J’ai interviewé l’excellent Paul-Antoine Martin, auteur d’un livre remarqué sur la caste (éditions Max Milo). L’interview a donné l’occasion de préciser entre nous la question de l’Etat, des grands corps de fonctionnaires, de l’esprit de caste et de l’intérêt général. Comme le dit très bien Paul-Antoine Martin, j’ai la conviction profonde que le service public est aujourd’hui dévasté, ruiné, affaibli, par le corporatisme des fonctionnaires, plus soucieux de leurs intérêts que de l’intérêt général. Je n’en tire pas forcément les mêmes conclusions que lui, mais cet échange donne l’occasion de rappeler deux ou trois points essentiels.
De fait, on peut aujourd’hui parler d’une véritable dévastation du service public en France. Plus rien ne marche correctement. Demander une simple carte d’identité dans les grandes villes relève du parcours du combattant. Que dire de l’école publique ? de la justice ? de l’ordre public ? Tout est en désordre, comme emporté dans un déclin inexorable qui transforme notre pays en enfer bureaucratique digne du Tiers-Monde.
Le corporatisme des grands corps au coeur du problème
Paul-Antoine Martin a raison lorsqu’il décrit les caractères de la caste : arrogance, mépris, faible ouverture d’esprit, culture de l’impunité. Les exemples qu’il donne sont parfaitement emblématiques du mal qui ronge le service public de ce pays, où des petits marquis sans imagination imposent avec morgue des décisions absurdes ou toxiques avec la conviction d’apporter la lumière à un peuple plongé dans les ténèbres. Emmanuel Macron ne procède d’ailleurs pas autrement.
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La décentralisation a contribué à politiser la fonction publique à outrance jusqu’au plus petits chefs de bureau et a nourri sans vergogne le népotisme. Là où les directeurs, les chefs de service étaient auparavant recrutés sur la base de concours difficiles, très techniques, adaptés au fonctionnement et à la logique du service public, des » Colleurs d’affiche » recrutés en tant que contractuels dont la proportion a cru de manière considérable, ont bouleversé la donne. Le service public ne peut pas se passer de gens qui maîtrisent les règles du service public quibont mis des decennies à se parfaire . Croire que la logique marchande et la privatisation du personnel vont comme par enchantement remplacer les fonctionnaires et assurer un service public de qualité est une immense erreur dûe à une totale méconnaissance de ce qu’est le droit du service public C’est ce qui est entrain d’arriver car des hauts fonctionnaires peu scrupuleux sont des transfuges passant du public au privé et vice versa au gré des multinationales des grandes banques…etc..grâce à l’appui des politiques…
Cf livre du sacre des notables de Jacques Rondin qui laissait deviner ce désastre
Et il se passe désormais la même chose dans l’entre soi de la citadelle de Bruxelles. Difficile d’être optimiste.
Une confrontation entre Bernard Friot et Eric Verhaeghe, voilà qui serait instructif. J’ai l’impression qu’un pont entre le salaire lié à la personne de Friot et votre refus de cet Etat mafieux pourrait être érigé …
D’une façon générale les promotions ne sont plus données à la compétence et à l’implication, mais à la servilité, voir la complicité. Ce basculement s’est opéré après 1968, j’ai eu à le constater et le subir.