La Sécurité sociale mise en faillite, par Mickaël Ciccotelli

Officiellement présenté hier par le gouvernement dans le même mouvement que le projet de loi de finances (PLF) pour 2025, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 a surtout été commenté sous l’angle de ses principales dispositions paramétriques.

Si ses enjeux budgétaires et financiers plus généraux ont moins retenu l’attention commune, ils apparaissent néanmoins fondamentaux, dans la mesure où le PLFSS 2025 paraît s’inscrire dans une mise en faillite programmée de la Sécurité sociale.

Un PLFSS 2025 d’austérité… à 16 milliards de déficit

Comme nous le soulignions dans un précédent article sur le sujet paru sur Tripalio, on constate d’abord qu’à échéance de l’an prochain, le PLFSS 2025 se présente à la fois comme un plan d’austérité et comme un plan très largement déficitaire. S’agissant du premier aspect, tout a déjà été dit ici ou là : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale articule des hausses de cotisations d’un montant de plus de 5 milliards d’euros, sous forme de remises en cause d’exonérations sur les salaires allant jusqu’à 3,5 SMIC, et des restrictions sur les dépenses, notamment à l’assurance maladie et à l’assurance vieillesse, pour près de 10 milliards d’euros. Pour la nation, la potion est amère : en 2025, les salariés et les employeurs vont payer plus cher pour financer un système social qui va leur procurer moins de prestations qu’initialement prévu.

Or, malgré ces mesures d’austérité budgétaire de grande ampleur, le PLFSS 2025 porte, au niveau global, sur un nouveau déficit, très important, de la Sécurité sociale. Après un solde négatif estimé à 18 milliards d’euros cette année – dont – 14,6 milliards pour l’assurance maladie et – 6,3 milliards pour l’assurance vieillesse – le résultat devrait être à peine moins mauvais l’an prochain, avec 16 milliards de déficit – dont – 13,4 milliards pour l’assurance maladie et 3,1 milliards pour l’assurance vieillesse. L’austérité n’empêchera donc pas l’endettement social de la France de continuer de progresser dans des proportions importantes. Même lorsqu’ils entreprennent des actions énergiques et douloureuses, les pouvoirs publics ne semblent pas du tout être en mesure de reprendre le contrôle de la trajectoire budgétaire, structurellement lourdement déficitaire, de la Sécurité sociale. Cette situation est inquiétante.

A la Sécurité sociale, des déficits par (dizaines de) milliards

Elle est d’ailleurs plus inquiétante encore si l’on considère les perspectives comptables à moyen et long termes de la Sécurité sociale telles qu’elles sont décrites dans le PLFSS 2025. Comme nos lecteurs pourront le constater en prenant connaissance de l’annexe 1 du projet de loi, les 16 milliards de déficit prévus l’an prochain seraient en réalité un point haut du solde du budget social de la nation. Pour les exercices 2026, 2027 et 2028, il est en effet prévu pour évoluer au-dessus de 17 milliards de déficit, frôlant même les 20 milliards en 2028. Et encore : ceci suppose à la fois le respect des objectifs nationaux de dépenses d’assurance maladie (ONDAM) prévisionnels, censés être inférieurs à 3 % sur cette période, ainsi que la bonne tenue comptable du fonds de solidarité vieillesse (FSV) – dont il est pourtant tentant de penser qu’il pourrait être mobilisé dans le cadre d’une réforme visant à aménager la précédente réforme des retraites.

Ainsi donc, aux termes du PLFSS qui va être débattu au Parlement, le gouvernement table, d’ici 2028, sur plus de 70 milliards d’euros de déficits cumulés. La branche maladie contribuerait largement à ce montant global, avec près de 57 milliards d’euros de déficits cumulés. Le niveau de l’endettement de la France étant ce qu’il est, il apparaît difficilement soutenable de le rehausser encore de ces déficits considérables. A la lecture de ces prévisions budgétaires qui, il faut bien le dire, ont de quoi donner le tournis, une évidence s’impose : la Sécurité sociale file droit vers la faillite. Les concepteurs politico-administratifs du PLFSS 2025 ne sauraient ignorer cette finalité que semblent inéluctablement appeler les chiffres qu’ils ont reproduits dans le texte. Cette faillite de la Sécurité sociale apparaît, autrement dit, programmée.

