N’en déplaise à tous les déséquilibrés qui croient que le hasard n’existe ni en politique ni en histoire, le débat budgétaire pour 2025 démontre avec une effrayante efficacité que le sort d’une puissance industrielle mondiale peut tout à fait se jouer à la roulette russe. Faites attention à vous… de nombreux marchands de soupe tentent désormais de vous convaincre de suivre des arbitrages opportunistes en matière d’épargne. Comment nous l’indiquons, le moment est venu d’appliquer le meilleur et le plus grand principe d’efficacité administrative ; ne rien faire, et laisser faire.
Plus que jamais, le hasard s’impose en temps de crise comme moteur dans l’histoire de France. Bien entendu, nous manquons de recul, mais il existe une probabilité forte pour que les mois que nous vivons demeurent dans l’histoire comme un passage décisif, une sorte de tremplin historique vers un autre chose encore en gestation, dont nous ignorons le contenu, mais pour lequel j’ai tenté, dans mon dernier livre, de dresser un projet cohérent.
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Et le débat budgétaire – les débats budgétaires devrions-nous dire, puisqu’ils concernent aussi la sécurité sociale – démontrent l’extrême fragilité du gouvernement, et l’exposition de celui-ci au hasard. Tout peut se produire, en l’absence d’une majorité parlementaire claire. Soit un renversement du gouvernement (la fameuse censure, par exemple à l’issue d’une mauvaise manipulation de la grenade appelée 49-3), soit un 49-3 victorieux, soit un accord de dernière minute sur un texte baroque, issu d’arbitrages et de compromis improbables. Aujourd’hui, nous sommes dans l’incertitude complète, et nous voyons bien que l’issue de cette confrontation gigantesque entre des visions antagonistes se décidera par le hasard.
Un soutien au gouvernement au bord de l’explosion
L’existence d’une opposition parlementaire est une habitude, une règle que personne ne découvre. Le gouvernement propose, et l’opposition s’oppose. La Constitution de la Vè République est spécialement conçue pour résister à ce jeu, et pour garantir la survie d’une majorité à ces stratégies de guerilla politique.
Certes, le fait qu’il n’existe plus de majorité, même relative, au Parlement, en faveur du gouvernement, complique singulièrement le jeu. C’est d’autant plus vrai que Barnier est l’homme de Bruxelles, et qu’il ne peut à la fois obéir à la Commission Européenne, et contenter toutes les forces à l’oeuvre au Parlement. Entre tous ces contradictoires, on sent bien que la préoccupation première de Barnier est de remplir la feuille de route imposée par la Commission, et tant pis s’il faut casser des pots en France pour suivre cette voie.
Il y a là, néanmoins, une vraie prise de risque : pour faire adopter son budget, Barnier n’a peut-être pas besoin d’une majorité en sa faveur, mais il doit éviter de former une majorité contre lui. S’il n’y parvient pas, il sera censuré… et l’aventure politique commencera. En l’état, il n’est pas sûr que Barnier mette vraiment toutes les chances de son côté pour ménager toutes les susceptibilités dont il a besoin.
Cette faiblesse se vérifie d’autant plus que, au fond, la principale opposition au gouvernement ne vient pas… de l’opposition, mais bien de la majorité de circonstance, fragile et de bric et de broc, sur laquelle il s’appuie. Ce sont les partis du socle commun qui ont par exemple mis en échec la remise en cause des “allègements de charge” qu’il proposait.
On comprend la mécanique : l’autorité du Président est émoussée, le Premier Ministre est issu des rangs du parti le plus faible à l’Assemblée Nationale. L’étrange attelage qui conduit l’exécutif n’est plus en mesure d’imposer une ligne impopulaire, fut-ce au nom de la cohérence européenne ou du sauvetage de nos finances publiques. Le “socle commun”, l’alliance improbable de LR et des macronistes au sens large, est en réalité le consortium des désaccords et des rivalités. Voilà qui laisse difficilement présager d’une construction solide.
Face à cette incertitude majeure, il faut donc se dire que le Premier Ministre Barnier vient de lancer un grand tour de barillet avant de pointer son arme sur sa tempe. C’est la roulette russe : nul ne sait si un coup mortel va partir ou pas. Le hasard excède la nécessité.
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Ça fait bien longtemps que l’avenir de notre patrimoine s’est déjà joué.
Quand on voit tout ce qu’on lâche avant d’épargner, la partie est déjà perdue.
Maintenant on défend les miettes.
Mais cela attise encore les convoitises !
Il faut dorénavant prendre du risque mais là encore il faut taxer ! Quand on est français il faut aimer la taxe plus que le fromage sinon la vie n’a plus de sens