Facture énergétique de l’Etat: une dépense sans contrôle fustigée par la Cour des comptes
La Cour des comptes : présentation et missions

Facture énergétique de l’Etat: une dépense sans contrôle fustigée par la Cour des comptes


Partager cet article

Selon un rapport de la Cour des comptes publié le 22 juillet 2025, la facture énergétique de l’État français a atteint un record de 2,23 milliards d’euros en 2023. Ce quasi-doublement en cinq ans révèle une dépense sans contrôle, sans pilotage unifié ni indicateurs de performance. Aujourd’hui, la dépense énergétique publique est un angle mort des lois de finances, mais elle pourrait vite devenir un fardeau pour les finances publiques, avertit la Cour des comptes.

Le rapport de la Cour des comptes publié le 22 juillet 2025 a révélé que la facture énergétique de l’Etat a explosé et a atteint un chiffre record en 2023. Cette hausse excessive résulte de l’absence de contrôle et de « pilotage centralisé ». Cette facture est passée à près de 1,7 milliard d’euros en 2024, sans faire l’objet d’un traitement spécifique, ni de pilotage efficace. Dans un contexte de contraintes budgétaires croissantes, la poursuite de cette dérive pourrait devenir un fardeau structurel, au même titre que la dette publique ou le financement des retraites.

Une facture record de 2,23 milliards d’euros

La Cour des comptes a publié son rapport sur les dépenses énergétiques de l’Etat français le 22 juillet 2025 dernier. Le verdict est sans équivoque. La facture d’énergie de l’Etat ne cesse de croître. Elle a même exposé et atteint un pic historique de 2,23 milliards d’euros en 2023, contre 1,36 milliard d’euros en 2018. En 5 ans donc, une hausse de 870 millions d’euros a été enregistrée.

Certes, le bilan s’est amélioré en 2024. Le rapport affiche un montant total de 1,69 milliard d’euros. Toutefois la tendance haussière persiste et elle n’est uniquement liée à l’inflation ou à la volatilité des marchés. Cette flambée des dépenses énergétiques de l’Etat met en évidence un problème beaucoup plus grave, dont une « absence de pilotage centralisé ».

Des dépenses sans contrôle et des bâtiments énergivores

La gestion énergétique de l’État s’avère être un véritable gouffre. Selon la Cour des comptes, certaines administrations achètent elles-mêmes leur électricité, d’autres passent par des prestataires, souvent sans ventilation claire des coûts. Les bâtiments publics anciens, mal isolés et fortement énergivores, alourdissent davantage la note.

La dépense énergétique de l’État devient ainsi une somme de décisions incohérentes, sans stratégie commune. Le paradoxe est criant. La France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 22 % d’ici 2027 et de 80 % d’ici 2050, par rapport à 2022. Ces ambitions supposent une réduction massive de la consommation énergétique au sein de l’administration publique.

Mais sans système d’information unifié, ni indicateurs fiables, ni objectifs clairs au niveau ministériel, ces engagements restent hors de portée. Comme le résume la Cour des comptes dans son rapport : « L’absence de données consolidées empêche tout pilotage stratégique. »

Face à cette dérive, la Cour des comptes appelle à une réforme d’envergure. Elle propose :

  • L’unification de la collecte des données énergétiques dans tous les ministères,
  • L’intégration des dépenses énergétiques dans les outils budgétaires de performance publique,
  • La création d’indicateurs de rendement énergétique, pour évaluer les progrès réalisés.

Ces recommandations visent à transformer la facture énergétique actuelle, opaque et incontrôlable, en un outil de pilotage éclairé. Car l’énergie ne peut plus être une variable d’ajustement invisible : elle doit devenir un poste budgétaire stratégique, traité avec la même rigueur que les dépenses sociales ou les investissements publics.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Trump magicien réglant le conflit ukrainien en 24h : encore raté ! par Veerle Daens

Trump magicien réglant le conflit ukrainien en 24h : encore raté ! par Veerle Daens

Ah, la magie de la politique spectacle ! Vous vous souvenez de janvier 2025 ? L’époque bénie où Donald Trump, le messie orange de l’immobilier, nous jurait la main sur le cœur (et l’autre sur son compte X) qu’il réglerait la guerre en Ukraine en 24 heures. Chrono en main. Pas 25, pas 48. Vingt-quatre. Nous sommes le 3 décembre 2025. Si mes calculs sont bons — et contrairement aux budgets de l’État, les miens tombent juste —, cela fait environ 8 000 heures que le compteur tourne. Et devinez q


CDS

CDS

Encore une affaire de corruption au sommet de l'UE ! par Elise Rochefort

Encore une affaire de corruption au sommet de l'UE ! par Elise Rochefort

La police belge vient d'arrêter l'ancienne haute représentante de l'UE Federica Mogherini pour des soupçons de corruption. Désormais à la tête du collège d'Europe, Federica est soupçonne d'avoir profité d'informations confidentielles pour remporter un marché... Il y a des affaires qui tombent mal. Celle qui vient d'éclabousser le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) et le Collège d'Europe en fait partie. Pas pour des raisons de timing politique — l'enquête a débuté bien avant l'


Rédaction

Rédaction

Clap de fin au Japon après 30 ans d’argent magique : pourquoi vous allez vous frotter les mains

Clap de fin au Japon après 30 ans d’argent magique : pourquoi vous allez vous frotter les mains

Le yen, notoirement décoté pour permettre au Japon de maintenir artificiellement la compétitivité-prix de son industrie et ainsi faire face aux Trumponomics, figure dans le compartiment « cash » d’un de nos trois portefeuilles Browne. Avec l’annonce d’une désormais probable hausse du principal taux d’intérêt directeur, Tokyo, en rompant avec trois décennies de coma monétaire, devrait ainsi faire la fortune de ceux d’entre vous qui auraient eu la bonne idée d’opter pour la version dynamique d


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

Vaccins COVID : Big Pharma chute en bourse après l'annonce de la FDA

Vaccins COVID : Big Pharma chute en bourse après l'annonce de la FDA

La révélation par le New York Times d’un mémo interne de la Food and Drug Administration (FDA) constitue un séisme dans le paysage sanitaire et boursier. Ce document, rédigé par Vinay Prasad, directeur du Center for Biologics Evaluation and Research (CBER) de la FDA,indique qu’au moins dix décès d’enfants entre 2021 et 2024 sont « probablement » liés à la vaccination COVID-19, principalement via des myocardites. Lundi, les actions des laboratoires Pfizer/BioNTech et Moderna ont dégringolé.


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany