Nicolas Bonnal nous rappelle qu'Aldous Huxleyétait fasciné par les dystopies modernes. Dans le "Jeune Archimède", il se comporte un peu comme si Klaus Schwab se mettait à pleurnicher devant l'intelligence qu'il prête à Yuval Hariri
On sait que l’on doit liquider le mangeur inutile ou les sous-doué en informatique – qui peut être milliardaire, auquel cas Malthus et ses lieutenants l’épargneront.
Huxley est comme on sait un prophète noir britannique qui a décrit et célébré (et non dénoncé, comme on croit à l’école) le cauchemar que nous allons vivre grâce aux gouvernements achetés et aux populations hébétées. Auteur d’une œuvre littéraire assez médiocre aussi, cet essayiste scientifique proche d’Harari à sa manière a annoncé la couleur (douleur) dans une nouvelle nommée Le Jeune Archimède que l’on pourrait résumer ici ainsi : si tu n’es pas Mozart ou Einstein, crève. Pierre Bourdieu avait parlé pendant les crises des années 90 de ce racisme de l’intelligence, racisme qui a depuis gagné le cerveau de crétins comme notre ministre de l’économie.
Le Jeune Archimède, nouvelle de Huxley
Le narrateur séjourne en Italie repère un enfant surdoué (Harari sort aussi de ces écoles) ; et cela donne les réflexions suivantes :
« J’ai pensé aux grandes différences entre les êtres humains. On classe les hommes selon la couleur de leurs yeux et de leurs cheveux, la forme de leur crâne. Ne serait-il pas plus judicieux de les diviser en espèces intellectuelles ? Il y aurait des fossés encore plus larges entre les types mentaux extrêmes qu’entre un Bochiman et un Scandinave. Cet enfant, pensais-je, quand il sera grand, sera pour moi, intellectuellement, ce qu’un homme est pour un chien. Et il y a d’autres hommes et femmes qui sont, peut-être, presque comme des chiens pour moi. »
Donc il y a « les chiens et les Bochiman »qui à côté de Bill Gates ou d’Harari ne méritent pas de vivre (quand on voit comment Gates et Harari parlent ou écrivent l’anglais, on croit rire – mais passons). On continue ; seul le génie a droit à l’être et à l’âme :
« Peut-être que les hommes de génie sont les seuls vrais hommes. Dans toute l’histoire de la race, il n’y a eu que quelques milliers d’hommes réels. Et nous autres, que sommes-nous ? Animaux enseignables. Sans l’aide des vrais hommes, nous n’aurions presque rien découvert du tout. Presque toutes les idées qui nous sont familières n’auraient jamais pu venir à des esprits comme le nôtre. Plantez les graines là-bas et elles pousseront ; mais nos esprits n’auraient jamais pu les générer spontanément. »
Vaste prison de médiocres l’humanité doit son salut à une élite de cerveaux depuis réfugiés à Davos (lieu comme on sait de la Montagne magique de Mann – livre à relire pour comprendre ce qui arrive à l’Europe). Le reste c’est des chiens, des kelb comme on disait chez moi à La Goulette :
« Il y a eu des nations entières de chiens, pensais-je ; des époques entières où aucun Homme n’est né. Des Égyptiens ternes, les Grecs ont pris une expérience grossière et des règles empiriques et ont fait des sciences. Plus de mille ans se sont écoulés avant qu’Archimède ait un successeur comparable. Il n’y a eu qu’un seul Bouddha, un seul Jésus, un seul Bach à notre connaissance, un seul Michel-Ange. »
Huxley, homme du ressentiment geignard
Huxley pleure la rareté des génies :
« Est-ce par hasard, me demandais-je, qu’un Homme naît de temps en temps ? Qu’est-ce qui fait qu’une constellation entière d’entre eux naissent en même temps et sont issus d’un seul peuple ? Taine pensait que Léonard, Michel-Ange et Raphaël étaient nés quand ils étaient parce que le temps était venu pour les grands peintres et la scène italienne sympathique. Dans la bouche d’un Français rationaliste du XIXe siècle, la doctrine est étrangement mystique ; cela n’en est peut-être pas moins vrai. Mais qu’en est-il de ceux qui sont nés hors du temps ? Blake, par exemple. Qu’en est-il de ceux-là ? »
Huxley passe ensuite aux généralités sur les enfants surdoués ; on croirait lire Rémy Chauvin que j’ai interviewé en 1992 – mais sur d’autres sujets plus amusants.
« Je pensais à cet étrange talent distinct et séparé du reste de l’esprit, indépendant, presque, de l’expérience. Les enfants prodiges typiques sont musicaux et mathématiques ; les autres talents mûrissent lentement sous l’influence de l’expérience émotionnelle et de la croissance. Jusqu’à trente ans, Balzac ne fit preuve que d’incompétence ; mais à quatre ans, le jeune Mozart était déjà musicien, et certaines des œuvres les plus brillantes de Pascal ont été réalisées avant qu’il ne soit sorti de son adolescence. »
Huxley devient éducateur de son enfant de chômeur :
« Dans les semaines qui ont suivi, j’ai alterné les cours quotidiens de piano avec des cours de mathématiques. Des conseils plutôt que des leçons qu’ils étaient; car je ne faisais que des suggestions, indiquais des méthodes, et laissais à l’enfant le soin d’élaborer les idées en détail. Ainsi je l’initiai à l’algèbre en lui montrant une autre preuve du théorème de Pythagore. »
Il ne s’agit pas ici de contester l’enfance surdouée ou les Mozart : ils sont passés où d’ailleurs mon cher Huxley ? Et les Bruckner, et les Berlioz et les Mahler ? Ont-ils été trop vaccinés, comme le redoutait Rudolf Steiner (voir mon texte) ? Peut-on citer un seul compositeur, romancier ou même cinéaste de ce siècle de désastres ?
« Guido était aussi enchanté par les rudiments de l’algèbre qu’il l’aurait été si je lui avais donné une machine fonctionnant à la vapeur, avec une lampe à alcool méthylique pour chauffer la chaudière ; plus enchanté, peut-être, car le moteur se serait cassé, et, restant toujours lui-même, aurait de toute façon perdu de son charme, tandis que les rudiments d’algèbre continuaient de croître et de fleurir dans son esprit avec une luxuriance indéfectible. Chaque jour, il faisait la découverte de quelque chose qui lui paraissait d’une beauté exquise ; le nouveau jouet était inépuisable dans ses potentialités. »
Golem raté
Après évidemment le génie prend son air fatigué. Pensez à la gueule de Mathusalem de Bill Gates ou de golem raté de Schwab-Hariri. Fatigué de notre misère notre génie prend froid et meurt jeune :
« C’était un été exceptionnellement chaud. Au début de juillet, notre petit Robin, peu habitué à ces températures élevées, commença à avoir l’air pâle et fatigué ; il était apathique, avait perdu l’appétit et l’énergie. Le médecin a conseillé l’air de la montagne. Nous avons décidé de passer les dix ou douze prochaines semaines en Suisse. »
Ah, la Suisse, son pognon, ses montagnes magiques, ses coffres et son Davos ! Dostoïevski en a peur d’ailleurs. C’est dans l’Idiot (sic). On y reviendra.
Sources :
http://www.naturalthinker.net/trl/texts/Huxley,Aldous/AldousHuxley_YoungArchimedes.pdf
Mort aux pauvres et aux naïfs. La fenêtre de pseudo-dialogue (Arestovitch en rit chaque soir) ne sert qu’à faire patienter les Européens affamés par les sanctions : salles de classe à douze degrés dans les écoles de Rouen (20 minutes) ; mort de faim dans les hostos (BFM en personne). Macron fulmine et demande menaces et bave aux lèvres aux chinois et aux ricains de polluer moins.
Le froncé a non pas ce qu’il mérite mais ce qu’il désire – comme dirait Valéry.
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2022/11/08/douze-degres-dans-les-ecoles-les-fronces-commencent-a-etre-punis-mais-ils-iront-jusquau-bout-vous-ne-les-connaissez-pas-macron-salue-maduro-apres-avoir-reconnu-guaino-candidat-putai/
Ou sinon : La Bruyère, Caractères, Du souverain ou de la République, paragraphe 10 (IV).
Dernière émission sur le satanisme en occident : https://www.youtube.com/watch?v=dnTgAKziCBU&t=222s
La prétention à mesurer l’intelligence est un fantasme totalitaire de crétins diplômés.
– diplômés : ceux qui infligent cet exercice à la population le sont ;
– crétin : on ne peut mesurer que ce qui est fini, et le propre de l’intelligence humaine est de ne jamais l’être, à moins qu’un jour plus aucune invention, avancée de la connaissance ou création artistique n’apparaisse. Autant dire quand l’espèce sera… finie !
– totalitaire : ces fameux crétins diplômés ne conçoivent pas l’intelligence chez autrui, et appliquent arbitrairement les mêmes critères d’évaluation à toutes les sociétés du monde existantes, ayant existé ou, tant qu’à faire, à venir.
– fantasme : dès lors qu’on prétend détenir une définition universelle de l’intelligence, on ostracise de facto tous ceux dont la forme d’intelligence ne s’y conforme pas, et donc on se prive de la contribution de ceux qui élargissent l’horizon mental (mental scope) de l’humain. Résultat : une incapacité à se remettre en question qui conduit fatalement à être débordé par ces derniers.
Imaginons que, à l’époque où un savant indien eut l’intuition du zéro, une sorte de professeur Nimbus eût conçu un test dit de QI. Parmi les individus obligés de s’y plier, on aurait pu avoir l’inventeur du zéro.
Il l’aurait placé où, son invention géniale ?
Déduction : les tests de QI sont des batteries de questions à des réponses connues, notamment de ceux qui les élaborent, pénétrés de leur intelligence supérieure puisqu’ils connaissent toutes les réponses !
PS: ce matin l’accès à ce récapitulatif des dix derniers articles du courrier des stratèges était impossible. Un coup des maîtres de Jacquot le croqué?