Il est de bon ton de déplorer la baisse du niveau scolaire dans notre (très) chère Education Nationale. Pourtant, entre gens bien élevés, une fois évacuées les questions rituelles sur la perte de l’orthographe et le bon vieux temps du certificat d’études, on relativise.
De nos jours, l’important, ce sont les meilleurs, la tête de classe, représentant quelques pourcents de la population et dont on attend la prochaine révolution technologique ou au moins quelques points de croissance. Le reste occupera des petits boulots ou touchera le revenu universel. Ce modèle, provocateur quand Brzezinski le théorisait en 1995 au State of the World Forum devant les dirigeants politiques et économiques du moment, est devenu un lieu commun de la classe moyenne supérieure.
Les filières d’élite menacées par la baisse générale du niveau
Penser que l’on peut préserver un enseignement d’élite de qualité pendant que les structures qui assurent l’instruction élémentaire sont en train de sombrer est une imbécilité qui nous coûtera cher. Nous sommes sur le Titanic, si l’entrepont est submergé, les messieurs distingués de la première classe doivent s’attendre à avoir les pieds mouillés.
Pour fixer les idées, voici quelques anecdotes récentes. Un professeur de physique dans une classe préparatoire scientifique (Maths spé) de province m’a raconté récemment avoir soumis ses étudiants à un petit test évaluant leur maîtrise des notions scientifiques de base au sortir des vacances d’été. L’une des questions portait sur le voltage du réseau électrique domestique. Quelle n’a pas été sa surprise que de constater que seuls 50 % de ces futurs ingénieurs étaient capables de répondre quelque chose autour de 220 ou 230 volts. Le reste de l’effectif se perdait dans des réponses délirantes allant de 0.5 volts à 10 millions… Je ne sais qui devra employer pareils énergumènes (car la plupart d’entre-eux auront un emploi…), mais il aura intérêt à les avertir de ne pas mettre les doigts dans la prise…
L’hypocrisie règne autour des filières sélectives
Jusqu’ici, les classes préparatoires ont été un havre de qualité dans un système éducatif en pleine capilotade. Tout le monde participait de cette hypocrisie : on condamne l’élitisme des filières sélectives, mais on cherche quand même à y mettre ses enfants. Aujourd’hui, les professeurs de classes préparatoires, même surprotégés, commencent à s’inquiéter : on recrute des promotions entières de mentions Très Bien pour découvrir que la moitié est irrécupérable pour faire quoi que ce soit de sérieux. Il faut dire que le vivier dans lequel on les recrute n’a rien de reluisant : sur tous les bacheliers scientifiques de cette année, peut-être la moitié sait additionner deux fractions sans se tromper, si j’en crois les quelques enseignants du secondaire qui me font des confidences…
Toujours est-il que la pratique systématique du surnotage, outre la souffrance morale qu’elle engendre chez ceux qui découvrent un peu trop tard leurs lacunes, interdit en fait toute sélection crédible. On se demande à partir de quelle note il faut recruter pour être à peu près sûr d’avoir affaire à quelqu’un de fiable. L’Education Nationale française, en pratiquant systématiquement l’inflation des notes, cherche peut-être à rendre un hommage posthume à Robert Mugabe. Le résultat sera d’ailleurs le même : la perte totale de confiance dans le diplôme, comme il y a fuite devant une monnaie qui ne vaut plus rien. En témoigne la place des universités françaises dans les classements internationaux.
Le système scolaire souffre du monopole public de l’Education Nationale
Depuis déjà plusieurs décennies, chaque année connaît un succès de librairie sur le désastre éducatif. Et pourtant, la tendance ne s’inverse pas. L’économie de la connaissance ne prospère pas dans une société de l’ignorance. Aujourd’hui, l’Education Nationale est un monstre irréformable dont le monopole devient chaque jour plus insupportable à ceux qui s’intéressent à ce qu’apprennent leurs enfants.
A trop avoir ignoré les voies d’eau dans la coque, c’est le pont supérieur : le système des grandes écoles qui va finir par sombrer. Les pédagogistes vous disent que le niveau monte ? Je suis prêt. J’ai ma bouée et mes brassards !
