Dassault et Lockheed Martin, majors de l’aéronautique militaire, se livrent à une guerre très discrète mais cruciale pour l’avenir de l’Europe et de son indépendance militaire. L’affrontement entre les deux constructeurs porte sur la vente du Rafale ou du F-35, choix essentiel pour l’émancipation possible ou non de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis. Une partie de cette guerre se déroule par voie de presse interposée, où les avantages et les inconvénients de chacun de ces aéronefs sont livrés en pâture dans ce qui ressemble à une guerre psychologique.
Pour l’indépendance militaire de l’Europe, le choix entre le F-35, seul capable de porter les “mini-nukes” américaines (c’est-à-dire les armes nucléaires circonscrites à un champ de bataille restreint), et le Rafale de Dassault, qui pourrait porter des armements européens, est crucial. Un équipement en F-35 signifie en effet que l’armée acheteuse confie aux Etats-Unis le droit de choisir quand et où l’arme nucléaire est utilisée.
Compte tenu de la faible appétence des opinions publiques pour comprendre ces problèmes, les constructeurs n’hésitent pas à se livrer une guerre sur le terrain de l’efficacité des armements. C’est ainsi que les dysfonctionnements (nombreux) du F-35 sont régulièrement pointés dans la presse pour affaiblir la justification que les armées respectives peuvent donner sur leur choix en faveur des Américains.
On notera par exemple cette information sur l’inefficacité du F 35 parue récemment.
Dans le détail, le système logistique du F-35 [logiciel ALIS] « ne reflète pas toujours la réalité, ce qui entraîne occasionnellement des annulations de mission. Et ce problème persiste, même avec la version 3.0.1 d’ALIS. En outre, ce système « ne permet pas aux opérateurs étrangers » de l’avion de Lockheed-Martin « d’empêcher que leurs données secrètes soient envoyées aux États-Unis ».
La température peut influer sur les performances du F-35. Ainsi, quand elle est descend jusqu’à -34°c, l’avion signale, à tort, que ses batteries sont à plat, ce qui entraîne « parfois l’interruption des missions ». Et par temps très chaud, le moteur du F-35B « risque de pas pouvoir produire la poussée nécessaire pour maintenir l’appareil en suspension », ce qui peut donner lieu à un « atterrissage brutal ».
Plus préoccupant s’agissant de la sécurité des vols, des « pics de pression dans le cockpit du F-35 sont à l’origine de barotraumatismes », soit des douleurs aigües aux oreilles et aux sinus du pilote.
S’agissant plus particulièrement des F-35B et F-35C, un vol à une vitesse supérieure à Mach 1,2 [sa vitesse maximale est de Mach 1,6, ndlr] peut « provoquer des dommages structurels et des cloques sur leur revêtement furtif ». Et, après certaines manoeuvres, leurs pilotes « ne sont pas toujours en mesure de contrôler complètement le tangage , le roulis et le lacet. »
En outre, si un pneu éclate à l’atterrissage, alors « l’impact peut détruire deux lignes hydrauliques et présenter un risque de perte » de l’avion. Enfin, la caméra de vision nocturne affiche parfois des « stries vertes » qui empêchent de voir l’horizon [ou d’apponter sur un navire].
Un bon achat, donc.