L'inflation, que les banques centrales (et singulièrement la BCE) désespéraient de voir revenir à 2% depuis une dizaine d'années, vient de pointer le bout de son nez, au moins en Europe. Tout le problème est qu'elle arrive au pire moment : celui où les Etats ont un besoin crucial des interventions des banques centrales (notamment par des taux bas) pour limiter les dégâts de la crise. En continuant à fabriquer de l'argent facile, les banques centrales risquent de favoriser une surchauffe économique, dont une hyper-inflation pourrait constituer le résultat final. Nous parions sur une montée inflationniste dans les prochains mois.
L’inflation revient. En réalité, elle ne revient pas encore, mais elle est sur le point de revenir, et elle va faire mal.
L’inflation ? vraiment ?
Dans la pratique, le retour de l’inflation est encore très timide, et la Banque Centrale Européenne s’emploie à la nier. En janvier 2021, les prix auraient augmenté de 0,9% par rapport à janvier 2020, qui augurait, rappelons-le, d’une mauvaise année. Les analystes avaient situé leurs attentes entre 0,3 et 0,5%.
Une partie de l’explication, selon les “experts”, tient à un changement de mode de calcul de l’indice, et à des augmentations de taxe, notamment en Allemagne. Il n’en reste pas moins que le mandat de la BCE est d’arriver à une inflation de 2%, et que la flambée de janvier risque de poser un problème car cet objectif pourrait être dépassé rapidement.
C’est d’autant plus vrai que l’arrivée de l’administration Biden devrait relancer l’inflation aux Etats-Unis. La mise en place d’un grand plan de relance publique pourrait favoriser une surchauffe de l’économie.
Le mécanisme est plutôt simple à comprendre : le gouvernement américain va encourager la consommation. Une demande forte pousse les prix à la hausse. La même tendance devrait se vérifier en Europe où Christine Lagarde incite les gouvernements à augmenter leurs dépenses publiques pour soutenir la relance.
Partout se met en place une logique inflationniste au nom de la “relance”.
Un problème compliqué à gérer
Il y a quelques semaines, nous avions dressé l’éloge de la déflation, grâce à laquelle le prix des biens diminue et le niveau de vie augmente. Malheureusement, la caste des économistes, qui est en réalité aussi sérieuse que celle des astrologues, est bouffie de doctrine keynésienne selon laquelle seule l’inflation a des vertus.
Tout le problème consiste à vivre dans un univers d’inflation maîtrisée (à 2%, selon les traités européens), et à ne pas dériver faire une hyper-inflation incontrôlable, par exemple au-delà de 10%. Pour maîtriser l’inflation, les banques centrales utilisent généralement deux armes massives : la restriction du crédit et la hausse des taux directeurs.
Face à la béance de la crise qui traverse nos économies, ces deux leviers agiraient comme des bombes atomiques. Ils tueraient en effet tout espoir de reprise, surtout après plusieurs années de Quantitative Easing, pratiqué aussi bien aux USA qu’en Europe.
Les banques centrales vont donc devoir laisser filer l’inflation au nom de la reprise économique, et nul ne sait où ce laxisme nous conduira.
Risque d’affolement général dans les mois à venir
Il faut bien mesurer le risque auquel les économies occidentales sont exposées désormais avec ce retour possible, plausible, de l’inflation que les banques centrales ne peuvent pas contrôler sauf à accroître la crise que nous vivons. Si cette inflation se confirmait (ce qui n’est pas encore acquis, il faut donc rester prudent), la saignée dans les niveaux de vie serait terrible.
Ce serait vrai pour les salariés proches du SMIC, qui devraient acheter leurs biens plus cher, mais ce serait aussi vrai pour les classes moyennes, dont le patrimoine serait directement menacé.
Depuis plusieurs semaines, nous alarmons régulièrement sur le danger que le laxisme budgétaire fait courir à l’ensemble de la société. Ce danger s’appelle l’hyper-inflation, et il est peut-être en train de prendre forme.
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