Comment Microsoft alimente la machine de guerre israélienne

Comment Microsoft alimente la machine de guerre israélienne


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La semaine dernière, Microsoft a admis avoir fourni des services étendus de stockage de cloud et d’intelligence artificielle (IA) à l’armée Israël pendant le génocide à Gaza. En revanche, le géant de la technologie nie l’allégation selon laquelle, ils ont été utilisés par le Tsahal pour « cibler ou nuire aux Palestiniens ». Pourtant, cette affirmation est peu crédible vu les liens étroits et profonds entre Microsoft et Israël.

Depuis le 7 octobre 2023, la guerre à Gaza a mis en lumière l’implication croissante des géants technologiques américains,Google, Meta et surtout Microsoft sont directement impliqués dans les opérations militaires israéliennes. De nouvelles enquêtes révèlent que ces entreprises, en recrutant d’anciens membres des services de renseignement israéliens et en fournissant des technologies avancées comme l’IA et le cloud, jouent un rôle clé dans le soutien à l’armée israélienne.

Recrutement d’anciens membres des services de renseignement israéliens

Accusé d’avoir fourni à l’armée israélienne les moyens techniques nécessaires pour réussir le génocide à Gaza, Microsoft a déclaré la semaine dernière qu’il s’agit d’une affirmation infondée. La multinationale informatique américaine fondée par Bill Gates et Paul Allen a admis avoir fourni des services de stockage de cloud et d’IA à l’armée israélienne. Toutefois, l’enquête interne menée ne permet pas de prouver que Tsahal a « utilisé ces services pour  cibler ou nuire aux Palestiniens », a-t-elle affirmé.

Mais cette affirmation du géant de la technologie est peu crédible vu les liens profonds et étendus qu’il a entretenus avec Israël, et ce, depuis longtemps. Tout d’abord, plus d’un millier d’anciens soldats et agents des renseignements israéliens travaillent pour Microsoft. Ils sont répartis dans les bureaux en Israël, à Miami, à San Francisco, à Boston et à New York ainsi que dans le siège mondial de la multinationale américaine à Redmond et à Seattle.

Selon le blog « Do not Panic! » sur Substack, Google et Meta embauchent activement d’anciens membres de l’unité 8200, une division d’élite des Forces de défense israéliennes (FDI) spécialisée dans la cybersurveillance. Parallèlement, une enquête indépendante a révélé que Microsoft emploie plus de 1 000 anciens soldats et agents de renseignement israéliens dans ses bureaux en Israël, ainsi que des dizaines d’autres aux États-Unis. Parmi eux figurent des profils de haut niveau, comme :

  • Jonathan Bar Or, chercheur principal en sécurité à Redmond, ayant servi six ans et demi dans les FDI (Microsoft Statement).
  • Eitan Shteinberg, cadre supérieur sur la plateforme cloud à Bellevue, avec plus de dix ans dans les FDI et un passé chez Elbit, une entreprise d’armement israélienne.
  • Roy Rubinstein, basé à Boston, qui a passé neuf ans dans les FDI, travaillant sur des technologies pour véhicules autonomes.
  • Joseph Berenbilt, opérateur dans une unité d’élite des FDI, travaillant sur Azure, une plateforme impliquée dans les opérations militaires israéliennes.

Microsoft, principal fournisseur technologique de Tsahal

Même si Microsoft affirme qu’il n’a en aucun cas fourni une aide à l’armée israélienne lors des attaques à Gaza, des sources révèlent que l’entreprise américaine a bel et bien contribué à cette guerre.  Un rapport publié récemment révèle que l’armée israélienne a utilisé un système maintenu par Microsoft Azure, nommé « Rolling Stone », pour gérer le registre et les mouvements des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza.

Le magazine indépendant basé en Israël-Palestine +972 a aussi rapporté que la responsable israélienne des technologies de l’information, Racheli Dembinsky, a décrit l’IA comme un outil assurant à Israël une « efficacité opérationnelle très significative » à Gaza, lors d’une conférence à Tel-Aviv. Pourtant, le même magazine a révélé dans un article l’étroite collaboration entre les employés de Microsoft et des unités de l’armée israélienne dans le développement de produits et de systèmes clés.

Il se trouve aussi qu’Israël se sert du big data et de l’IA pour établie la liste des noms à assassiner. Pourtant, les vidéos publiées sur Internet et les données émanant des organismes des Nations Unies travaillant à Gaza révèlent que la plupart des personnes tuées lors des frappes israéliennes étaient des enfants.

D’une manière ou d’une autre, Microsoft a contribué à ces massacres. Les anciens membres de l’armée israélienne qui travaillent désormais pour la multinationale américaine ne sont pas de simples civils inoffensifs. Ce sont les architectes du mal puisqu’ils usent de leur position au sein de l’entreprise et de leur accès aux technologies modernes développées par la multinationale informatique pour orchestrer « les pires crimes contre l’humanité jamais commis ».

Microsoft a collaboré avec Israël pour collecter d’énormes données sur les Palestiniens. Elles ont permis au Tsahal de mener des actions militaires « ciblées » et de perpétrer des massacres de masse. Le jour où Israël devra répondre à ces crimes et ces actes d’apartheid, Microsoft ne pourra pas échapper aux sanctions.

Les employés de Microsoft ont protesté contre ces contrats, formant des groupes comme « No Azure for Apartheid » et exigeant plus de transparence. Des incidents, comme la désactivation du compte de messagerie du procureur de la CPI, Karim Khan, ont également alimenté les critiques. Par ailleurs, Google et Meta font face à des accusations similaires pour leur recrutement d’anciens membres de l’unité 8200 et leur fourniture de technologies à l’État israélien, bien que les détails soient moins documentés. Des employés de Google auraiennt été licenciés pour avoir protesté contre ces contrats.

En recrutant d’anciens membres des FDI, en fournissant des technologies avancées et en acquérant des entreprises liées à l’appareil militaire israélien, Google, Meta et surtout Microsoft jouent un rôle central dans le conflit à Gaza et le système d’apartheid en Cisjordanie. Bien que Microsoft affirme que ses services n’ont pas été utilisés pour nuire aux Palestiniens.


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