L’assurance-vie n’en finit pas d’accumuler les mauvaises nouvelles et les signaux négatifs. Cette fois, l’avertissement émane d’AG2R La Mondiale, qui vient de lever 500 millions de dettes subordonnées pour améliorer son ratio de solvabilité, durement éprouvé par les taux négatifs. L’assureur annonce des conditions restrictives pour accéder aux fonds en euros, à l’unisson de plusieurs autres assureurs. En quelques semaines, tout le secteur donne le sentiment d’être « dévasté » par la politique de Francfort.
L’assurance-vie à la française, avec son mélange de capital garanti et extrêmement liquide, sans recourir aux frais d’entrée, et avec de forts avantages fiscaux, subit de plein fouet les taux négatifs imposés par la Banque Centrale Européenne. Certains s’interrogent sur les risques systémiques que la finance française court désormais dans ce contexte difficile. AG2R La Mondiale vient d’en témoigner.
AG2R La Mondiale lève 500 millions pour gagner 8 points de solvabilité
Après la recapitalisation de Suravenir à hauteur de 540 millions, la levée d’une dette subordonnée de 500 millions par AG2R La Mondiale souligne la souffrance des assureurs-vie français en phase de taux négatifs. Selon l’assureur lui-même, son ratio de solvabilité a perdu 33 points au premier semestre 2019, à 185%. Cette dépression brutale est à peine compensée par la levée, qui lui fait regagner 8 points de solvabilité.
Certains en profitent pour souligner que l’augmentation des exigences de fonds propres imposée par la directive de Solvabilité 2 se transforme en machine infernale en phase (inédite et imprévue par les rédacteurs du texte) de taux négatifs. Selon des rumeurs, l’ensemble de la place de Paris serait mis en difficulté par cet exercice.
On notera que la levée s’est fait au taux de 4,375% d’intérêt. Par les temps qui courent, ce n’est ni une bagatelle, ni un signal rassurant pour les marchés.
Les initiés se souviennent que l’assurance-vie, dans le groupe AG2R, est opérée par La Mondiale, considérée jusqu’ici comme le joyau de la couronne. Pour l’entité AG2R, les taux négatifs sont un moment difficile à passer, qui s’ajoute aux difficultés d’un marché de la santé de plus en plus concurrentiel, et aux perspectives sombres dessinées par la réforme des retraites, qui devrait avoir un fort impact sur les activités complémentaires du groupe.
Après Allianz et Generali, AG2R restreindra l’accès aux fonds en euros. Les nouvelles souscriptions importantes devraient en effet imposer entre 35 et 70% minimum d’unités de compte.
A qui le tour, désormais?