La question politique fondamentale en France n’est pas ethnique ou culturelle, elle est civique et sociale. Pendant des siècles, les querelles de notre histoire ont porté sur la citoyenneté, le parlementarisme, l’égalité entre les Français, la justice sociale, la construction de l’Etat, la liberté de l’Eglise, l’indépendance des nations etc…. Or, depuis les années 1980, le débat politique français est empoisonné par des questions d’identité ethno-culturelles profondément étrangères à notre histoire. Certaines forces politiques ou sociales les ont instrumentalisées; beaucoup de Français les ont tout simplement subies. C’est avant tout l’américanisation de nos élites qui a conduit à formuler en termes culturels et ethniques ce qui était en fait une question politique et sociale: la fin de la nation démocratique, égalitaire, indépendante issue des Trente Glorieuses au profit de cette “sécession des élites” dont a parlé Christopher Lasch. L’entretien des questions “identitaires” a servi à verrouiller le débat politique français pour camoufler le séparatisme social du monde dirigeant. Or ce subterfuge, qui aura duré quarante ans, est en train de s’émousser définitivement. Emmanuel Macron en aura été le dernier metteur en scène en même temps que le fossoyeur.
Après la Seconde Guerre mondiale, la France s’était reconstruite et développée comme une société homogène de classes moyennes. Lorsqu’il publia Démocratie Française, en 1976, Valéry Giscard d’Estaing croyait qu’il s’agissait d’une dynamique qui allait continuer longtemps. Son livre était en fait le chant du cygne des Trente Glorieuses.
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Edouard, merci pour la conclusion et bravo pour l’analyse !
Bonjour Monsieur Husson,
Merci pour cet article très enrichissant.
Un petit bémol sur un point que vous évoquez en référence à ma propre expérience: très engagé en 2013 dans “La manif pour tous”, nous rencontrions un certain succès d’estime, au contact de la population musulmane, en distribuant nos “flyers” sur les marchés de ma ville de province, à 100 km de Paris. Disposant de certains contacts dans cette communauté via l’école privée catholique de mes enfants (qui accueille les enfants musulmans), je les avais incités à venir nous rejoindre lors des manifestations locales.
Peu de retour et une certaine inquiétude, je l’avoue, dissipée par leur faible présence, quand aux risques de dérapages homophobes…tant leur rejet viscéral de cet “état” en révulsait beaucoup…
Une certitude: cette loi ne pouvait qu’encourager le séparatisme ou le communautarisme de cette population blessée dans sa morale et ses convictions!
C’est le propos que je m’étais permis de rapporter au Sous-préfet de notre arrondissement.
En pure perte, bien entendu…
Analyse brillante, dense, claire, d’une très grande utilité. Merci mille fois.