L’Iran est au cœur des préoccupations américaines en ce moment, et la situation pourrait rapidement tourner au vinaigre. Les Etats-Unis multiplient en effet les intimidations et les démonstrations de force à l’égard d’un régime qui ne donne pas le sentiment de vouloir se laisser impressionner. Après le départ des troupes américaines de Syrie, on suivra de près l’évolution des relations avec l’Iran, qui pourrait impacter fortement les intérêts européens. Les Américains entendent bien être suivis par leurs alliés de l’OTAN et ont déjà mis les points sur les “i”.
Dans la liste des “rogue states” que les Etats-Unis détestent et cherchent à mettre au pas, l’Iran tient une place à part depuis la révolution de 1978. Les relations entre les deux pays connaissent régulièrement de fortes tensions. Depuis la défaite américaine en Syrie face à Bachar El-Assad, une nouvelle phase de crise semble s’ouvrir.
L’Iran dans la ligne de mire de Trump
On sait depuis longtemps que Donald Trump lui-même est favorable à une ligne dure vis-à-vis de l’Iran, notamment sur tout ce qui touche à l’énergie nucléaire. La nomination de Mike Pompeo comme secrétaire d’Etat n’a fait que confirmer cette tendance. Pompeo est par exemple auteur de cette déclaration, en 2014, qui en dit long sur les intentions américaines en Iran:
« Dans un cadre non classifié, il suffira de moins de 2 000 sorties pour détruire la capacité nucléaire iranienne. Rien d’insurmontable pour les forces de la coalition »
On ne se trompera donc pas sur l’ambition américaine en Iran. Elle consiste à favoriser un changement de régime, au besoin par une confrontation directe.
L’escalade américaine en Iran
Le tandem Trump-Pompéo a lancé au mois d’avril une grande opération de déstabilisation de l’Iran. Celle-ci a commencé par l’inscription des 125.000 gardiens de la révolution iranienne sur la liste des organisations terroristes. Cette décision emblématique clive forcément la relation entre les deux pays et fait le jeu des “radicaux” iraniens face aux modérés.
Dimanche soir dernier, les Etats-Unis annonçaient le déploiement d’un groupe aéronaval au large de l’Iran, avec cette phrase étonnante:
« Les États-Unis ne cherchent pas la guerre avec le régime iranien, mais nous sommes complètement prêts à répondre à n’importe quelle attaque, qu’elle soit perpétrée par des milices alliées à l’Iran, par le corps des Gardiens de la Révolution islamique ou par l’armée iranienne », a averti John Bolton. Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche reste flou sur les risques d’« attaques contre les intérêts des États-Unis ou de leurs alliés », mais il menace d’une réponse « d’une force implacable ».
Enfin, ce mercredi, les Etats-Unis ont annoncé une nouvelle vague de sanctions contre l’Iran, après la suspension par l’Iran de certains engagements sur le contrôle de son programme nucléaire. Un décret présidentiel américain interdit désormais l’importation de certains métaux iraniens.
L’Europe visée par les menaces américaines
Parallèlement à ces annonces, Tim Morrison, conseiller spécial de Trump, a visé l’Europe en la mettant en garde contre tout contournement de l’embargo américain. Ses propos s’adressaient particulièrement aux Special Purpose Vehicle (SPV) qui ressemblent à une forme de troc entre l’Iran et ses partenaires.
Les Etats-Unis laissent entendre que les SPV pourraient être assimilés à des échanges classiques.
Rapprochement entre l’Iran et la Russie
Face à l’aggravation de la pression américaine, le ministre iranien des Affaires Etrangères s’est rendu en Russie pour faire le point sur la coopération entre les deux pays. Le ministre russe a accordé son soutien à son homologue iranien, en insistant sur l’importance du dossier nucléaire et sur les exportations iraniennes de pétrole.
En outre, Iraniens et Russes ont évoqué la situation en Syrie…
Déplacement de Pompeo en Irak
De son côté, Mike Pompeo a fait une escapade en Irak.
« La raison pour laquelle nous allons » à Bagdad, « ce sont les informations qui indiquent une escalade des activités de l’Iran », a déclaré Mike Pompeo aux journalistes qui l’accompagnaient dans son voyage vers la capitale irakienne, où il a rencontré le premier ministre Adel Abdel Mahdi et le président Barham Saleh. Au terme de sa visite, il a affirmé avoir reçu « l’assurance » des dirigeants irakiens qu’ils « comprenaient que c’était leur responsabilité » de « protéger de manière adéquate les Américains dans leur pays ».
La situation prend donc mauvaise tournure au Moyen-Orient et rien n’exclut qu’elle ne dégénère rapidement.