Des promesses de réformes pénibles

Pour l’heure, cette mise en faillite demeure, certes, textuelle. Les temps étant, dans bien des domaines, fort troublés, il ne saurait être exclu que certains responsables politico-administratifs de l’Etat soient tentés de concrétiser cette mise en faillite théorique. Une seconde hypothèse mérite néanmoins d’être envisagée. Il est tentant de penser que, dans l’esprit des technocrates des affaires sociales et de leurs relais politiques, la mise en faillite de la Sécurité sociale est supposée demeurer textuelle. En s’appuyant sur leurs projections comptables pour le moins sombres, ils pourront en effet promouvoir la mise en œuvre de réformes relativement rugueuses en matière de protection sociale. Le slogan publicitaire est déjà tout trouvé : les réformes ambitieuses ou la faillite ! Le PLFSS 2025 annonce probablement des réformes sociales pénibles pour les Français.

En l’état, il vient d’une part attester du fait que les marges de manœuvre budgétaires de la Sécurité sociale pour l’aménagement de la dernière réforme des retraites seront fort limitées. Les discussions entre les partenaires sociaux et l’Etat devront miser sur d’autres leviers d’action – comme les régimes de prévoyance ? D’autre part, et s’agissant cette fois de l’assurance maladie, le PLFSS 2025 vient constituer un plaidoyer en faveur de décisions structurantes en matière de financement des dépenses. Il peut notamment appeler à une cure d’austérité sévère sur les prises en charge de la Sécurité sociale. Ceci pourrait se traduire soit par un élargissement proportionnel du périmètre d’action des complémentaires santé – et donc un renchérissement notable des cotisations qui les financent – soit par l’abandon du principe du financement mutualisé de certaines dépenses – et donc une explosion du reste à charge des ménages. Les paris sont ouverts.

https://www.youtube.com/watch?v=g1WgB-i1Fck

La Sécurité sociale mise en faillite, par Mickaël Ciccotelli

Des Ashkénazes se révoltent contre le sionisme… Mais que fait Retailleau ?

Supprimer 4.000 postes à l’Éducation Nationale fera-t-il baisser le niveau ?

courrier-strateges

Supprimer 4.000 postes à l'Éducation Nationale fera-t-il baisser le niveau ?

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Articles recommandés

A lire, de Michel Maffesoli: la force de l’imaginaire

Scandale : Ségolène Royal était-elle payée pour intervenir sur BFM TV ?

Articles populaires

Krach boursier : Christine Lagarde lâche une bombe dans la presse

Meyssan : « Netanyahou a menti à son peuple sur ses relations avec le Hamas »

Poutine est-il huMAIN? Il ne bouge pas les MAINS durant son allocution du 21 novembre!

Le miracle de Notre-Dame: Macron a dit merci aux « gens qui ne sont rien » et aux « Gaulois réfractaires »

Comment l’OTAN essaie de faire taire le Courrier

Boutique

Besoin d’aide ?

Informations

Bienvenue !

Créer un compte

Mot de passe oublié

Are you sure want to unlock this post?

Êtes-vous sûr de vouloir annuler votre abonnement ?

La Sécurité sociale mise en faillite, par Mickaël Ciccotelli

Officiellement présenté hier par le gouvernement dans le même mouvement que le projet de loi de finances (PLF) pour 2025, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 a surtout été commenté sous l’angle de ses principales dispositions paramétriques.

Ce contenu est réservé aux abonnés

S'abonner

Acheter l'article

Des Ashkénazes se révoltent contre le sionisme… Mais que fait Retailleau ?

Supprimer 4.000 postes à l’Éducation Nationale fera-t-il baisser le niveau ?

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Articles recommandés

Articles populaires

Boutique

Besoin d’aide ?

Informations

Bienvenue !

Créer un compte

Mot de passe oublié

Are you sure want to unlock this post?

Êtes-vous sûr de vouloir annuler votre abonnement ?