Pour Bruno Retailleau (LR), ceux qui voteraient une motion de censure NUPES ou RN « seraient les idiots utiles de Marine Le Pen ou de Mélenchon ».
Par application du principe infaillible de ruissellement des valeurs culturelles, le concept « d’idiot utile », jadis chasse gardée de grands criminels (comme Staline, à qui on attribue souvent le lancement du concept) a fini dans les mains de petites frappes.
Jadis abusés par de grands projets politiques sublimes et sanglants comme le communisme, les idiots utiles, en 2023, sont désormais censés « faire le jeu » d’autres idiots utiles – comme ceux de la NUPES ou du RN. N’épargnant rien ni personne, l’inflation semble donc frapper aussi l’utilité de l’idiot – qui, du coup, glisse lentement vers le statut encore moins enviable d’idiot inutile.
Aussi facile qu’il soit de jeter la pierre à une classe politique évidemment inqualifiable, il faut se rendre à l’évidence : dans l’âge de la com’, c’est toute une culture (la nôtre) qui a glissé dans le faux – via la démocratisation des techniques de manipulation (corollaire inévitable de la féminisation), qu’évoquait déjà, en 2021, le Comité Invisible dans son Manuel de conspirationnisme : « On pourrait appeler cela la dialectique de la mystification : les arts de la manipulation ont atteint un tel degré de diffusion qu’ils ne fonctionnent plus. »
L’idiotie utile, c’était mieux avant Retailleau
En suivant la trajectoire de ce concept – de Talleyrand à Retailleau –, on réalise que ce qui – plus que tout autre différence contextuelle – séparait la grande crapule bismarckienne du cynique à la petite semaine, c’était l’existence d’un peuple assez sublimement naïf pour gober de temps en temps l’intox de « ses élus ».
Or presque plus personne ne fait semblant : nous savons qu’ils savent que nous savons que tout ce qui intéresse non moins l’opposition contrôlée que la Macronie elle-même, c’est la caisse. Pas la caisse des retraites, qu’ils sont tous d’accord pour piller (au profit, certes, d’intérêts parasitaires partiellement divergents), mais le pognon de dingue d’un Etat aussi libéral avec son oligarchie qu’il est autoritaire et fiscaliste avec ses sans-dents.
Simple symptôme, vaguement ridicule, de cet effondrement du contrat social, Bruno Retailleau, garde-chiourme d’un tout petit navire de corsaires leader price, ramasse des centimes sur le pont du Titanic. On aurait tort de se priver d’en rire – tant que c’est gratuit.
Acerbe, mais tellement juste…
Bien dit !
touché, coulé!
Attention, les canots de sauvetage ne sont que pour les nantis, les troisièmes classes sont enfermées dans la cale et se noient avec le navire.
Bonjour
Nous avons généralement en France un gouvernement d’hommes qui savent ce qu’ils veulent Ils veulent y rester
André Frossard
Et dans le même temps l’idiot utile du jour sera demain devenu inutile
Pas Staline l’idiot utile, Vladimir Ilyich non? Mais oui c’était mieux ne serait ce que 15 années en arrière, ça a déraillé en 2012 quand grhollande a prouvé que n’importe quel Gribouille pouvait monter sur un scooter ???? en laissant Valoche à la maison.
Absolument d’accord y compris l’analyse du socialisme pour l’oligarchie multi-milliardaire et l’ultra-libéralisme le plus Darwinien possible pour les gueux.
Mot d’humeur au contenu assez pauvre. Répéter en permanence les mêmes propos sous des formes différentes fait aussi partie des techniques de manipulation ou d’adhésion.
Je suis triste de constater que la rigueur globale du Courrier diminue au profit de la montée des opinions acariâtres de certains de ses auteurs. Dommage.
Vous êtes triste, et moi je suis content.
J’adore les commentaires de ce genre, et j’espère en recevoir de plus en plus. Pour encourager leur production, je promets d’ailleurs de parler de Marine, Zemmour et Poutine 4 fois de plus pour chaque nouveau message de ce genre. Stylistes, à vos plumes!