Bonne nouvelle ! On a retrouvé une partie de votre pognon…

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Le conflit des taxis opposés à la prochaine convention de l’assurance-maladie (qui prévoit quelques centaines de millions d’économies) donne une illustration parfaite des contradictions propres à notre prétendu « modèle social ». D’un côté, il s’agit de « soigner » et de « protéger » de façon solidaire. D’un autre côté, il s’agit de subventionner des métiers ou d’aménager le territoire en maintenant des structures hospitalières en surnombre. Où passe le pognon de nos cotisations si coûteuses ? Dans une dispersion vers des objectifs qui n’ont plus rien à voir avec l’objectif initial de protection que le CNR avait fixé à la sécurité sociale.

Les taxis bloquent les rues de Paris pour protester contre les projets de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. Dans le cadre de la prochaine convention avec les taxis conventionnés, Thomas Fatome, directeur général de la Caisse, prévoit de faire entre 150 et 300 millions d’économies, pour une dépense actuelle d’environ 2,6 milliards au total.

  • Rappelons que les dépenses de l’assurance maladie font l’objet de conventions pluriannuelles entre la Caisse nationale et les professions. Le gouvernement n’est pas compétent pour se mêler de ce dossier. C’est une question de « démocratie sociale ».
  • Les taxis recourent à la violence et à l’intimidation pour « politiser » le dossier et court-circuiter le directeur général de la Caisse.

Or les dépenses en matière de transport sanitaire accusent une forte augmentation depuis le COVID, comme le montre le dernier rapport sur les comptes de la sécurité sociale :

On le voit, En 2019, le transport sanitaire coûtait 4 milliards à la sécu. En 2024, il a dépassé les 5,5 milliards, dont la moitié environ pour les seuls taxis conventionnés. Dans le même temps, les honoraires des médecins de ville ont coûté 6 milliards. La sécurité sociale peut donc ici être interrogée sur la pertinence de l’allocation de ses moyens, puisque des sommes importantes servent à subventionner des entreprises de transport et non à soigner directement.

  • Les syndicats de taxi jouent abondamment sur la corde du chantage à l’emploi pour défendre leurs intérêts, arguant même que la mise en oeuvre des projets de la CNAM se traduirait par 40% de faillites pour les 30.000 taxis conventionnés en France…
  • Rappelons que, en l’état, l’assurance-maladie rembourse jusqu’à 150km de trajet en taxi (300 km aller-retour). Ce dispositif a zombifié une partie du marché : certains chauffeurs de taxi semblent n’avoir de rentabilité économique que grâce au marché captif de la sécurité sociale

Les remboursements de transports sanitaires constituent donc un parfait exemple des désordres causés par l’intervention de l’Etat dans la vie économique :

  • des dépenses en hausse vertigineuse sans explication rationnelle
  • des offres inflationnistes et non viables créées par la perspective d’une subvention captive
  • une addiction généralisée qui rend impossible tout assainissement de la situation

Sur le fond, appartient-il à la sécurité sociale de financer à guichets ouverts des déplacements de malades vers les hôpitaux ?

Dans tous les cas, la petite musique du « où passe le pognon ? », souvent suggestive de corruption, de détournements, d’inégalités au profit de la caste, trouve ici sa réponse : le « pognon » de nos prélèvements obligatoires profite à des tas de Français ordinaires qui adorent dénoncer l’abandon dans lequel ils se trouvent… mais vivraient-ils aussi bien s’ils ne récupéraient pas nos contributions sous une forme ou sous une autre ?

Rappelons que nous avons proposé de nombreuses solutions pour financer la protection sociale autrement.


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Rédaction

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