Nous l’avons déjà évoqué, et depuis longtemps : la sécurité sociale est une bombe ambulante. Ses problèmes structurels de trésorerie, sa mauvaise gestion, la condamnent à plus ou moins brève échéance. Avec plus de 15 milliards de déficit en cours, il y a urgence à agir. Loin de suivre nos propositions de réforme (notamment d’ouverture à la concurrence), le Premier Ministre envisage de préserver les bases de la sécurité sociale, mais en dégradant ses prestations. Cette mesure constitue-t-elle vraiment une économie ? pour l’Etat, oui. Pour les Français certainement pas : ce sont eux qui paieront, au final, la stratégie gouvernementale qui n’est, au fond, qu’un transfert de charges. Voici pourquoi.
↪ Le gouvernement multiplie les annonces probables concernant le budget de la sécurité sociale pour 2025
↪ La revalorisation des retraites liée à l'inflation serait repoussée de six mois, de janvier à juillet 2025
↪ Divers remboursements maladie seraient "dégradés", notamment par l'augmentation de la franchise sur les consultations médicales
↪ Le délai de carence dans les indemnités journalières serait allongé
↪ Ces décisions seront en réalité payées par les Français, car les assureurs privés augmenteront leurs tarifs en contrepartie de ces nouvelles charges pour eux
Mais qui paiera les mesures “sociales” (entendez pas là les mesures de sécurité sociale) prévues par le gouvernement ? Les Français, sapristi ! et pas seulement les plus riches. Mais bien tous les Français, selon une mécanique assez facile à comprendre.
- s’agissant du report de la revalorisation des retraites, c’est évidemment une réduction sèche du pouvoir d’achat…
- s’agissant de la dégradation des remboursements maladie, il y a là une autre paire de manches. En effet, toute réduction des remboursements maladie oblige les complémentaires santé à compenser le désengagement de l’Etat. Et toute compensation constitue une charge nouvelle qui est facturée aux assurés par des augmentations de tarifs. On a bien compris que, pour de nombreux parlementaires, cette mécanique de transfert de charges était mystérieuse, mais enfin, à la différence de la sécurité sociale, les assureurs privés ne peuvent être en déficit. Dès lors que leurs charges augmentent, il est inévitable que leurs tarifs suivent le même chemin. Et qui paie la facture ? Les assurés bien sûr
- s’agissant d’un allongement du délai de carence pour les indemnités journalières des salariés en cas d’absence sur son lieu de travail, l’opération sera à peu près la même. D’abord, point choquant : elle ne concernera que les salariés du secteur privé, les fonctionnaires y échapperont. S’agissant du privé, puisque la loi de 1972 dite de mensualisation du salaire oblige l’employeur à compléter les indemnités journalières si un accord de branche le prévoit… on voit bien que le désengagement unilatéral de la sécurité sociale aura des répercussions sur les contrats dits de “prévoyance” (expression impropre) signés avec des assureurs, dont les charges s’alourdiront. Là encore, l’augmentation inévitable des tarifs se traduira par une baisse globale de la masse salariale. Les salaires augmenteront d’autant moins que l’employeur devra payer ses contrat de prévoyance plus cher.
Bref, la théorie selon laquelle Barnier fait des économies est fausse. C’est une formule facile pour cacher des transferts de charge : ce que l’Etat ne prendra plus en charge, les salariés et les assurés sociaux le paieront, notamment par l’intermédiaire d’augmentations de tarifs des assureurs.
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