Dans la tourmente du mois de juillet, entre agitations en Afrique, remaniement ministériel et vacances au soleil, les décrets annonçant la fin des régimes spéciaux de la RATP et d’EDF sont passés inaperçus. Le gouvernement Borne 2 les a pourtant publiés. Bientôt seuls les fonctionnaires échapperont encore à la règle générale de calcul. Mais il est vrai que la fonction publique constitue à la fois le socle électoral et le principal soutien d’Emmanuel Macron. Un troisième mandat présidentiel vaut bien quelques privilèges.
Fidèle à son habitude, le gouvernement a profité des périodes creuses de l’été pour publier quelques mesures ingrates. Le 30 juillet, c’est-à-dire ce dernier dimanche de juillet, le Journal Officiel publiait les décrets d’application fermant les régimes de retraites de la Régie autonome des transports parisiens (RATP), des industries électriques et gazières (IEG), des clercs et employés de notaires (CRPCEN) et de la Banque de France. Dans cet ensemble, ce sont évidemment les régimes de la RATP et des IEG (c’est-à-dire, pour résumer d’EDF et de l’ex-Gaz de France) qui sont les plus sensibles. On peut penser que le choix de les publier un 30 juillet pour une application le 1er septembre tient aux vacances des principaux concernés : le risque de voir le feu se raviver est limité (nous avions expliqué par quelle rouerie le gouvernement s’est attaché la docilité de la RATP).
Avec ces décrets, le gouvernement liquide une partie de l’héritage de la protection sociale mise en place dans les années 30. Depuis 1941, date de la création, sous Vichy, de la CNAV et du régime général de retraite par répartition, la caste rêve de liquider le système de retraite bien plus avantageux mis en place sous la IIIè République. La préservation de ces avantages explique la résistance opposée par les bénéficiaires de ces régimes, CGT comprise, à leur absorption par la sécurité sociale.
De fait, ne subsiste plus de façon substantielle, désormais, que le régime des fonctionnaires « en dehors des clous ». Alors que le vulgum pecus du salarié voit sa retraite calculée sur la base des 25 meilleures années de carrière, avec un taux de cotisation patronal limité, les fonctionnaires continuent à bénéficier d’un calcul sur les six derniers mois de salaires, avec un taux de cotisation patronale proche de 70%, lesquels sont allègrement piochés dans les poches du contribuable. Ce privilège explique que la retraite des fonctionnaires soit en moyenne très supérieure à celle des salariés du secteur privé.
Mais il est vrai que Macron a besoin des fonctionnaires.
Liberté, INÉGALITÉ, fraternité, la nuit du 4 août 1789 l’assemblée nationale vote l’abolition des privilèges feodaux, peut-être que le 4 août prochain le peuple descendra dans la rue pour abolir les derniers privilèges, les régimes spéciaux de retraites et surtout les retraites des parlementaires qui ne servent à rien.