En lisant dans le Figaro un compte-rendu de la visite de la Borne reconduite à Edouard Philippe, au Havre, on a l’impression de lire du Modeste Schwartz. Comment expliquer que l’après-vente macroniste de la presse subventionnée ressemble de plus en plus aux brèves du Courrier ?
« Deux premiers ministres sont sur un bateau. Cela fait longtemps que le premier, Édouard Philippe, est tombé à l’eau, balancé par-dessus bord par Emmanuel Macron au mitan de son premier mandat. La deuxième, Élisabeth Borne, a failli y passer aussi (…). Pour l’heure, la menace semble écartée… »
C’est bien dans le Figaro qu’on peut lire ces phrases au goût schwartzien. Le sous-entendu, qui crève les yeux : Philippe – que j’ai surnommé « Medvedev de Vladimir Macron » – et Borne sont parfaitement interchangeables. Il est même bien injuste que l’infortuné Castex ait dû être exclu de cette liste, tant l’hyperprésidence oblitère même le rôle de fusible qui pouvait encore être celui d’un premier-ministre sous Mitterrand ou Chirac.
Encore un peu plus de courage ou de cynisme, et mon « collègue » du Figaro pourrait en profiter pour remarquer que cette interchangeabilité des pions gouvernementaux de Davos s’étend – en dépit de son talent incontesté – au mari de Brigitte lui-même.
Les plumitifs de la multi-Pravda rêvent de travailler au Courrier
Et d’ailleurs, on n’en est plus très loin :
« La majorité unie alors que tout le monde prépare déjà la succession du président. Lequel commence à se faire à l’idée. Le matin même, depuis la Nouvelle-Calédonie, le chef de l’État évoquait l’idée qu’Édouard Philippe puisse ‘prendre le relais’ à l’Élysée en 2027. »
Ce qui – comme l’abandon plus ou moins prévisible de « l’alternative Darmanin » l’a démontré – n’est plus négociable en aucun cas, c’est cette union de la Macronie autour du en même temps, c’est-à-dire d’un pseudo-acte de gouvernement réduit à une stratégie de com’, dont l’objectif unique est la neutralisation du jeu pseudo-démocratique : pour les décisions réelles, il y a Davos et ses succursales (de l’ONU à l’UE en passant par l’OTAN, et McKinsey pour la mise en musique).
Car l’enjeu local national, à supposer qu’il en reste un, c’est simplement : la Macronie centrale (Renaissance) pourra-t-elle conserver le job en solo, ou devra-t-elle – manœuvre risquée, y compris pour ses mandants supranationaux – le partager avec la Macronie étendue (NUPES/RN) ?