Nouvelle escalade israélienne, Beyrouth dénonce une violation de sa souveraineté

Nouvelle escalade israélienne, Beyrouth dénonce une violation de sa souveraineté


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L’armée israélienne a mené une nouvelle frappe dans la banlieue sud de Beyrouth dimanche 27 avril, ciblant un entrepôt de « missiles de précision » appartenant au Hezbollah. Cette attaque, la troisième depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 27 novembre, relance les tensions dans une région déjà fragilisée par des mois de conflit. L’opération, précédée d’ordres d’évacuation, a déclenché une vague de condamnations au Liban et ravivé les craintes d’une reprise de l’escalade des violences.

Le hangar visé par l’armée israélienne est situé dans le secteur de Jamous, à Hadath, non loin du site d’une frappe précédente menée sans avertissement dans la nuit du 1ᵉʳ avril. À proximité se trouve le « Lycée des arts », au cœur d’une zone principalement résidentielle.

Le 26 avril 2025, Israël a mené une frappe aérienne ciblée sur le quartier de Hadath, dans la banlieue sud de Beyrouth, affirmant avoir visé un entrepôt de missiles du Hezbollah. La tension monte dès 17h19 heure locale, lorsque l’armée israélienne publie une « alerte urgente » appelant à évacuer un bâtiment spécifique à Hadath, soupçonné d’abriter des installations du Hezbollah. L’avertissement est suivi de survols intensifs de drones et d’avions de chasse israéliens dans le sud du Liban et autour de Baalbeck.À 17h42, une première frappe d’avertissement est réalisée par drone sur la zone visée. Deux nouveaux tirs d’avertissement sont rapportés à 18h11. Tandis que la population fuit, certains riverains témoignent de leur angoisse grandissante.

Un entrepôt visé à Hadath: Israël justifie son opération

À 18h20, l’aviation israélienne tire un missile sur Hadath, provoquant une forte détonation entendue à des kilomètres. La frappe détruit un bâtiment, un hangar ayant notamment servi lors de commémorations de l’Achoura. Selon des témoins, un incendie est brièvement déclaré, rapidement maîtrisé par les pompiers.

Des rassemblements spontanés ont lieu à proximité du site, des habitants brandissant des portraits de figures historiques du Hezbollah. Dès 19h00, des sources sécuritaires israéliennes affirment que l’aviation a visé un « stock d’armes » du Hezbollah. À 19h08, des images circulent montrant que trois missiles ont été tirés sur le bâtiment. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israel Katz confirment à 19h27 que la frappe visait une « installation abritant des missiles de précision représentant une menace directe ».

Le porte-parole arabophone de l’armée israélienne précise à 19h35 que « des mesures ont été prises pour éviter les pertes civiles », notamment via des avertissements et l’usage de munitions de précision. Des sources israéliennes révèlent également à 19h44 que Washington avait été informé en amont de l’opération.

Le Liban dénonce une violation du cessez-le feu et de sa souveraineté

Les autorités libanaises ont immédiatement réagi, accusant Israël de violer l’accord de trêve. Le président Joseph Aoun a appelé les garants de l’accord – les États-Unis et la France – à « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ». Il a mis en garde contre le risque d’une escalade, déstabilisant davantage une région déjà en proie à des tensions persistantes.

De son côté, la représentante des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis, a exprimé son inquiétude face à la « panique et la crainte d’une reprise des violences » parmi les civils. Elle a exhorté toutes les parties à respecter la résolution 1701 de l’ONU, qui avait servi de base au cessez-le-feu.

Malgré la trêve, les affrontements sporadiques se poursuivent. Pour rappel, le 1er avril, une frappe israélienne avait tué un responsable du Hezbollah, et une autre attaque avait visé la même zone fin mars. Dimanche, l’armée israélienne a également annoncé avoir « éliminé un terroriste du Hezbollah » dans le sud du Liban, où un drone a fait un mort selon les autorités libanaises.

Ces incidents illustrent la fragilité de l’accord de cessez-le-feu et la difficulté à maintenir une paix durable dans la région. Alors que le Hezbollah affirme respecter la trêve, Israël justifie ses frappes par la nécessité de neutraliser toute menace sécuritaire.

Cette nouvelle frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth risque de remettre en cause l’équilibre précaire instauré depuis le cessez-le-feu du 27 novembre 2024. Tandis qu’Israël affirme agir pour prévenir des menaces sécuritaires, les autorités libanaises dénoncent une violation dangereuse de leur souveraineté, appelant la communauté internationale à réagir pour éviter une escalade incontrôlée.


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