Mélenchon ne perd probablement pas le sommeil du fait que Modeste Schwartz, complotiste réactionnaire notoire, le tourne en dérision. Mais là, c’est le très correct Express qui finit par rire de bon cœur des outrances de bastringue antifa du Leader Mínimo, quand ce dernier bombarde d’heures les plus sombres tous les « déviationnistes » de son camp – allant jusqu’à donner du Doriot… à Fabien Roussel !
Cherchant à tout prix à identifier autour de lui des collaborationnistes tout droit échappés de la division SS Charlemagne, Mélenchon pourrait s’en prendre aux femmes blanches écosocialistes inféodées à Bruxelles, qui poussent au sabotage de l’industrie et de l’agriculture nationales, au nom d’idéaux décroissants brumeux qui se trouvent… systématiquement coïncider avec les intérêts de l’économie américaine.
Eh bien non. Pour le personnage de Doriot, ce qu’il a trouvé de mieux, c’est Cadet Roussel, apologète du steak et du fromage, qui fait même parfois semblant de penser que son PCF aurait quelque-chose à voir avec la défense des travailleurs français (mais rassurez-vous : il n’y croit pas une seconde).
Ce faisant, Mélenchon montre qu’il a définitivement rejoint les femmes blanches d’EELV dans leur glissade conceptuelle délirante : le nouveau génocide, ce sont les pets de bovins. Le nouveau fascisme, c’est de s’interroger (comme Mélenchon lui-même l’a pourtant fait jadis !) sur la légitimité du phénomène des travailleurs détachés.
Tous les chemins mènent à Nuremberg
Il faut dire que, par-delà Mélenchon, c’est tout une société qui a fini par devenir accro au point Godwin : pendant que la droite colmate son naufrage idéologique à grands coups d’antisémitisme du lâche (islamophobe), la gauche gère la même impasse en reconnaissant les défilés de Nuremberg dans le moindre barbecue insuffisamment trans.
Et L’Express – qui a pourtant cédé à la tentation de se faire Mélenchon – ne fait pas exception : en dernier ressort, le plus grave des reproches que lui adresse l’article, c’est de « crier au loup », donc de démonétiser un réflexe antifasciste qu’il faudrait au contraire aiguiser en prévision de l’arrivée au pouvoir de la fasciste Marine Le Pen (LOL).
Or, derrière ces angoisses de carton-pâte, on peut en discerner une autre, plus réelle : à force d’étiqueter « fascistes » tous ceux (jusqu’à Roussel !) qui semblent vaguement se préoccuper des intérêts du peuple – que faire, si jamais ledit peuple se prend au jeu ?