Projet de loi Trump :11 millions d’Américains risquent de perdre leur assurance santé

Projet de loi Trump :11 millions d’Américains risquent de perdre leur assurance santé


Partager cet article

Adopté avec un faible écart de voix à la Chambre le mois dernier, le projet de loi de dépenses de Donald Trump est arrivé au Congrès.  Selon une analyse publiée par le Bureau du budget du Congrès (CBO), il augmenterait les déficits de 2,400 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. Parmi les effets les plus controversés du projet de loi, selon le CBO, près de 11 millions d’Américains seront privés d’assurance santé.

Le projet de loi républicain porté  à la Chambre des représentants représente bien plus qu’un programme de campagne : il redéfinit les grandes orientations économiques de la nouvelle administration Trump. Selon une analyse du CBO, organisme non partisan, cette législation creuserait le déficit fédéral de 2.400 milliards de  dollars sur dix ans. En cause : la volonté de pérenniser les réductions d’impôts de 2017, principal pilier de la doctrine trumpienne. Cette prévision contredit frontalement les affirmations du GOP, qui assure que les allégements fiscaux seraient compensés par des coupes budgétaires ciblées et une croissance économique dynamisée. Le CBO estime de manière neutre les effets budgétaires bruts, sans encore intégrer les hypothétiques gains de croissance – qui pourraient atténuer mais non annuler l’impact sur le déficit.

Un projet de loi générant des changements coûteux

Après avoir été approuvé par la Chambre des représentants avec un faible écart de voix, le grand projet de loi du président Donald Trump est actuellement examiné par le Congrès.  Le locataire de la Maison Blanche exhorte les sénateurs à signer la législation d’ici le 4 juillet. Baptisée « One Big Beautiful Bill Act », elle fait écho aux nombreuses promesses de campagne électorale de Donald Trump.

Alors que le projet de loi passe maintenant entre les mains du Sénat, il fait face à une résistance interne.Plusieurs sénateurs s’opposent à des éléments clés, notamment :

  • La remise en cause des crédits d’impôt pour l’énergie propre instaurés sous Biden ;
  • Le débat autour des déductions fiscales locales (SALT) ;
  • L’ampleur des coupes dans Medicaid, jugées politiquement risquées.

Le projet de loi vise l’extension du programme de réduction des impôts approuvés en 2017 qui devraient prendre fin en décembre, ce qui serait la principale cause des déficits futurs d’après l’analyse du CBO.  La législation prévoit aussi des dépenses massives de 350 milliards de dollars pour assurer la sécurité des frontières, les expulsions et la sécurité nationale.

Le projet de loi de dépenses a déjà été critiqué par Elon Musk, qu’il avait qualifié « d’abomination répugnante pour l’Amérique », « honte à ceux qui ont voté en sa faveur ».Les démocrates l’appellent aussi le « gros et laid projet de loi » de Trump. L’analyse publiée par le Bureau du budget du Congrès (CBO) mercredi présente aussi de nombreux aspects négatifs de la législation. Notons que le travail de cet organisme non partisan a permis aux législateurs de prendre des décisions adéquates depuis des décennies. Les membres du Congrès qui veulent comprendre l’impact budgétaire de ce vaste projet de loi vont sans doute étudier avec soin l’analyse du CBO.

Santé publique sacrifiée : 11 millions de personnes sans assurance

Parmi les effets les plus controversés du projet de loi figure une réduction massive des programmes sociaux, notamment Medicaid et l’aide alimentaire (SNAP). L’introduction d’exigences de travail strictes, la réduction des périodes d’inscription, et des coupes administratives qualifiées de lutte contre le “gaspillage” entraîneraient, selon le CBO, près de 11 millions d’Américains privés d’assurance santé.

Cette politique inquiète même certains sénateurs républicains modérés, comme Josh Hawley, qui a publiquement exprimé son opposition à de telles coupes dans un éditorial du New York Times.

A l’annonce de l’analyse du CBO, la Maison Blanche a immédiatement défendu le projet de loi en la qualifiant de victoire pour l’économie. Le secrétaire de presse de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a par exemple déclaré que le CBO avait eu « historiquement tort ». Elle a aussi dénoncé le manque d’impartialité des employés du CBO, qui sont pourtant soumis à des règles éthiques très sévères.

