Pologne: l’UE détourne les fonds post-COVID pour la défense

Pologne: l’UE détourne les fonds post-COVID pour la défense


Partager cet article

Bruxelles vient d’autoriser la Pologne à réaffecter près de 6 milliards d’euros de fonds initialement destinés à la relance post-COVID pour financer des projets de défense. Cette décision, validée par la Commission européenne le 27 mai 2025, soulève des questions graves sur les priorités de l’UE et son respect des principes qui guidaient initialement ces fonds. Alors que la défense devient une priorité face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cette réorientation des ressources financières révèle une bureaucratie européenne prête à sacrifier ses propres engagements pour des objectifs géopolitiques, au détriment de ses citoyens.

Après la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19, les Etats membres de l’Union européenne (UE) ont bénéficié de subventions afin de relancer les économies. Mardi, Bruxelles a autorisé la Pologne de réaffecter les fonds post-Covid pour financer des projets de défense.

Un détournement des objectifs initiaux

Après la pandémie du CXovid-19, les Etats membres de l’UE devaient présenter un plan national de relance et de résilience (PNRR). Il inclut des projets visant à relancer leurs économies. La Commission européenne leur attribuait alors des fonds pour les financer.

Les Etats membres de l’UE sont censés dépenser l’argent attribué avant la fin de l’année 2026. Mais la mise en œuvre du plan national de relance s’est avérée difficile pour la plupart d’entre eux. Ils sont alors autorisés à soumettre des plans révisés.

Le 30 janvier, la Pologne a profité de l’occasion pour proposer la réaffectation des fonds post-Covid pour financer des projets liés à la sécurité et de défense. La Commission a approuvé sa demande. En effet, mardi, Bruxelles a autorisé à la Pologne d’injecter environ 6 milliards d’euros de fonds post-Covid pour stimuler la production militaire.

Le secrétaire d’Etat polonais au ministère des Finances et de la Politique régionale, Han Szyszko a écrit sur X que « la Pologne sera la première à investir des milliards issus du Plan de relance national (KPO) dans la sécurité et la défense ». « D’autres pays tentent désormais de suivre notre exemple », a-t-il ajouté.

Pour renforcer la résilience des Etats membres

Un porte-parole de la Commission a déclaré que les activités liées à la défense permettent de « renforcer la résilience des Etats membres » tant qu’elles ne violent pas la politique de défense mentionnée dans l’article 41(2) du traité sur l’Union européenne.

Avec la guerre en Ukraine, la défense est devenue une priorité absolue pour l’UE. La Commission prévoit même d’injecter des milliards d’euros dans le secteur de la défense dans le cadre du plan « Readiness 2030 ». Le but serait de combler les lacunes des capacités militaires de l’UE.

Pour autan, cette décision illustre également le fonctionnement opaque et centralisé de l’UE. L’approbation par procédure écrite, sans débat public ni consultation des parlements nationaux, renforce l’image d’une institution déconnectée des réalités des citoyens. Alors que Bruxelles proclame son attachement à la démocratie et à la transparence. A Bruxelles, les décisions majeures semblent être prises dans l’ombre par une poignée de technocrates.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Trump II : l'imposture souverainiste et le triomphe de l'étatisme, par Elise Rochefort

Trump II : l'imposture souverainiste et le triomphe de l'étatisme, par Elise Rochefort

Lors de son investiture en janvier dernier, Donald Trump promettait à l'Amérique un "nouvel âge d'or". Il s'était vendu à l'électorat, et à une partie du monde fascinée par son discours, comme le champion du peuple contre les élites, le rempart souverainiste contre la dissolution mondialiste, et l'homme d'affaires pragmatique qui allait "assécher le marais" de Washington. Un Asselineau ou un Philippot américain au fond. Dix mois plus tard, le bilan est cinglant. L'Amérique est plongée dans


Rédaction

Rédaction

Meloni veut que le piège de la BCE se referme : l'heure de la grande confiscation

Meloni veut que le piège de la BCE se referme : l'heure de la grande confiscation

Le ministère italien des Affaires Etrangères Tajani a imploré la BCE de baisser ses taux directeurs pour favoriser les exportations italiennes, fragilisées par le protectionnisme de Trump. Mais la balance commerciale italienne est positive (contrairement à la France). Ne s'agit-il pas plutôt de diminuer le coût de la dette pour l'Etat italien, sur le dos des épargnants qui vont s'appauvrir ? Pour comprendre la crise systémique qui couve, il faut saisir l'interaction toxique entre trois pili


Rédaction

Rédaction

Bébéar, le parrain par qui le capitalisme à l'anglo-saxonne a combattu le capitalisme de connivence en France

Bébéar, le parrain par qui le capitalisme à l'anglo-saxonne a combattu le capitalisme de connivence en France

Le terme de « parrain », accolé par la presse et ses pairs à Claude Bébéar, n'est pas anodin. Il ne décrit pas un simple manager, aussi brillant soit-il, mais un détenteur d'autorité, un régulateur de l'ordre implicite, un arbitre des conflits du capitalisme français. Mais de quel capitalisme parle-t-on? Pour le comprendre, il faut saisir le moment de son avènement : l'après-Ambroise Roux. Le trône de la place de Paris est devenu vacant en avril 1999, au décès de Roux. Ce dernier incarnai


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Dans l’histoire, très peu de déficits budgétaires ont été réduits à coups de hausses d’impôts !
Photo by Dimitri Karastelev / Unsplash

Dans l’histoire, très peu de déficits budgétaires ont été réduits à coups de hausses d’impôts !

Croire qu’on peut réduire le déficit public en augmentant les impôts relève du réflexe maladif : seule la réduction de la dépense publique peut, dans la France de 2025, y parvenir. L'État moderne est en effet un pompier-pyromane: face à l'incendie structurel des finances publiques, le premier réflexe, pavlovien, de la caste au pouvoir est de brandir le spectre d’un impôt supplémentaire.Chaque nouveau déficit, chaque alerte de la Cour des Comptes, pourtant acquise à la doxa socialiste, est invar


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT