Alexandre N. propose une lecture originale de la stratégie russe, en fait empruntée à l'histoire militaire: les Russes font-il jamais autre chose que répéter la stratégie du Général Koutouzov face à Napoléon? Une façon de faire qui déconcerte les Américains autant qu'elle déstabilisa Napoléon.
Le mode panique est bien réel
CdS: Quand nous en avons parlé il y a quelques jours, déjà, vous étiez formels: « A Washington, ils sont en mode panique », m’avez-vous déclaré.
Alexandre N: Pour la Maison Blanche, la messe est quasiment dite, si j’ose dire : la momie vivante et son entreprise d’embaumeurs lutte de plus en plus contre une démence sénile de moins en moins contrôlable. Voilà ce qu’on trouve par exemple dans un média américain conservateur :
« Je ressens normalement une grande sympathie pour toute personne qui lutte contre la terrible maladie de la démence. Cependant, dans le cas du président Biden, dont le monde entier sait qu’il lutte contre cette affliction, le sentiment que je ressens est plus proche du dégoût.
La raison pour laquelle mon empathie normale fait défaut est que le président Biden lui-même doit savoir qu’il a cette condition… et il ne le reconnaîtra pas et ne fera pas ce qui est le mieux pour le pays et démissionnera. Non seulement le Président Biden le sait, mais aussi sa femme et ses enfants. Il en va de même pour toute personne qui travaille à la Maison Blanche. En effet, ce doit maintenant être une opération de 24 heures pour les assistants de la Maison Blanche pour écrire les scripts de téléprompteur et les indications scéniques qu’ils doivent produire pour le président Biden ». Qui peut croire sérieusement que l’Amérique est vraiment dirigée par Biden? .
En ce qui concerne le Pentagone, il faut comme d’habitude en revenir à certains fondamentaux. Rappelons d’abord qu’il ne veut absolument pas de confrontation directe avec la Russie car il sait en être la première victime en cas d’une défaite plus que probable si les choses vont trop loin, ce à quoi il est poussé par le Blob, comme on appelle l’Etat profond américain.
CdS: Que désignez-vous par là?
Alexandre N. Le Blob, par allusion à un célèbre film de la fin des années 1950, où une créature extra-terrestre arrivée sur un météorite s’installe dans une ville américaine et grossit en dévorant tout ce qui passe à sa portée. Nous avons affaire à un ensemble idéologiquement hétérogène de quelques factions d’individus trop riches pour ne pas s’être acheté l’État américain. Et ce Blob force le Pentagoneà faire de la figuration en Ukraine. Celle-ci se résume alors à diriger les opérations sans s’exposer, via une cascade de postes de commandement jusqu’à l’Ukraine.
CdS. Quel rôle joue exactement le Pentagone en Ukraine?
Alexandre N. Comme on dit dans notre jargon de militaires, il assure le C3I (Command, Control, Communication, Intelligence) effectif et surtout l’approvisionnement des forces. Pour ce faire, il s’appuie sur l’Otan, (un « machin » maintenu en place pour mettre à sa disposition et à la norme américaine tous les supplétifs européens). L’Otan est toujours commandé par un général américain, et pas du tout par monsieur Stoltenberg, qui est le chargé de relations publiques.
CdS. Vous faisiez allusion à la CIA
Alexandre N. Oui, le Pentagone doit aussi compter avec la CIA qui fait sa guerre dans son coin, Il faudra que nous y consacrions un entretien propre. Mais disons que la CIA fera tout en tant que véritable « cœur battant » du globalisme pour aggraver le conflit. Voilà qui résume assez la pétaudière qu’est la direction stratégique américaine, une situation qui de fait aide d’ailleurs beaucoup les Russes.
Les Occidentaux font faire la guerre aux Ukrainiens comme en 1914
CdS. Votre analyse, c’est donc que les Américains ne dominent pas autant la situation que ce qu’ils veulent nous faire croire.
Alexandre N. Pour faire la guerre – car c’est son métier – mais tout en faisant semblant, le Pentagone doit aussi en revenir à certains fondamentaux. Pour faire la guerre, il faut essentiellement deux armes – le reste suit – : le renseignement et l’artillerie, soit le feu dans la profondeur. La raison en est aussi simple qu’évidente : il est en effet stupide et partant criminel comme l’a montré la guerre de 1914 de s’acharner sur la confrontation purement frontale là où l’ennemi empile ses forces.
CdS. Cette guerre fut en effet moins gagnée dans les tranchées…
Alexandre N: ….que du fait du blocus anglais qui affama la population allemande avec le temps (sanctions déjà), ainsi qu’au sabotage de Ludendorff, lorsqu’il compris que c’était « foutu », pour échapper à ses propres responsabilités.
Il est plus que recommandé pour l’emporter de « taper » prioritairement où se trouve la colonne vertébrale adverse ainsi que son cerveau, soit tout un ensemble de cibles fixes, ponctuelles, dispersées et surtout très molles. C’est l’arrière qui commande l’avant, pas l’inverse. Le contre-exemple historique le plus frappant de cette règle immuable est quand Hitler détourne la stratégie aérienne de Göring (Hermann pour les dames …) en l’obligeant à ne traiter que des cibles parfaitement inutiles stratégiquement comme les grandes villes. Sans cela, la Grande Bretagne ne pouvait que tomber en 1940 ou 1941.
Les deux clés: l’artillerie et le renseignement
CdS. Ce que vous nous dites, c’est que, pendant que les Américains envoient des millers d’Ukrainiens comme de la chair à canon au front, , les Russes, eux, ont une autre stratégie.
Alexandre N. Détruire l’ennemi dans sa profondeur arrière économise énormément les munitions en optimisant les gains par des dégâts stratégiques irréparables. Mais pour ce faire, il faut des moyens adaptés de frappe lointaine et précise, mais surtout jumelés à du renseignement performant, autrement dit de «l’intelligence » – pas donné à tout le monde. L’action d’ensemble s’appelle alors un « plan de feu ». Certains persistent encore à croire que c’est l’infanterie qui conquiert, et si possible avec un béret rouge en tête. Mais celui-ci n’est dans les faits que le prolongement du pantalon rouge français de 14. L’infanterie fonctionnellement occupe et contrôle le terrain que d’autres conquièrent pour elle. Ainsi on l’économise.
CdS. C’est ce que font les Russes.
Alexandre N. Oui. La structure de fonctionnement de l’effort de guerre est donc le système tangible de la résilience adverse, ce dont le Pentagone est pleinement conscient. Les Américains ne font pas autre chose, ordinairement, que de le détruire d’emblée avec leur armée de l’air, non sans l’avoir préparé avec des sanctions pour affamer la population, de la subversion pour mettre la discorde chez l’ennemi, ainsi que de la corruption pour y disposer d’une 5° colonne. Cerise sur le gâteau, ils enrobent le tout d’un épais brouillard propagandiste, d’abord pour rassurer l’opinion américaine, ensuite pour s’asservir l’opinion européenne, et enfin pour effrayer l’opinion ennemie ou neutre.
CdS. Comment se réalise ce beau schéma sur le théâtre ukrainien?
Alexandre N: Eh bien d’abord pas très bien parce que les Russes ont attaqué préventivement, détruisant ainsi d’emblée le schéma. Au bilan d’aujourd’hui, les forces ukrainiennes, qui ont, par exemple perdu au moins 5000 blindés depuis le début des hostilités, n’ont plus que de l’infanterie, peut-être encore nombreuse mais dans un état plus que discutable. Elles disposent encore cependant du très solide dispositif défensif dans la profondeur, élaboré depuis 2014 par l’Otan sous directives américaines. Mais elles n’ont inversement plus de composante aérienne ce qui les oblige théoriquement à devoir renforcer au maximum leur système maillé de défense antiaérienne ( radars, missiles SA, canons d’appoint, … ). Et c’est là que doivent principalement jouer les Occidentaux.
CdS: Et du côté russe?
Alexandre N. Du coté russe, on note tout d’abord que leur stratégie est des plus irritantes parce qu’illisible, ce qui fait partie de leur force. C’est en effet voulu (maskirovka) mais ce n’est qu’une question de culture : les Occidentaux ne comprennent en fait pas pourquoi les Russes n’agissent pas comme eux-mêmes l’attendent, donc comme ils feraient eux-mêmes. Et là réside toute l’incompréhension de l’arrogance occidentale qui interprète cela comme une preuve de faiblesse et les pousse à la surenchère … qu’attendent en fait les Russes.
Les Russes ont une stratégie!
CdS. Les Russes ont donc une stratégie – ce que vous dites est très différent du commentaire moyen dans les médias occidentaux, où on les montre réagissant au coup par coup.
L’Occident ne comprend toujours pas que la guerre d’Ukraine n’est pas l’enjeu principal pour les Russes, mais une simple figure imposée. L’enjeu pour ceux-ci est en fait d’affaiblir structurellement le dollar, en passant entre autres choses par la crise économique auto-infligée des Occidentaux. Ces derniers pèchent par arrogance. Ils continuent à croire que la Russie n’est « qu’une pompe à essence qui se prend pour une nation », pendant que cette même pompe poursuit benoîtement le projet qui a tant hanté le géopoliticien américain Mackinder, à savoir la cohésion stratégico-économique du heartland eurasiatique. Mais a contrario, le Blob qui y perd déjà de l’argent s’en ai parfaitement rendu compte, d’où cette guerre qui n’a pas d’autre cause.
CdS. C’est à cause de cette vue stratégique large que les Russes mènent une guerre « limitée » en Ukraine – en tout cas jusqu’à récemment?
Oui. C’est donc pour ces raisons que sur le terrain les forces russes se confinent dans l’Est utile, pour pour forcer les Ukrainiens à sortir de leurs positions défensives Quand ils sont exposés, les Russes les ciblent. À cet effet, les troupes russes créent volontairement des vides immédiatement vus des quelques 70 satellites américains de surveillance, et dans lesquels alors le Pentagone – où d’autres factions du Blob – pousse tout aussi immédiatement les forces ukrainiennes, ce qui dans la propagande mainstream devient une marche irrésistible à la victoire finale comme celle de von Paulus en 1942 le long du Dniepr … On est donc très loin du beau schéma théorique dans lequel le Pentagone croyait pouvoir s’ébrouer, ce que trahit alors une tension grandissante en son sein, et bien au-delà.
La stratégie de Koutouzov
CdS. A vous écouter, les Occidentaux n’ont rien appris de l’histoire militaire. Ce que vous décrivez, c’est Koutouzov laissant Napoléon prendre Moscou, pour mieux l’user ensuite.
Alexandre N. Exactement. Et là où la stratégie russe en déroute encore plus certains sans qu’ils puissent se l’expliquer, par excès de cartésianisme, c’est qu’elle ne semble pas vraiment jouer le plan de feu destructeur du système ukrainien alors qu’elle dispose des moyens ad hoc, que cela paraît l’évidence et que sur le papier le succès est certain. Jusqu’aux frappes récentes, il y avait toujours en effet de l’eau et de l’électricité à Kiev comme ailleurs, ce qui ne serait pas le cas si les Américains étaient de l’autre coté ! Mais c’est bien parce que la contrepartie en est de pousser les Américains dans l’aventurisme, et ce qui manifestement ne convient pas vraiment au Pentagone qui sent bien que quelque chose cloche.
CdS: Vous nous décrivez quelque chose qui est difficile à exposer sur un plateau de télévision.
Alexandre N. La guerre étant d’abord un affrontement de cerveaux, l’origine de cet apparent paradoxe tient d’abord dans la doctrine rooseveltienne de la guerre, devenue la base de l’américan art of war.
Roosevelt n’avait aucune confiance dans le talent de ses généraux, au point d’ailleurs de demander à Staline de détruire lui-même le corps de bataille japonais en Mandchourie, ce qu’il fit en août 1945 comme promis. Roosevelt fut un belliciste pragmatique qui fonda sa victoire sur le fait de submerger l’ennemi sous le matériel américain, masquant en même temps le manque de combativité des Américains, mais qu’il fallut aussi compenser par une propagande hystériquement dithyrambique. Le Pentagone aujourd’hui ne fait que la même chose en submergeant les forces ukrainiennes de matériels occidentaux. C’est comme ça que les Américains font la guerre, et il y a même eu un membre du Congrès pour faire croire qu’il suffisait de donner aux Ukrainiens l’équivalent du budget de la défense de la Russie – le dixième de celui des US – pour vaincre celle-ci.
Les commentateurs occidentaux sont desespérément superficiels.
CdS Et c’est pourquoi si nous en croyons les médias et un certain nombre d’experts – m l’affaire est donc pliée, les Russes se sont seffondrés à Izioum
Alexandre N. Oui et il ne suffirait plus, après le sabotage du NS2 et la frappe du pont de Kertch, que d’agiter la menace nucléaire ou détruire la plus grande centrale nucléaire d’Europe ou de faire sauter une bombinette stupidement qualifiée de tactique pour faire capituler Moscou. Je connais des gens neutres ou plutôt favorables aux Russes qui pensent, ces jours-ci, que tout est fichu….
Or, on a dit précédemment que l’effort devait porter sur l’imperméabilité de le défense anti-aérienne, alors que le Pentagone a délibérément choisit la frappe offensive dans la profondeur qui jamais ne fera la différence puisqu’il s’est contenté de distiller les moyens occidentaux micro-tactiques en la matière – 155 d’artillerie par-ci, quelques missiles AC par là, des Himars ailleurs – et le tout précédé par l’illusion propagandiste.
Le Pentagone a donc sacrifié l’essentiel visible à l’accessoire non visible.
Inversement, ces « nigauds » de Russes, conscient de leurs forces et faiblesses, ont laissé délibérément rentrer tout ce bel armement occidental, dans le but évident de se faire les dents dessus, d’en trouver les parades et de combler leurs lacunes. En 1941 ils firent exactement la même chose pour concevoir le T-34, véritable terreur, par la suite, des divisions de panzers qui croyaient dominer trop vite.
CdS. Une des leçons militaires, c’est en effet qu’il faut se méfier des Russes qui se dérobent à l’adversaire.
Alexandre N. Mais si le mainstream occidental avait fait son vrai travail, il aurait alors compris que cette phase d’expérimentation était terminée et que depuis un mois les Russes semblent désormais être passés en phase d’application d’un plan de feu parfaitement destructeur de toute l’infrastructure ukrainienne, patiemment, méthodiquement. Tout y passe : postes de commandement, même ceux de l’Otan camouflés pour la circonstance, moyens de transmission, regroupements de force, logistique fixe et mobile … mais aussi, depuis lundi, centrales électriques, pôles de défense anti-aériennes … et partout
Pour ce faire, ils combinent le drone d’attaque pour l’instant imparable via des essaims de drone de type Goran 2 , l’usage intensif de la guerre électronique, le ciblage prioritaire des moyens starlink aussi bien au sol via ces mêmes Goran que dans l’espace via la menace diffuse de micro-satellites prépositionnés. Elon Musk en est si retourné qu’il demande désormais la paix après s’être vanté d’aider les Ukrainiens.
Les drones sont la clé de la bataille en cours
CdS. Pour vous les drones sont essentiels dans la guerre moderne. C’est plus important à ce stade de la guerre que les missiles hypersoniques
Alexandre N. Le pire de la démonstration est qu’aucun système anti-aérien Occidental ne résiste à Goran et pourtant tous sont présent sur place : le matériel occidental est bien inférieur, comme on le pressentait.
Mais le plus intéressant dans le cas présent est d’analyser la réaction américaine pour mesurer l’impact de cette montée en gamme des Russes. On a d’abord observé un très lourd silence médiatique sur le phénomène, corrélativement à une montée dans les aigus sur la fulgurante victoire ukrainienne, un wishful thinking en réaction au désespoir. On a ensuite assisté au renforcement discret mais en mode accéléré de tous les moyens sol-air occidentaux ( radar, missiles, bouclier anti-drone ) pour essayer de briser Goran 2. Pas de chance, c’est trop tard, la technologie occidentale est ridiculisée. surclassée pour longtemps.
CdS. C’est pour cela que vous parlez de panique?
S’ensuit alors un phénomène de panique, en effet, où :
– d’une part par les US sabotent les pipes allemands par dépit, peut-être sont-ils à l’origine de l’attaque du pont de Kertch, et peut-être ont-ils envoyé un missile sur une base au centre de la Russie où se trouvent des bombardiers stratégiques,
– d’autre part le Pentagone « secoue » sans succès son bureau de recherche sur les drones et finalement va réclamer comme d’habitude des fonds supplémentaires au Congrès.
Cette panique enfin se diffuse parmi les politiques occidentaux , qui alors disent tout et n’importe quoi : promesse puis retrait d’Atacoms pour Zelinski, promesse puis retrait de l’intégration à l’ Otan pour l’Ukraine, promesse puis retrait de la menace nucléaire vis à vis de la Russie.
Perspectives inquiétantes
CdS Qu’en déduire finalement ?
Alexandre N. Tout d’abord concernant la partie russe, il serait prématuré de conclure à son succès pourtant inscrit sur le papier, tant la Russie nous a habitués à foncer sur le Rubicon pour tranquillement s’y arrêter et pêcher. Je me demande si la Russie a assez « souffert », selon ses propres normes pour mener l’affaire vraiment à terme, mais qu’à cela ne tienne la CIA s’y attache comme on le verra une prochaine fois. .
Ensuite pour la partie américaine – l’Europe à ce stade n’existant plus: l’on constate que la panique à bord combinée à l’aggravation évidente de la démence sénile de celui y faisant fonction de président, amène nécessairement à envisager qu’un débat interne musclé a commencé entre entre factions du Blob. Le risque, c’est bien évidemment ce que décrit l’excellent film de Kubrick, « Docteur Folamour ».
L’important devient alors de s’interroger quant à l’effet sur les pays du « reste du monde » comme les Américains les nomment du haut de leur hubris. En effet, l’Amérique n’est pas qu’un problème russe mais surtout un problème mondial et qui appelle indubitablement à la destruction de son Blob. C’est donc une Amérique de plus en plus désespérée, de plus en plus agressive et de plus en plus raciste qui s’exclut de la relation internationale normale, ainsi que ses minables vassaux européens. Cette guerre est existentielle et la haine anti-américaine en devient l’axe le plus fédérateur.
Sénèque a dit un jour a Néron qu’il pouvait tuer tout le monde , sauf son successeur. Il en est de même avec la réalité pour les Américains….
David, complétement à l’ouest, dans les 2 sens du terme…
Il a posté ce clown? Pitié.
Il ne va pas tarder à se répandre, tel le mucus de la limace à la tombée de la nuit 🙂
Ah tiens son commentaire n’est plus là !
On appelle ça de la censure.
Merci pour ce captivant entretien. Hâte de lire la suite.
Sorry but quelques grosses « simplifications » dans cet article. Comme :
– « c’est Koutouzov laissant Napoléon prendre Moscou » : ce n’était pas l’intention de Koutouzov. Au soir de la bataille de Borodino (07 septembre 1812, à 120 km de Moscou), Koutouzov pense d’abord avoir remporté la confrontation sur Napoléon. Il commence alors à donner des ordres pour une contre-attaque le lendemain. Mais c’est pendant un conseil de guerre tenu de nuit dans le village de Fili que Koutouzov prend conscience de ses pertes. Il lui reste alors à décider entre sauver son armée (= retraiter, décision militaire) et sauver Moscou (= maintenir la contre-attaque, décision politique). Il ne faut pas oublier que Moscou est considéré comme la 3ème Rome et reste la capitale religieuse de l’empire russe. Au final, Koutouzov fera retraite mais ce sera faute de mieux. L’abandon de Moscou n’allait pas de soi. De même Koutouzov n’avait absolument pas l’intention de faire incendier Moscou… qui sera plus le fait de marodeurs des 2 armées.
– « En 1941 ils firent exactement la même chose pour concevoir le T-34 » : c’est oublier que les Soviétiques achetèrent les 1ers plans du T34 à l’ingénieur américain Walter Christie (lequel avait conçu les deux grosses innovations que sont la forme inclinée du blindage et les suspensions). Les Soviétiques eurent le mérite d’améliorer le char (par exemple, chenilles plus larges augmentant la stabilité du char sur la neige) et de rationaliser sa production industrielle (ce que les Allemands ne surent pas faire malgré la mission de Guderian après Stalingrad en tant qu’inspecteur général de l’armée blindée).
Merci Monsieur pour ces excellentes mises au point.
Dans ses textes intitulés ‘la guerre d’Ukraine’, E. H. trouve des auteurs bien plus pertinents que cet Alexandre qui semble avoir lu ces textes-là et qui rajoute un peu de sa science persillée d’imprécisions déformantes. Il faudrait voir une image du personnage pour comprendre pourquoi E. H. ou CDG est si ‘aimable’ et si perchiste dans sa prise de son. Cette longue lecture est intéressante mais sans plus.
Merci pour ces précisions. Ajoutons que présenter le T34 comme une « véritable terreur » est aussi une simplification outrancière: à la bataille de Koursk, un seul char Tigre en avait « dégommé » une vingtaine -avant d’être à court de munitions! En fait, l’atout principal du T34 fut sa motorisation puissante et fiable et, au début, ses formes inclinées, reprises par la suite par les chars allemands. En revanche, ces derniers eurent toujours des problèmes de sous-dimensionnement du groupe motopropulseur, tel que la fiabilité était mauvaise: les généraux allemands ne savaient jamais combien de leurs chars parviendraient sur le champ de bataille!
Si je m’étends là-dessus, c’est parce que TOUT l’article procède par affirmations à l’emporte-pièce, si bien qu’on ne sait toujours pas à quoi s’en tenir quant à la situation des Russes. Personnellement, la diatribe d’ Alexandre N me fait penser à une opération d’intox jouant sur des éléments de vérité simplifiés pour faire avaler une analogie bancale avec Koutouzov.
Très intéressant en ce qu’il donne un éclairage stratégique sur le déroulement de la guerre, en dehors du narratif destiné au grand public.
Mais pour nous, Français, l’important n’est-il pas que Zelensky sache séduise Macron ?
https://twitter.com/DefenceU/status/1580090899228418048?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1580090899228418048%7Ctwgr%5Eb68635181e521e1abcbcb997dbad916d911ed81f%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Frmc.bfmtv.com%2Factualites%2Finternational%2Fguerre-en-ukraine-le-clip-romantique-de-l-armee-ukrainienne-pour-demander-des-canons-a-la-france_AD-202210120331.html
Chez Macron le plan Q passe après le plan Pognon : Zelinsky ne fait que quémander, il n’a donc aucun intérêt. Et puis il n’est pas noir.
Il y a deux choses que je retiens :
1 – Quand on ne comprend pas quelqu’un on a tendance à penser qu’on a affaire à un imbécile : c’est loin d’être toujours le cas.
2 – Quand quelqu’un demande à ce qu’on lui explique (ceci cela) on a rarement affaire à un imbécile.
Je retiens aussi que la Caste est en mode panique ce qui permet de penser qu’elle a dépassé son hubris et donc qu’elle pourrait entrer dans un mode raisonnable.
L’hubris occidental livre une guerre surtout médiatique avec sacrifice d’innombrables Ukrainiens pour gagner un hameau déserté sans intérêt, entre deux coups tordus (assassinat d’une jeune fille, ou destruction d’innocents gazoducs, pourtant indispensable à la survie des Européens).
La Russie a lu Sun Tzu : paraître faible quand on est fort, mais il semble qu’elle soit passée à l’étape suivante …
entretien remarquable. et tout à fait cohérent avec ce qu’on lit sur les médias militaires non propagandisés. merci
Censure : En psychanalyse, opposition exercée par le sur-moi contre des pulsions inconscientes.
On taille les arbustes pour les faire grandir dans le jardin où il fait bon se promener.
Merci pour ce texte très intéressant.
L’état major russe a raison d’être prudent militairement, agir en contrôle, user l’otan et l’ue. Des 3 composantes US citées par Alex, je crains par dessus tout le blob, son énorme pouvoir de corruption. La cia est tombée sur un os, je dirais même un parpaing. L’affaire des drones iraniens, le revirement de MBS d’Arabie Saoudite à l’opep, 2 grandes claques dans sa face infligées à Langley. L’attaque sale sur NS1 &2 aussi laissera des traces dans les services allemands qui apprécient déjà peu les Polonais. Reste le pentagone qui place des armes en glissant la facture à l’ue. Pour l’instant ça passe ???? mais attention! Si les finances de l’ue finissent par craquer l’opinion ne voudra pas régler cette note là en plus.
Article peu convaincant et comportant moult erreurs. Conception du T34 année 1937, bien avant le début de la guerre… Ce n’est pas le T34 qui faisait peur aux allemands, ils ont eu bien d’autres problématiques dès les début Barbarossa avec les blindés lourds soviétiques dont les canons des blindés allemands voyaient leurs obus échouer à percer le blindage.
Les causes de la défaite allemande sont nombreuses, en premier lieu une économie et un accès aux matières premières incapables de soutenir les besoins du front. L’essentielle des grandes victoires de l’armée rouge ont été réalisées avec un supériorité écrasante.
Pour en revenir au conflit actuel, la Russie à échouée dans son plan initial elle essaye de colmater autant que possible l’échec du plan premier, à savoir la chute du régime en Ukraine. L’idée était bonne sur le papier, mais n’a pas fonctionné.
Tant que l’Ukraine aura le soutient économique et militaire des USA, je doute que la situation s’arrange pour les russes.
Il suffit de voir l’impact de moins de 30 Himars livrés à l’Ukraine. Les USA en possèdent plus de 300. Et on parle d’un seul matériel.
La guerre est aussi une question de volonté et d’économie. Je me trompe peut être, mais je doute que la volonté soit dans le rang du peuple Russe, ils se battent pour conquérir et non défendre, pour l’économie, aucun doute, la Russie ne peut faire le poids face à l’oncle Sam…
Superbe discussion éclairante. Quant’à la suite avec la CIA, nous l’attendons avec impatience – là-dessus, j’ai comme l’impression que c’est aussi une stratégie, parce que ça lui ferait un mal de chien si jamais une partie non-négligeable de son service action, plus quelques honorables correspondants se faisaient tous ratiboiser en une seule fois, qui sait…