Face aux problèmes budgétaires que la France rencontre, certains ont trouvé une idée géniale qui permet de contourner la difficulté sans trop d’efforts : l’Etat doit disposer du monopole d’émission monétaire et se financer directement en faisant tourner la planche à billets. Cette solution qui passe sous silence ses conséquences désastreuses devrait revenir rapidement sur le devant de la scène dans les prochaines semaines ou prochains mois. Je vous en parle ici.
Rappelons que, en 1976, lorsque l’idée d’une monnaie numérique européenne a vu le jour, l’excellent Friedrich Hayek a écrit un livre défendant la concurrence monétaire contre l’entreprise monopolistique de l’Union Européenne. Cet ouvrage est en accès libre sur Internet.
Rétrospectivement, il a l’immense mérite d’annoncer par avance les contradictions de ceux qui réclament le monopole de l’émission monétaire par l’Etat et son financement sans intérêt par la banque centrale, projet ruineux, dévastateur, mais largement répandu auprès de ceux qui ont bien l’intention de ne pas consentir d’effort pour diminuer les dépenses publiques qui nous mènent à la ruine. Si l’Etat n’a plus d’argent, foin des traités qui garantissent l’indépendance de la banque centrale : plaçons celle-ci sous l’autorité des gouvernements qui pourront aller se servir comme bon leur semble dans les réserves, ou bien qui feront tourner la planche à billets à volonté pour mener les politiques publiques décidées démocratiquement, et sans tenir compte des réalités.
Jusqu’à l’arrivée du Front Populaire, on a entendu ces idées auprès de nombreux locuteurs :
- ceux qui ont voulu dénoncer le poids de la BCE pour proposer son remplacement par une banque nationale aux ordres des politiques
- ceux qui sont hostiles au principe d’une banque centrale indépendante
- ceux qui, globalement, considèrent que la loi peut tout, y compris définir le stock de monnaie, et que tout est politique
- ceux qui sous-tendent que la monnaie n’a pas de valeur en soi, qu’elle est une simple convention qu’un gouvernement peut changer à sa guise (ce qu’on appelle le chartisme)
Il est assez amusant de constater l’incohérence de tous ceux qui dénoncent la confiscation du pouvoir monétaire au nom de l’intérêt du peuple, et qui proposent de transformer la monnaie en un jouet entre les mains du gouvernement national. C’est en effet la meilleure façon d’appauvrir la population au gré des caprices du pouvoir représentatif, c’est-à-dire de quelques-uns.
C’est accessoirement une visée très totalitaire, qui consiste à confier au gouvernement le pouvoir de modifier les prix et les patrimoines à sa guise, pour financer sa bureaucratie.
Ce sujet devrait ressurgir prochainement, avec l’arrivée du Front Populaire au pouvoir. Dans ses rangs, on compte de nombreux chartistes, qui n’hésiteront pas à proposer une “monétisation” de la dette, c’est-à-dire un recours à la planche à billets pour financer les déficits.
Rappelons que cette solution est largement proposée par Klaus Schwab dans son Great Reset, où il préconise explicitement l’application de la Modern Monetary Theory, avatar de ces idées.
Sur le fond, le monopole de l’émission monétaire confié à l’Etat est la garantie :
- du développement rapide de l’inflation, et même de l’hyper-inflation
- d’un déclin économique foudroyant, de type argentin ou vénézuélien
- d’un appauvrissement massif des classes populaires
En soi, ce monopole correspond tout à fait à la visée intentionnelle des monnaies numériques. Nous aurons l’occasion de le répéter souvent : la monnaie numérique telle qu’elle est annoncée constitue la réalisation parfaite du monopole de l’émission monétaire… Le triomphe de l’Etat totalitaire.
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Soyez informé avant les autres
Ce qui est affligeant dans cette vision de l économie sans garde fou, c est d abord de constater que ceux qui veulent l adopter n ont pas considéré que d autres états avaient déjà eu cette riche idée. Le Zimbabwe ou le Ghana en sont des exemples criants.
Et la dette produite est toujours en contre partie l actif de quelqu’un d autre. Or, depuis 30 ans, ces actifs sont dans des mains qui ne veulent pas nécessairement le bien du peuple français. Cette TMM va accélérer la perte de notre souveraineté de façon rapide. Fuyez pauvres hobbits ! Gandalf ne sera pas là pour retenir le Balrog, et vous serez mangés tous crus !
“Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors le visage pâle s’apercevra que l’argent ne se mange pas” ( chef sioux Sitting bull).
Vos réflexions sont toujours intelligentes et vous avez totalement raison de voir une incohérence chez ceux qui pensent que la planche à billet résout les problèmes. On appelait cela encore l’inflation (la monnaie qui enfle) il y a 5o ans, même si aujourd’hui l’inflation est devenue la hausse des prix qui n’en est que la conséquence alors que l’augmentation de la masse monétaire en est la cause.
Mais permettez-moi de vous faire remarquer que vous vous mettez vous-même sans vous en rendre compte dans une autre incohérence qui vient d’une incompréhension très généralisée de ce qu’est la monnaie que l’on continue à présenter comme une remplaçante du troc. Quand vous dites qu’au moyen-âge, les rois émettaient de la monnaie autant qu’ils en voulaient, ce n’est pas exact car la monnaie était en or ou en argent et elle était limitée par la quantité d’or et d’argent. Certes de tous temps le pouvoir a essayé de tricher en rognant sur la quantité de métal précieux, ou en dévaluant ce qui revient au même. Mais c’est seulement depuis le 15 août 1971 que les monnaies ne sont officiellement plus liées à l’or qui était une richesse unanimement reconnue.
En fait, ce qui est complètement oublié, c’est que la monnaie, c’est ce que le pouvoir prélève sur la richesse du peuple pour permettre les échanges, le chiffrage de la richesse et la réserve de valeur comme l’a très bien écrit Aristote. Il n’a malheureusement pas préciser que la monnaie n’était qu’un prélèvement sur la richesse individuelle populaire pour en faire une richesse collective évidemment limitée à la ponction faite. C’est cette limitation qui est essentielle et qui ne dépend pas de qui bat monnaie mais de la réalité de la richesse qui la garantit.
L’or véhicule l’énergie humaine qu’il a fallu dépenser pour l’obtenir et cela justifie l’énergie monétaire contrairement aux cryptomonnaies qui ne sont que des systèmes de Ponzi véhiculant l’énergie de ceux qui perdront tout quand le système s’écroulera.
Entièrement d’accord pour la limitation de la monnaie qui est essentielle mais son émetteur n’a aucune importance. L’important c’est la réalité de la richesse qui la garantit.
http://www.surlasociete.com
Exact. Nous avons d’ailleurs produit l’an dernier une série sur le monométallisme, que j’évoque dans mon Traité du monde d’après
Franchement difficile d’y comprendre quelque chose entre ceux qui plaident pour un état stratège qui a le contrôle sur sa monnaie et ceux qui comme ce Mr Hayek, pensent le contraire…. Envisageriez-vous d’inviter un contradicteur de la thèse de Mr Hayek pour un débat, François Asselineau, Charles Gave par exemple.
Euh… Vous avez besoin de gourou pour vous y retrouver ? Je ne savais pas que Gave défendait des thèses socialistes, par ailleurs. Asselineau on le sait, mais Gave, c’est étonnant.