Bruno Le Maire laissera un souvenir impérissable de son passage à Bercy, probablement égal à celui de Christine Lagarde (qui, en son temps, avait annoncé que la crise des subprimes ne toucherait pas la France – clairvoyance qui lui ouvrit les portes du Fonds Monétaire International). A l’occasion de la présentation du budget 2020, Bruno Le Maire a exhorté l’Allemagne… à faire aussi mal que la France, plaidant en faveur de la dépense publique outre-Rhin pour “relancer” l’économie. Manifestement, notre ministre ne comprend toujours pas que ce qui plombe la croissance en France, c’est précisément la dépense publique.
De Bruno Le Maire, on retiendra ces phrases chocs qui ont accompagné la présentation du budget 2020:
Nous soutenons les décisions courageuses prises par la Banque centrale européenne et par son président parce (…) que nous estimons que ces décisions étaient les seules responsables pour éviter une nouvelle dégradation de notre environnement économique
Or, le même jour, les assureurs-vie français commençaient à annoncer que la politique des taux négatifs maintenue par la BCE les obligeait à prendre des “mesures” pour éviter la faillite. On se reportera à notre papier sur le sujet. Mais le festival d’absurdités économiques ne s’est pas arrêté là :
L’Allemagne doit investir et elle doit investir maintenant, le plus tôt sera le mieux. N’attendons pas que la situation économique s’aggrave pour prendre les décisions nécessaires.
On ne pouvait pas mieux exprimer l’aberration française.
Premièrement, la posture alarmiste de Bruno Le Maire ne contribue guère à ramener la confiance sur les marchés ni à pousser les investisseurs à s’engager à long terme. D’autre part, le ministre semble convaincu jusqu’au bout par les bienfaits de la dépense publique, qu’il manie avec une facilité bien connue, conforme à sa doctrine post-chiraquienne.
Problème: si l’Allemagne est parvenue à vivre une vraie décennie de prospérité, elle le doit d’abord à sa capacité à faire l’inverse de la France, à savoir à diminuer ses déficits et sa dépense publique. La posture française, qui donne aujourd’hui aux marins restés sur le pont de se jeter à la mer pour venir la sauver est totalement pathétique.
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