Missiles Patriot : Trump relance les livraisons à Kiev sur fond de pénurie critique

Missiles Patriot : Trump relance les livraisons à Kiev sur fond de pénurie critique


Partager cet article

Sous pression militaire et diplomatique, Washington a décidé de reprendre les livraisons d’armes à l’Ukraine. Malgré cette reprise, les détails sur les armes livrées restent flous.Les responsables ont évoqué la reprise de l’envoi de missiles Patriot, Sparrow, Hellfire, de roquettes GMLRS et de canons antichars, mais sans précision sur les volumes ni les délais. Pour autant, l’armée américaine, bien que technologiquement supérieure, n’échappe pas à la contrainte des stocks et de production, menacée de rupture.

Lundi, avant un dîner à la Maison Blanche avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, Donald Trump a déclaré aux journalistes qu’il « enverrait encore plus d’armes », à l’Ukraine. Mais le secrétaire adjoint à la Défense, Stephen Feinberg, a signé l’arrêt du transfert. Il se trouve en effet que les stocks de missiles intercepteurs Patriot ne suffisent à couvrir les besoins du Pentagone lors d’éventuelles opérations militaires.

Seulement 25% des besoins en missiles Patriot du Pentagone disponibles

Donald Trump a récemment déclaré à la presse qu’il va continuer à envoyer « plus d’armes » à l’Ukraine. Pourtant, le secrétaire adjoint à la Défense, Stephen Feinberg, vient d’autoriser l’arrêt du transfert. Cette décision a été prise pendant l’examen du niveau de stocks de missiles et d’autres munitions au mois de février selon quatre individus directement au courant du dossier.

En effet, la situation est devenue critique lorsque l’administration Trump a décidé de soutenir la campagne d’Israël contre les Houthis en déployant plusieurs intercepteurs au Moyen-Orient et de bombarder les sites nucléaires iraniens. L’armée américaine a en effet dû tirer environ 30 missiles Patriot pour répondre aux représailles de l’Iran. Ils servaient à intercepter les missiles balistiques iraniens tirés sur la base d’Al Udeid au Qatar.

Ces mêmes sources ont indiqué que le niveau minimum de stocks de missiles intercepteurs Patriot requis pour mener à bien les éventuelles opérations militaires de l’armée américaine a été atteint. Ils ne suffisent plus à couvrir qu’environ 25% des besoins du Pentagone, une situation devenue une source d’inquiétude au sein du Département de la Défense.

Le système de suivi géré par les chefs d’état-major interarmées et l’agence de coopération en matière de sécurité de défense du Pentagone a révélé l’épuisement des stocks d’un certain nombre de munitions critiques, et ce, depuis que l’administration Biden a fourni une aide militaire à l’Ukraine.

Le sous-secrétaire à la Défense chargé de la politique, Elbridge Colby, aurait déjà envoyé une « note de recommandation » au bureau de Feinberg suite à l’épuisement des stocks de missiles Patriot. Il a présenté différentes options pour conserver les armes dans le document en question. Des rapports antérieurs ont même révélé qu’il avait suspendu le transfert. Mais selon certaines sources, Colby n’a pas le pouvoir de prendre une telle décision. Seul l’ancien directement général de Cerberus Capital Management, Feinberg, pourrait prendre cette mesure, que le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a d’ailleurs approuvé.

Production en difficulté et livraisons incertaines

En coulisse, il semble que le Pentagone continue de faire l’inventaire des munitions disponibles à l’aide d’un système de surveillance basé sur un code tricolore (rouge, jaune, vert), qui indique l’état de chaque stock critique. De nombreuses munitions affichent un niveau rouge, notamment les missiles Patriot, GMLRS, Hellfire, ou encore les obus de 155 mm.

Selon un responsable américain, le décompte exact est long et complexe, car les missiles peuvent changer de juridiction logistique entre l’armée de terre et les commandements de combat comme le CENTCOM. Les données partielles disponibles confirment que les stocks envoyés à l’Ukraine proviennent majoritairement de l’armée, laquelle peine à suivre la cadence de production.