D’où la demande de privé. En même temps, comme dirait Jupiter, si les meilleurs élèves et les meilleurs profs désertent le public, nous allons vers le système anglo-saxon, et Macron sera content. Si la France entière voulait bien devenir anglo-saxonne… On voit bien qu’il n’a pas vécu ni travaillé aux États-Unis.
Aucune surprise, l’école se délite dès le primaire, on arrive donc au Bac avec de vagues connaissances.
Un prof d’université n’échappe pas à la logique de la surnotation. Une première correction envoie 90% des effectifs à la casse (très gentil), alors on reprend les copies jusqu’à non pas une moyenne mais à un consensus.
Le problème avec les prépa, c’est que ça ne sert qu’à passer un diplôme, l’utilité et la valeur de ce dernier étant accessoires. Les masters et doctorats sont de nos jours totalement bidons, surtout que beaucoup poussent au doctorat faute d’emploi, la France doit détenir le record mondial des docteurs en quelque chose.
Pour constat, la plupart de ces diplômés en carton-pâte feraient un burn out en essayant de monter un simple meuble Ikéa… Au fond, l’essentiel est qu’ils regardent Cyril Hanouna, ce qui parfait leur formation.
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Vous plaisantez!!sur le terrain nous sommes nombreux à indiquer que les réformes successives nivelles les élèves vers le bas,que moins de moyens sont alloués aux enseignants et qu’on n’écoute pas les professionnels de terrain.Les seuls responsables sont les gouvernements successifs !!nous sommes catastrophés,nous,profs de lycées par ce qui se passe.Et recruter des contractuels ?vous pensez que ça va arranger les choses ?!!
En Allemagne seuls la moitié des collégiens accède au lycée général, les autres vont en lycée professionnel et personne ne trouve rien à redire…Et si pour une fois on prenait vraiment exemple sur nos voisins d outre Rhin ??
On avait bien compris depuis des années que la baisse des moyens alloués à l’école public de la République avait pour but ultime la grande braderie ouverte aux capitalisme et aux boites privées lesquelles sont les ressorts de la casse de l égalité des chances.
La baisse c’est le plus gros budget de l’état !!! Le problème est ailleurs c’est pas l’argent
Je ne déifie pas le privé ne lui distinguant aucun gène vertueux dont le public saurait dépourvu mais, parler de « casse de l’égalité des chances », c’est simplement faire le constat actuel d’évidence de l’enseignement français pourtant parfaitement étatisé.
Par ailleurs, le terme « égalité » est un mot valise vide de sens, une sorte de caution morale, un argument d’autorité.
C’est la notion d’égalité poussée dans ses retranchements égalitariste qui est la grande partie des maux de nos sociétés.
Rien n’est égal et prétendre le contraire c’est l’assurance d’un nivellement par le bas, les plus nantis n’étant pas concernés puisque disposants de moyens qui les affranchissent de nos carcans sociétaux.
Macron, en revers à ses habitudes, a dit une chose juste : « les riches n’ont pas besoin de Président »,… pas plus que les autres, à qui on vend de l’égalité au kilomètre.
Le problème n’est pas l’école… mais ce qu’on y met ! CQFD !
Des professeurs recrutés à pôle emploi, des profs en CDI, des salaires qui n’ont pas suivis l’inflation depuis une décennie (2,5 % par an je vous laisse faire le calcul). Il fallait avoir un licence, passer par l’IUFM (2 ans de formation après la licence) pour devenir enseignant, maintenant plus personne ne souhaite devenir prof, petit salaire, élèves difficiles, pas de formation etc… Le ministère recrute qui veut enseigner, le principal avoir un enseignant face à une classe pour assurer le service et non la qualité du service. Oui l’éducation nationale et je l’écris volontairement en minuscule est en train de couler. Pour conclure le niveau des élèves aussi s’enfonce. Pour se voiler la face nos gouvernants gonflent les chiffres pour satisfaire l’opinion public et être encore dans la course face aux pays européens. On devrait se battre pour retrouver la qualité de l’éducation de nos enfants, un pays est à l’image de la qualité de son enseignement.