Le soir, après son arrestation, le patron du Telgram, Pavel Durov, a demandé à parler avec le milliardaire Xavier Niel, proche de Macron, dans une tentative apparente de mobiliser des appuis politiques en sa faveur. Ce dernier a avoué qu’il est venu en aide à son « copain en difficulté ». Le rôle de Xavier Niel dans cette affaire a rapidement pris de l’ampleur. L’affaire s’est conclue sur un accord de plaidoyer. Durov, après avoir été mis en garde à vue, a annoncé des changements majeurs dans la politique de confidentialité de Telegram. Il a déclaré que désormais, l’adresse IP et les numéros de téléphone des utilisateurs enfreignant les lois seraient partagés avec les autorités compétentes. Cette démarche souligne l’aspect politique de l’affaire, où les relations personnelles et les intérêts nationaux se mêlent de manière complexe.
Pavel Durov, le créateur du réseau social Telegram, a fait face à une série de chefs d’accusation en France fin août. Placé en détention entre le 24 et le 28 août, Durov a été pris dans une tourmente judiciaire alimentée par des enquêtes sur des accusations de fraudes financières, d’activités illicites sur sa plateforme, et de liens suspects avec des milieux criminels. Cependant, ce n’est pas tant les faits reprochés à Durov qui ont attiré l’attention du public, mais plutôt l’intervention de Xavier Niel, milliardaire français et ami de longue date de Durov. L’intervention de Niel, malgré ses motivations d’amitié, met en exergue un système où les intérêts personnels et l’influence politique peuvent peser lourd dans les affaires judiciaires, et où les failles juridiques peuvent être exploitées à des fins particulières.
L’intervention de Xavier Niel
Le 24 août 2024, le fondateur de Telegram, Pavel Durov, a été arrêté lors de son arrivée à l’aéroport de Bourget. Il est accusé de nombreuses infractions incluant entre autres la facilitation des transactions illicites en bande organisée via sa plateforme, le refus de communication d’informations aux autorités, le blanchiment de crimes et bien d’autres encore.
L’entrepreneur franco-russe n’a pas été incarcéré. En revanche, il n’a pas le droit de quitter le territoire français. Le soir de son arrestation, le propriétaire de la plateforme de messagerie a demandé à parler avec le magnat de l’Internet français Xavier Niel.
Le rôle de Xavier Niel dans cette affaire a rapidement pris de l’ampleur. Le 27 septembre, dans une interview diffusée sur BFMTV, Xavier Niel a déclaré que Durov était « son copain ». Selon Niel, cette intervention n’était qu’un acte de loyauté envers son ami, qu’il considère comme « innocent tant qu’il n’a pas été condamné ». Selon le propriétaire de Free, l’entrepreneur franco-russe « n’a pas franchi la ligne rouge parce qu’il n’a pas été condamné ». Il aurait plaidé la cause de Durov auprès de leur « ami commun », le président Emmanuel Macron.
Niel a également évoqué son propre passé judiciaire, soulignant que l’amitié et la solidarité ne devaient pas disparaître lorsque des difficultés légales surgissent. Toutefois, il a soigneusement évité de révéler l’ampleur des négociations qu’il a pu mener en coulisses avec le président Macron, qui, selon certaines sources, aurait montré un intérêt particulier pour l’affaire à la demande de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).
Quand la justice et le pouvoir se mêlent
Le 23 septembre, Durov a annoncé sa volonté de collaborer avec les autorités françaises. Il a donc fait savoir que Telegram a modifié ses conditions d’utilisation et ses règles sur la confidentialité des utilisateurs. « Nous avons clairement indiqué que les adresses IP et les numéros de téléphone des personnes qui enfreignent nos règles peuvent être divulgués aux autorités compétentes en réponse à des demandes légales valables. Ces mesures devraient décourager les criminels. Telegram Search est destiné à trouver des amis et à découvrir des informations, pas à promouvoir des produits illégaux ».
Désormais, la plateforme va fournir aux autorités les informations concernant les utilisateurs suspectés de commettre des activités illicites si la justice l’exige. Pavel Durov a également indiqué que la fonction de recherche de la plateforme a été utilisée « de manière abusive ». « Nous ne laisserons pas les mauvais acteurs mettre en péril l’intégrité de notre plateforme pour près d’un milliard d’utilisateurs », a ajouté l’entrepreneur.
L’arrestation de Durov a mis en lumière des jeux d’influence et de pouvoir qui vont bien au-delà des simples accusations portées contre lui. La France, via ses agences de renseignement, semble avoir pris l’affaire très au sérieux, contrairement à la Russie, où Durov avait déjà refusé de collaborer avec les autorités pour des raisons similaires.
Si Durov a accepté de modifier la politique de Telegram pour se conformer aux exigences légales françaises, les questions autour de l’influence de Xavier Niel et de son réseau d’alliés, notamment le président Macron, restent sans réponse. Alors que cette affaire continue d’évoluer, elle soulève des questions plus larges sur la transparence des négociations entre les pouvoirs économiques et politiques dans les affaires judiciaires de haut niveau.
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