, un acte délictueux ; plus tard, en se propageant, il devint un usage, il se modifia, s’amenda, s’organisa, et finalement cette parodie des anciens Mystères se résuma dans une cérémonie qui va devenir la messe des Catholiques.
(1) suivant l’ancienne Loi qui régnait aussi bien chez les Celtes que chez les Israélites, le mot « AGAPE » désignait les réunions données le 7ème jour. Ce 7ème jour était un temps de repos ; c’était un jour CONSACRÉ, c’est-à-dire donné aux unions.
Cette consécration du 7ème jour laissé aux divertissements, aux agapes et au sacrifice eucharistique, a joué un grand rôle dans le premier culte, puisqu’elle a été imitée et parodiée par toutes les religions.
A propos des festins du vendredi et des noces qui étaient les agapes des Mystères, dans son ouvrage, « La République des Champs Elysées », Charles Joseph de Grave montre comment cette fête religieuse entra dans les mœurs : « Après avoir consacré les six premiers jours à des travaux et des devoirs, les législateurs ont proclamé le septième jour « libre ». « Vrydag », nom du vendredi, signifie « libre jour » (en allemand « Freytag », en anglais « Friday »). Le 7e jour était destiné à la célébration des noces. Sous ce rapport, l’amour présidait aussi à ce jour. C’est de là que le mot Vry a donné naissance au verbe Vryen (en Néerlandais) qui, dans l’usage du peuple moderne, signifie « faire l’amour ». Et on donne aussi le nom de « frayer », Vryen, à « l’amour des poissons ».
Le vendredi s’exprime en latin par le mot « dies Veneris », « jour de Vénus », « jour de la Femme » car « Vénus » à la signification de Femme. Alors, sans doute, Femme Divine. Notons à propos de « dies Veneris », devenu « vendre-di », que « Port-Vendres », cette ville située au pied des Pyrénées orientales, s’appelait autrefois « Portus Veneris » : le port de Vénus.
On a jeté tant de défaveur sur le vendredi, qu’il en est résulté un préjugé singulier contre ce jour, préjugé qui se soutient encore par l’effet d’une tradition sourde, quoiqu’on en ait perdu la raison. Dans l’opinion vulgaire, le vendredi est devenu un jour funeste et de mauvais augure. Et le vendredi, « jour de Vénus », a été remplacé par le dimanche, « jour du Seigneur ». Toujours la substitution des sexes accompagnée du renversement des idées. L’ancienne Loi donnait un jour sur sept à l’union ; la loi masculine fera du dimanche un jour d’abstinence et donnera à la licence masculine six jours sur sept.
Relevons, enfin, que les Templiers, dont l’arrestation eut lieu un vendredi (le 13 octobre 1307), avaient une Divinité féminine représentant l’ancienne Déesse porte lumière, la « Vénus-Lucifer », que leurs ennemis ont ensuite ridiculisé et appelé le « Baphomet », caricature qui la représentait sous la forme d’une femme à tête de bouc.
(2) La messe de minuit des Catholiques restera la misa del gallo, la messe du coq. On célébrait ce sacrifice pour le souverain des Gaules, disait-on, parce qu’on faisait un jeu de mots, confondant les Galles (Gaulois) avec Gallus (coq).
Le coq gaulois est resté dans les langues latines : « el gallo ».
Rappelons en passant C’est pour imiter l’oiseau Phénix qui est un emblème féminin et aussi la Colombe de Vénus que les Gaulois prendront pour emblème un coq (gallus), qui est un symbole masculin. Ils vont pratiquer le système du renversement, qui consiste à mettre au masculin ce que les Celtes avaient mis au féminin. Mais le coq sera mal vu, ses partisans seront appelés des « Coquins ».
Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/lesoriginesethistoireduchristianisme.html
Vraiment rien contre ceux et celles qui adoptent et pratiquent la religion catholique! Mais qu’est-ce que cette inclusion de cette religion particulière vient faire ici, au Courrier des Stratèges, même si ce Courrier lui offre un cadre à part??? Est-ce dû à la collaboration de E. Husson, qui reconnaît personnellement ouvertement être catholique? Qu’il le soit, une fois de plus, est tout à fait ok, c’est son affaire! Mais enfin, on ne peut prêcher au vingt-et-unième siècle une ligne politique ouverte à tous et au progrès, à la liberté de pensée, et dans le même élan poser en premier plan une religion particulière! Si malgré tout on le fait, alors il faut le dire ouvertement et clairement: le Courrier a une affinité particulière avec la religion catholique et l’assume. Je ne comprends pas ce jeu.
Peut-être parce que la religion catholique est une dominante de notre tradition…
André Malraux disait « au cœur de toute civilisation il y a une religion » et pour notre civilisation occidentale c’était le catholicisme . Il est probable que notre décadence nihiliste provient de la disparition de ce cœur ancestral, fondamental. Je pense que l’athée Maurras avait raison la religion structure notre société. Les pragmatiques disaient : « le peuple croit en Dieu, le clergé n’y croit plus, les politiques savent que le religion est nécessaire. » Dans son long développement Annwn rappelle une donnée anthropologique fondamentale : « la loi de la nature veut (le desir) et la loi morale retient » Il n’y a pas de vie en société possible sans loi morale qui était portée par la religion.
Ghandi disait : Vos croyances deviennent vos pensées, vos pensées deviennent vos mots, vos mots deviennent vos actions, vos actions deviennent vos habitudes, vos habitudes deviennent vos valeurs, vos valeurs deviennent votre destinée.
Ce sont les croyances partagées qui font l’unité d’une population. Ce partage de la parole et des valeurs fait naturellement l’objet d’évènements festifs.
Les croyances peuvent être regroupées en systèmes plus ou moins cohérents dont les plus évolués s’appellent religions qui relient les esprits, doctrines, codes et autres propagandes.
Le pouvoir politique s’est toujours intéressé à ces phénomènes sociaux pour gouverner. Par exemple. Pharaon fut dieu tout puissant disant le droit ni plus ni moins. David fut appelé par dieu à diriger Israel et destituer son prédécesseur Saul. L’empereur romain Constantin établit la religion chrétienne comme religion d’Etat. Le Moyen Age a vu deux pouvoirs se contrôlant l’un l’autre et se répartissant les rôles, le pouvoir séculier et le pouvoir religieux. La République établit la liberté religieuse et instaure la séparation totale des religions et des pouvoirs de l’Etat.
La séparation artificielle des croyances spirituelles et des croyances temporelles n’a fait qu’attiser les conflits entre les peuples. Car le pouvoir politique souhaite contrôler totalement l’esprit des lois. Le régime soviétique en a fait la démonstration. Le messianisme impérialisme de Washington est sur la même voie.
Monsieur,
J’apprécie vos différentes interventions dans les multiples sujets que vous maîtrisez généralement fort bien.
Je trouve dommage (mais c’est très compréhensible) que vous omettiez deux points vitaux pour la messe.
1/ le prêtre ne “représente pas” le Christ un peu plus que les autres fidèles, il agit “in persona Christi”. Ce n’est pas comparable.
2/ Vous ne dites pas un mot de la Présence Réelle. Comment peut on parler de la messe sans évoquer ce dogme de foi. Y croyez vous ?