Notre liste Prenons-nous en mains ! est donc déposée au ministère de l’Intérieur. Elle sera l’une des 37 qui sollicitent le suffrages des électeurs. En soi, cette profusion pose de nombreuses questions. Alors que le scrutin majoritaire « verrouille » la représentation nationale dans les élections « internes » (municipales, législatives, présidentielles, notamment), le scrutin de liste à la proportionnelle aux élections européennes joue aussi un rôle compensateur pour tous ceux qui ne peuvent franchir le plafond de verre aux autres élections. On ne pouvait mieux illustrer les faiblesses et les contestations qui minent désormais la démocratie représentative – faiblesses très largement nourries par ceux qui confisquent le pouvoir aujourd’hui.
Il faut deux pages de Journal Officiel pour reprendre la totalité des listes présentées aux élections européennes (nous en citons une seule ici), ce qui illustre en soi la crise de la démocratie représentative en France.
- en soi, la prolifération des listes est un signe de vitalité de la démocratie et doit être bien accueillie
- ce qui intrigue, toutefois, c’est la juxtaposition d’un fort taux d’absentéisme, d’un verrouillage de l’offre aux élections nationales, et d’une profusion aux élections européennes
- on y verra une frustration manifeste de l’électorat français face au scrutin majoritaire généralisé par la Constitution de la Vè République : l’appétit de démocratie et de renouvellement de la classe politique est aujourd’hui mal rassasié par un système électoral déconnecté de la société et de ses changements profonds
- sur le fond, c’est la démocratie représentative elle-même qui est en crise, particulièrement en France, où le système électoral ne parvient plus à exprimer les différentes sensibilités de l’opinion
Les leçons à tirer de 2019
Rappelons que lors de la précédente élection européennes, dont nous rappelons les résultats ci-dessous pour les seules listes qui avaient recueilli plus de 10.000 voix, 34 listes avaient concouru.
- comme on le voit, seules 6 listes sur 34 avaient obtenu des sièges (le seuil des sièges est à 5%)
- les listes recueillant plus de 5% avaient obtenu moins de 19 millions de voix, sur un corps électoral d’un peu plus de 47 millions d’électeurs, dont la moitié seulement avait voté
- mathématiquement, les députés européens sortants ne représentaient donc que 40% des électeurs
- 20% des suffrages exprimés s’étaient « éparpillés » sur des listes sans élu
- autrement dit, 60% des électeurs français sont aujourd’hui sans représentation choisie explicitement au Parlement européen, ce qui diminue d’autant la légitimité de cette Assemblée
- 20% des électeurs portent leur choix sur des listes qui n’ont pas d’élus…
La crise de la démocratie représentative est bien là : les règles électorales poussent un grand nombre d’électeurs à se détourner d’un vote utile.
Reste à savoir si le pouvoir en place vérole ou non ce système en finançant discrètement des listes de diversion destinées à détourner les voix contestataires vers des « amis » déguisés :
- c’est le cas avec la liste « chasseurs » dont Jean Lassalle a pris la tête. Chacun sait qu’elle est parrainée par la macronie
- d’autres listes sont-elles dans ce cas ? Nous reviendrons peut-être prochainement sur ce sujet…
- pour le pouvoir en place, fonctionner en « équilibre sous-optimal » en multipliant les listes de diversion, peut garantir une victoire électorale à bon compte
Bravo le premier obstacle n’était pas facile être inscrit au JO mais comment le CdS va percer la muraille des médias verrouillés et vérolés par l’état macronien ?