Censé hériter de la Macronie, Mélenchon, à force de rester au service minimum pour incarner de façon crédible le moment révolutionnaire qui s’approche, se fait talonner par Roussel dans les sondages pour 2027. C’est probablement ce qui l’a amené à vouloir « aller au contact », en allant provoquer le chef du PCF à domicile, à la Fête de l’Huma. Etait-ce une bonne idée ?
En répondant « racisme systémique » à un Fabien Roussel qui parle « inflation », et en déclarant – en bon bourgeois PS – « violentes » les actions coup-de-poing auxquelles ce dernier appelle en faveur des classes populaires prises à la gorge par les hausses de prix, Mélenchon (probablement trop soucieux d’apaiser Davos, et vendant déjà la peau de l’ours gaulois) montre un peu trop clairement que, pour le Grand Soir, faudra pas trop compter sur lui.
Du coup, il a beau – lui qui dispose encore d’une culture livresque devenue rare en politique – se gargariser de Lénine, il devient chaque jour plus clair que l’équivalent (faute de mieux) de Vladimir Ilitch Oulianov (dit Lénine) dans l’actuel contexte français, c’est plutôt Roussel. Le social-traître Mélenchon, lui, risque bien de devoir se contenter du rôle d’Alexandre Kerenski.
Avec ou sans soviets, le communisme, ça reste l’électricité payable
Porté au pouvoir par la Révolution de février 1917 (qui avait renversé le tsarisme), ce dernier a néanmoins dû le céder aux Bolchéviques dès octobre – car, comme Mélenchon, il pensait qu’on peut – alors que le prolétariat est dans la rue et que l’armée prussienne s’approche de Petersburg – continuer à s’agripper aux délicatesses du légalisme bourgeois (lequel ne semblait cependant pas tracasser outre mesure le Leader Mínimo à l’époque du covidisme).
Dépassé par les événements (et par Roussel) sur la forme des actions, Mélenchon l’est aussi sur le contenu (probablement rouge/brun) de cette révolution qui vient. Dialectique que le Parisien a bien pressentie :
« ‘Je ne sais pas comment il va finir…’, soupire souvent le tribun, en référence aux œillades de Roussel à l’électorat de droite ».
Or c’est justement à force de refuser toute œillade de ce genre aux odieux fascistes à Gilet Jaune, pour s’enfoncer dans des mantras antiracistes tout juste bons à mobiliser un bastringue Traoré, que Mélenchon risque bien, comme Kerenski, de faire de la figuration gouvernementale pendant 6 mois avant d’émigrer aux Etats-Unis.
Dépassé par Roussel sur le plan des “actions” ? Qu’a fait Roussel à part des discours buzz ? Faudrait voir à pas enterrer le Vieux trop tôt… Surtout après son discours à la fête de l’Huma.
Et que fait Édouard Philippe là dedans ?
Fausse opposition qui puire, qui ouvre sa gueule quand on n’en a pas besoin et qui la ferme à chaque fois qu’il faudrait l’ouvrir.
Tout cela est de l’atlantiste édulcoré, il n’y en pas un qui une seule fois dans sa vie osera faire sien quasiment le seul héritage louable et pertinent que Mitterrand nous a laissé: « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. »
Ne pas comprendre cet état de fait c’est se tromper de combat.