Il faut toujours se méfier des statistiques car, contrairement à la crétine propagande durant le COVID selon laquelle “les chiffres au moins, ça ne se discute pas”, les chiffres se discutent toujours, par principe, et c’est très bien ainsi. Sauf que les chiffres constituent aussi une base de discussion utile, et c’est comme ça qu’il faut les prendre : certainement pas comme une réalité incontestable, mais comme un point de départ. Et, en matière agricole, les chiffres permettent de nuancer fortement la représentation misérabiliste que nous avons de notre propre réalité agricole.
Le tableau ci-dessus, publié par l’INSEE, donne une vision européenne de la production brute standard (la PBS) moyenne par région en Europe en 2020. La PBS n’est une mesure ni du profit ni du bénéfice des exploitations agricoles, mais seulement de leur chiffre d’affaires. Il faut bien retenir ce point, car il signifie qu’on peut vivre ric-rac et même “crever de faim” dans une grande exploitation, comme on peut vivre très à l’aise dans une petite exploitation. Tout dépend des charges qui viennent plomber le chiffre d’affaires.
- le graphique souligne que certains pays : la Hollande, l’Allemagne du Nord-Oiuest et l’ancienne Allemagne de l’Est, dégagent d’importants chiffres d’affaires. C’est le triomphe de l’agriculture intensive et productive.
- globalement, la France est le pays d’Europe où la production brute “aisée” occupe le pus de surface, même si nous sommes en milieu de peloton. Par rapport à la Hollande et à l’Allemagne, nous manquons de régions vraiment productives
- nous sommes mieux lotis que la plupart des pays européens où les exploitations faiblement productives sont majoritaires
Sur le fond, si l’agriculture française n’est pas la mieux placée en Europe, il est incontestable qu’elle ne manque pas d’atout pour dégager des revenus.
Tout ceci pose évidemment la question des charges qui pèsent sur l’agriculture française par rapport à ses voisins :
- le coût du travail
- le coût de l’investissement
- les normes en tous genres qui freinent la production.
Sur tous ces points, une étude reste à mener. Mais il paraît évident que l’agriculture française n’est ni damnée ni condamnée, à ce stade. Et il paraît indispensable d’analyser enfin ses structures de coût, pour comprendre pourquoi des fermes aussi productives dégagent aussi peu de bénéfices.
Le Courrier des Stratèges
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