Le général Steve Warren a reconnu que l’objectif de produire 100 000 obus de 155 mm par mois ne serait atteint qu’en 2026, soit un an de retard sur les prévisions.

Même constat pour les missiles Patriot, dont la production plafonne à 600 unités par an, alors que l’Iran détient plus de 1 000 missiles balistiques susceptibles de viser des bases américaines si le cessez-le-feu régional vint à cesser.

La fabrication de ces armements mobilise les mêmes entreprises que celles chargées de fournir l’Ukraine dans le cadre du programme USAI (Ukraine Security Assistance Initiative), ce qui crée une concurrence directe entre l’effort de guerre ukrainien et les priorités américaines.

La crainte principale demeure de Washington serait d’ entamer des stocks déjà au bord de la rupture. Cette décision intervient dans un contexte d’isolement progressif de Trump sur la scène internationale, alors que ses menaces de nouvelles sanctions contre l’industrie pétrolière russe n’ont eu aucun effet concret sur le Kremlin.

Entre les tensions au Moyen-Orient, la pression russe et les priorités stratégiques en Asie, le Pentagone doit aujourd’hui arbitrer entre ses engagements et ses capacités réelles…une équation ouverte , mais surtout explosive.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
PLFSS 2026 : l'art de la pyrotechnie parlementaire, par Vincent Clairmont

PLFSS 2026 : l'art de la pyrotechnie parlementaire, par Vincent Clairmont

L'adoption, samedi 8 novembre 2025, de la première partie du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026 n'aura trompé personne au sein de l'Hémicycle. Le score étriqué de 176 voix pour contre 161 ne signe en rien une adhésion au projet du gouvernement, ni même une improbable lune de miel sur l'autel des finances sociales. Ce vote, fruit d'un calcul politique aussi cynique que nécessaire, est avant tout une manœuvre. Une partie de l'opposition, notamment le Parti


Rédaction

Rédaction

Pourquoi votre stratégie Barbell est incomplète sans la bonne banque privée digitale

Pourquoi votre stratégie Barbell est incomplète sans la bonne banque privée digitale

L’année 2026 semble promise, comme les précédentes, à une volatilité extrême et à des chocs imprévisibles. Les modèles d'investissement classiques, qui misent sur la « diversification moyenne » et l’optimisation du risque au milieu du spectre, sont non seulement fragiles, mais destinés à être pulvérisés à l’occasion du prochain « cygne noir » que l'Histoire ne manquera pas de nous servir. Face à ce chaos qui se déploie sous nos yeux, nous vous avons présenté dimanche 2 novembre la seule philoso


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

9/11 : quand un prof de Berkeley contestait le rôle de Cheney, par Thibault de Varenne

9/11 : quand un prof de Berkeley contestait le rôle de Cheney, par Thibault de Varenne

Elise Rochefort a évoqué pour nous les controverses officielles sur l'emploi du temps de Dick Cheney le 11 septembre 2001. Peter Dale Scott, diplomate canadien devenu professeur à l'Université Berkeley, en Californie, a prétendu documenter le contexte de cette affaire explosive. Et voici les thèses qu'il a défendues, accompagnées de leurs critiques, bien entendu... Peter Dale Scott (né en 1929) représente une figure intellectuelle singulière et complexe dans le paysage académique nord-améri


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Que faisait feu Dick Cheney le 11 septembre 2001 ? par Elise Rochefort

Que faisait feu Dick Cheney le 11 septembre 2001 ? par Elise Rochefort

Le 11 septembre 2001, le vice-Président de George W. Bush, Dick Cheney, décédé cette semaine, fait face seul ou presque au traumatisme du polyterrorisme qui frappe les USA. Mais qu'a-t-il fait au juste ? Près de vingt-cinq plus tard, voici le point des zones d'ombre et de controverse. L'analyse du rôle joué par le vice-président Richard "Dick" Cheney le 11 septembre 2001 est essentielle pour comprendre la réponse du gouvernement américain à la crise et l'évolution ultérieure de l'autorité e


Rédaction

Rédaction