L’assurance-vie, et son modèle français qui en a fait un produit d’épargne sans risque et à taux garantis, traverse un sale temps. Le maintien des taux négatifs de la BCE rend particulièrement compliquée la rémunération des fonds monétaires. Après les annonces de Generali, puis d’Allianz, c’est au tour du Crédit Agricole d’annoncer de mauvaises nouvelles. En moins de dix jours, ce sont donc trois acteurs majeurs du marché qui ont annoncé des mesures anxiogènes (mais sous contrainte) sur le produit d’épargne préféré des Français.
On n’en finit plus de parler d’assurance-vie. Les taux négatifs de la BCE laissaient peu de place au doute sur le sujet : autant les banques allemandes peinent désormais à rémunérer leurs épargnants, autant les assureurs vie français peinent désormais à rémunérer leurs fonds en euros. Toute l’aversion française au risque, toute cette obsession du taux garanti, rendent le marché vacillant et oblige à des arbitrages de plus en plus sensibles.
Dans le cas du Crédit Agricole, l’annonce d’une baisse des rendements n’a donc pas été une surprise. Elle est à l’unisson du marché. L’originalité tient plus à la stratégie que la banque propose désormais pour sortir de l’ornière. Alors que les autres assureurs annoncent s’appuyer sur les unités de compte, le Crédit Agricole miserait plutôt sur l’épargne-retraite, secteur sur lequel Amundi, son gestionnaire de fonds, est déjà positionné.
On relèvera l’idée avec amusement. Il y a quinze ans, l’Allemagne avait fait le même choix: refiscaliser l’assurance-vie individuelle et développer l’épargne retraite collective grâce à des procédés de défiscalisation encourageant les accords d’entreprise. Visiblement, la formule a fait germer quelques idées dans l’esprit de nos banquiers. Le plus amusant serait que, dans les semaines à venir, le dossier de la réforme des retraites rebondissent en faisant la part belle à un “troisième étage” à l’allemande fondé sur l’épargne retraite d’entreprise défiscalisée. Cette intégration d’un projet de capitalisation dans les cartions de Jean-Paul Delevoye rappellerait l’influence de la banque verte en France…
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