Quant au chef de la majorité du Sénat, John Thune, il a indiqué que le bureau du budget avait « complètement tort » d’avoir sous-estimé les recettes potentielles des réductions fiscales de Trump en 2017.« Cela améliorera le déficit. Cela nous aidera à faire face à la dette. Il présente des niveaux historiques d’économies obligatoires. Le fait que le Bureau du budget du Congrès ne soit pas d’accord n’est pas particulièrement nouveau », a déclaré aux journalistes le chef du budget de l’administration Trump, Russel Vought.

En parallèle de ce débat budgétaire, les effets concrets des politiques protectionnistes de Trump refont surface. De récents rapports industriels comparent les perturbations actuelles des chaînes d’approvisionnement, causées par les nouveaux tarifs douaniers, à celles vécues durant la pandémie de COVID-19.

Des constructeurs automobiles comme Ford ont dû interrompre la production, faute de composants critiques tels que les aimants, majoritairement produits en Chine.

Le projet de loi budgétaire de Donald Trump, présenté comme un retour à la grandeur américaine, repose sur des promesses électoralement séduisantes mais économiquement risquées : réduction des impôts, coupes dans les aides sociales, protectionnisme commercial.Le Sénat, désormais maître du jeu, devra trancher entre loyauté partisane et responsabilité budgétaire.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Comme la France, la Belgique décrédibilise sa dette. Voici comment ! par Veerle Daens

Comme la France, la Belgique décrédibilise sa dette. Voici comment ! par Veerle Daens

Observons nos voisins. En France, les débats font rage sur un déficit qui s'envole et une dette dépassant les 115 % du PIB. Paris est sous le regard attentif de Bruxelles. Mais la Belgique, dans un silence médiatique relatif, suit exactement la même trajectoire. La crise politique aiguë qui paralyse Bruxelles n'est pas la cause de nos problèmes ; elle en est le symptôme le plus visible. Par Veerle Daens. La mission de 50 jours que s'est auto-attribuée le Premier ministre Bart De Wever n'est p


CDS

CDS

Par quoi voulons-nous remplacer la démocratie représentative?

Par quoi voulons-nous remplacer la démocratie représentative?

Ce pont du 10 novembre, moment de répit dans l'agitation nationale, offre une occasion de prendre du recul sur le spectacle de notre propre impuissance. La France est paralysée. Le chaos parlementaire, les blocages institutionnels et la déconnexion béante entre le pays légal et le pays réel ne sont plus des accidents de parcours ; ils sont le symptôme d'une maladie chronique. La tentation est grande, comme toujours, de personnaliser la crise. On accuse volontiers l'hyperprésidentialisation


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

PLFSS 2026 : l'art de la pyrotechnie parlementaire, par Vincent Clairmont

PLFSS 2026 : l'art de la pyrotechnie parlementaire, par Vincent Clairmont

L'adoption, samedi 8 novembre 2025, de la première partie du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026 n'aura trompé personne au sein de l'Hémicycle. Le score étriqué de 176 voix pour contre 161 ne signe en rien une adhésion au projet du gouvernement, ni même une improbable lune de miel sur l'autel des finances sociales. Ce vote, fruit d'un calcul politique aussi cynique que nécessaire, est avant tout une manœuvre. Une partie de l'opposition, notamment le Parti


Rédaction

Rédaction

Pourquoi votre stratégie Barbell est incomplète sans la bonne banque privée digitale

Pourquoi votre stratégie Barbell est incomplète sans la bonne banque privée digitale

L’année 2026 semble promise, comme les précédentes, à une volatilité extrême et à des chocs imprévisibles. Les modèles d'investissement classiques, qui misent sur la « diversification moyenne » et l’optimisation du risque au milieu du spectre, sont non seulement fragiles, mais destinés à être pulvérisés à l’occasion du prochain « cygne noir » que l'Histoire ne manquera pas de nous servir. Face à ce chaos qui se déploie sous nos yeux, nous vous avons présenté dimanche 2 novembre la seule philoso


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT