Nathalie Loiseau, improbable tête de liste LREM aux européennes, confirme les craintes que nous avions exprimées sur sa candidature. Elle multiplie les erreurs de communication et les gaffes de premier ordre, qui l’ancrent dans le style de la bourgeoise frivole et méprisante. On regardera l’effet à long terme produit par cette désastreuse personnalité sans ampleur politique manifeste. Pour la majorité présidentielle, l’épine Loiseau plantée dans le pied pourrait devenir un sujet de plus en plus vénéneux…
Pour mesurer l’effet produit par les gaffes de Nathalie Loiseau, il faut lire le papier très acide de Marianne. L’hebdomadaire s’y amuse de l’apparente frivolité avec laquelle Nathalie Loiseau aborde sa campagne et sa communication.
Pour notre part, au-delà des dénis absurdes sur la participation de la candidate à une liste d’extrême-droite lorsqu’elle était à Sciences-Po et de ses protestations véhémentes pour dénoncer l’obscurantisme de ladite extrême-droite, au-delà des maladresses taxées d’homophobie par certains, sur le droit des Polonais à refuser le mariage gay, c’est la gaffe des « romanichelles » qui a notre préférence. L’ancienne directrice de l’ENA n’a en effet pas hésité à soutenir qu’elle avait été accueillie comme une « romanichelle » en arrivant à la direction de l’ENA.
Le mot a fait sourire et grincer des dents. Il exprime à merveille le mépris social qui suinte de la candidate, teinté d’accents xénophobes. Au-delà des apparences de la civilisation, son obscurantisme d’extrême-droite semble avoir laissé des traces.
Ajoutons que l’isolement de la France sur la scène européenne lui est aussi imputable. Cette diplomate n’a guère démontré sa capacité à éviter les clivages dans l’Union Européenne. Et son amour de l’Europe ne semble pas voir touché nos partenaires…
On pronostique ici une baisse de plusieurs points de la liste LREM dans les sondages dans les 15 jours qui viennent.
Pourquoi voter Loiseau est une impasse
La liste de Loiseau dite « Renaissance », laquelle ambitionne d’être pour l’Europe ce que la « Révolution » signée Macron, a été à la France – rien de moins (et il n’en faut pas plus pour m’alarmer), se prend les pieds dans le tapis tissé serré de la logique européenne et notamment celle du TFUE (Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne), voici pourquoi :
Pour qu’une seule des mirifiques propositions du « Quatrocento » version Loiseau (avec des morceaux de génie macronique et de glyphosate dedans) ait la moindre chance de se concrétiser, il faut – parce que la mécanique de la co-décision européenne l’impose, que les élus Larem appartiennent à l’un des huit groupes constitués pour agir de manière transversale; concrète et concertée au sein du Parlement Européen. Problème. Loiseau de ce point de vue est nue.
Manque de chance, si l’on exclut la stratégie du coucou appliquée aux groupes parlementaires européens existants (mais alors chez qui squatter (?) se demande Loiseau, piment d’Espelette en main), macronistas et macronistos n’auront ni la chance de constituer un groupe car les conditions requises pour le faire réclament d’agréger 25 députés issus d’au moins sept pays membres de l’UE, ni celle d’intégrer un groupe ayant une capacité réelle de peser sur les enjeux démocratiques européens.
Dans l’antique agora d’Athènes, de « marcheurs » point, pas plus que dans la néopolis Berlinoise, ni plus qu’ailleurs en Europe. Larem : du beurre en broche ! La tuile donc – pas de nouveau groupe possible, pas de « centralité européenne » en vue. Nada. Nathalie Loiseau déchante. Considérant l’autre terme de l’équation macronicienne : le fait de s’inviter dans l’existant, façon bernard-l’ermite, l’horizon est grave bouché : c’est carrément le « fog » ! Epais avec çà, une horreur….
Imagine-t-on que le PPE se détourne des colistiers de Bellamy ou que le PSE boude la liste Glucksmann ? Peu probable. Les électeurs Loiseau seront donc logés sur la même branche qu’elle, petitement, ballotés au gré du vent mauvais de la cohérence du fonctionnement européen. Ou… Ou !?
Il faudrait donc que la liste Glucksmann m’obtienne aucun élu pour que, pateline, la crypto-gudarde Loiseau, qui l’espère dans un secret très relatif, se propose de remplacer les « gauchards » défaillants. C’est très exactement la stratégie macronique (sa mère), laquelle pose le principe de faire barrage au RN (Rassemblement National) comme l’alpha et l’omega (3 de préférence pour le régime de Brigitte) en matière de scrutin européen. Il s’agit de dissimuler que cet appel ostensible à un improbable vote utile demeure l’expédient le plus commode pour déshabiller la liste Glucksmann (Envie d’Europe) que les sondeurs créditent de peu avec une régularité de coucou (humm, tout se tient mon cher Watson et le prosateur se gratte la tête…). Complotiste, vraiment…
Ce dernier calcul, digne de Sun-tzu de passage à Cajarc, est un « schmilblick » foireux car dans une consultation proportionnelle à un tour, n’importe quel élu, autre que RN évidemment, fait objectivement autant barrage à cette formation que n’importe quel autre. Le « barrage » se résume au rapport de force existant entre un contre tous les autres. Se présenter en rempart est donc particulièrement spécieux pour ne pas dire autre chose : ma pensée dépasserait ma pensée (???), et mes mots envahiraient les marges de mon agenda Clairefontaine (Gilet jaune représente) ! Non, voter Loiseau-Renaissance ne changera rien au résultat du vote, ni même au nombre d’élus RN et je dirais même plus : au contraire (ce qui n’est pas français mais l’heure étant grave on s’en tape un peu)… la polarisation profitera à Bardella qui n’a rien à proposer qu’une forme d’outrance qui s’accorde à merveille avec son assignation « d’ennemi macronophage numéro 1 ». Il est là pour ça.
Une fois de plus Macron, chef de parti plus que président, trompe les françaises et les français par calcul politicien avec un cynisme sans limite. La « Renaissance » annoncée serait celle le 27 mai 2019, et seulement celle de son pouvoir autocratique discrédité par 26 semaines de luttes sociales sans réponse politique et une police flirtant avec la limite dangereuse du renoncement à ses missions.
En lacanien orthodoxe, je décrypte que le prédateur Macron utilise Loiseau comme un leurre, un appât placé au plus près du Rassemblement National pour achever la liquidation de la gauche française, dont il a déjà conduit l’élite passée à trahir ses idées et ses fidélités à l’instar de ce qu’un président de gauche utilisa, hier, l’ancêtre du Rassemblement National pour liquider le spectre du Parti Communiste Français.
Entre présidents il faut croire que les recettes se transmettent mais ce qui a été valable pour la cuisine de terroir, à base d’ortolans, semble ne pas devoir fonctionner au niveau de la gastronomie internationale… assez vegan pour négliger les ragoûts et c’est heureux ! Faisons en sorte de le faire savoir au gâte-sauce Loiseau, en décommandant sa Renaissance faisandée, de quoi, pour le coup, pimenter sa trajectoire en vrille.